MAROC ISRAEL PAS VRAIMENT LA JOIE

Publié le par Adriana Evangelizt

MAROC-ISRAËL SOUPCONS DE NORMALISATION

 

Remue-ménage autour du bureau de liaison à Rabat, confirmation officieuse de la visite annoncée de Shimon Pérès… La Maroc cède-t-il aux pressions américaines ? Enquête.


Quel est le secret de cette activité fébrile au niveau du bureau de liaison israélien de Rabat ? Ces va et vient autour d’une structure dont les activités sont supposées être gelées ? Cette surveillance accrue autour des bâtiments ? Sous couvert d’anonymat, une source nous a confié que le cambriolage, il y a quelques mois de cela, du bureau de liaison israélien de Rabat, avait poussé l’ambassade de l’état hébreu à Paris à dépêcher une commission d’enquête, qui a conclu à la nécessité d’instaurer une surveillance continue des bâtiments .


En aparté, on parle plutôt de travaux de réfection pour préparer l’ouverture éventuelle de la représentation diplomatique dont le Maroc avait gelé les activités en 2000. Le Maroc avait à l’époque invité le chef du bureau israélien de Rabat, Gadi Golan, à cesser ses fonctions et rappelé par la même occasion, Talal Ghofrani, le représentant marocain en Israël. Aujourd’hui, malgré le démenti répété des autorités officielles, il semble que tous les indicateurs penchent en faveur d’une normalisation prochaine des relations entre le Maroc et l'état d'Israël.


Selon une source interne au journal Haaretz, des pourparlers secrets orchestrés par le chef de la diplomatie Sylvan Shalom se dérouleraient entre les gouvernements israélien et marocain depuis déjà plus de deux ans. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères
d’Israël, Shalom Cohen, ne serait pas étranger à ces contacts.


A l’origine de ces soupçons qui deviennent récurrents, les déclarations récentes de Shimon Pérès. La chaîne d’information Aljazeera, citant un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères, avait affirmé qu'un "accord de principe pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays avait été conclu entre le roi Mohammed VI du Maroc et le vice-Premier ministre israélien Shimon Pérès qui se trouvaient tous deux à Madrid à l’occasion du premier anniversaire des attentats du 11 mars 2004".


Le vice-Premier ministre israélien avait annoncé par ailleurs le dimanche 20 mars 2005, à la télévision israélienne qu’il avait été invité à se rendre au Maroc. Une invitation confirmée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’état hébreu Lior Bendor qui rappelle que "Shimon Pérès qui s’est entretenu avec le roi du Maroc à Madrid sur plusieurs dossiers notamment, celui concernant l’évolution des pourparlers israélo-palestiniens a été invité à se rendre au Maroc. Comme ce sont nos hôtes qui doivent fixer la date de cette visite, nous attendons d’être informés par les autorités marocaines".


Du côté officiel marocain, on dément toujours, mais avec beaucoup moins d’ardeur. Au niveau des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, on fuit la question. Quant au ministre délégué Taîb Fassi Fihri, il estime que "la relance des relations diplomatiques avec Israël
n’est pas du tout à l’ordre du jour. Nous avons d’ailleurs apporté un démenti clair et net aux rumeurs qui ont circulé dernièrement sur l’éventualité de l’ouverture de représentations diplomatiques entre ces deux pays" ! Mais par ailleurs, il ne nie plus l’invitation faite au responsable israélien de se rendre au Maroc. Pour le patron des Affaires étrangères, il s’agit "d’écouter tout le monde pour agir en connaissance de cause".


Du côté de la communauté juive marocaine, on ne voit pas d’un bon œil la précipitation apparente avec laquelle on semble gérer un dossier aussi sensible. En effet, là aussi, on suit avec beaucoup de circonspection les débats passionnés déclenchés par le réchauffement supposé des relations maroco israéliennes . Serge Berdugo résume ainsi la position de ses compatriotes: "Nous pensons que si le gouvernement marocain suit cette affaire de près, c’est qu’il y a nécessairement une éclaircie au niveau des négociations mais nous estimons que cette ouverture doit se faire par étapes, pour accompagner le processus de paix. Nous sommes persuadés que toute initiative dans le sens d’une reprise des relations diplomatiques entre ces deux pays devrait probablement, pour être efficace, préalablement attendre un progrès substantiel -ce qui n'est pas le cas aujourd'hui- de la paix au Proche-Orient et notamment dans le conflit entre Israël et la Palestine.


L’ouverture doit tenir compte de la dignité des Palestiniens. En somme, pour nous, il ne s’agit pas d’aller vite, mais d’aller loin" !


Or, pour gérer cette question brûlante des relations diplomatiques avec l’état hébreu, le gouvernement marocain devra faire preuve d’une ingéniosité sans pareille pour sortir de la quadrature du cercle, coincé qu'il est entre la volonté ferme des Américains d’activer ces relations et une opinion publique locale viscéralement hostile à l’état hébreu. En effet, depuis le 11 septembre 2001, les états-Unis ont établi les règles pour une bonne disposition des pays arabes envers Israël appelant ces derniers à se préparer à devenir de "véritables partenaires politiques et économiques de l’état hébreu".


Les organisations marocaines de soutien à la cause palestinienne, généralement bien informées, prennent d’ailleurs très au sérieux  l’éventualité de la réouverture des représentations diplomatiques entre les deux pays. La FPA (l’Alliance pour une Palestine Libre) fait circuler une pétition qui appelle "les Marocains désireux d’une paix juste, reconnaissant le droit aux Palestiniens d’avoir leur propre état, à protester et à signer cette pétition". Même son de cloche du côté de l’Association de Solidarité Maroc Palestine. Pour Bichr Bennani, membre de l’association, "Ce qui est grave dans ces tentatives de normalisation, c’est qu’on est en train de faire comme si Israël avait changé d’attitude. Or, pour une parcelle de terrain évacuée, il y a d’autres colonies qui sont mises en place. Et pour un Palestinien libéré, il y en a des centaines emprisonnés, sans oublier les assassinats au quotidien des gosses et des femmes. Pensez-vous qu’un criminel de guerre comme Sharon peut devenir du jour au lendemain une colombe ? Les Américains imposent à Sharon de changer de visage, mais il ne trompera personne". Les autorités marocaines seraient elles dupes ?

Monde arabe Et les autres ?

Depuis le sommet de Sharon et Abbas à Sharm-el-Sheikh, le 8 février 2005 et la rencontre de Madrid le 11 mars 2005 entre le vice-Premier ministre, Shimon Pérès et plusieurs représentants des chefs d’état arabes, on ne parle plus que de normalisation.


Pèrès a rencontré le ministre saoudien des Affaires étrangères, les représentants de l’Algérie, du Soudan et du Maroc lors de la conférence antiterroriste de Madrid. L’égypte et la Tunisie n’ont plus besoin de négocier quoi que ce soit puisque la première a déjà rétabli ses relations diplomatiques avec l’état hébreu avec échange d’ambassadeurs et la Tunisie se dépêche de prendre de vitesse les autres pays arabes. Sur le plan diplomatique, des pourparlers secrets menés par le chef de la diplomatie Sylvan Shalom se dérouleraient entre les gouvernements israélien et tunisien depuis déjà plus d’un an, et les deux parties seraient enfin arrivés à se mettre d’accord.


Mais la cerise sur le gâteau, c’est sans aucun doute l’invitation du président Ben Ali adressée à Ariel Sharon pour venir participer à un sommet international sous l’égide de l’ONU à Tunis en novembre 2005. Quant à la Jordanie, c’est aujourd’hui l’allié le plus précieux d’Israël. à ce rythme là, la normalisation des relations diplomatiques entre les pays arabes et l’état hébreu n’est plus qu’une question de timing.

Sources : TEL QUEL

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans USA-ISRAËL

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