L'AFFAIRE LIBBY

Publié le par Adriana Evangelizt

L'affaire Libby, un revers de plus pour la Maison blanche

WASHINGTON (Reuters) - L'inculpation de Lewis Libby, directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney, constitue un nouveau coup dur pour la Maison blanche et le président George Bush qui pourraient avoir beaucoup de difficultés à se remettre de cette affaire.

Figure clé dans l'élaboration de l'argumentaire qui a permis aux Etats-Unis de déclencher une guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, Libby a été inculpé vendredi d'entrave à la justice, de parjure et faux témoignage dans l'affaire de la divulgation de l'identité de l'agent secret de la CIA Valerie Plame.

Ce conseiller de tout premier ordre de l'administration Bush qui a démissionné vendredi risque une peine maximale de 30 ans de prison et une amende de 1,25 million de dollars s'il est reconnu coupable.

De nombreux spécialistes estiment que son procès pourrait bien par la même occasion donner lieu à un nouvel examen du dossier irakien et de la logique adoptée par la Maison blanche en 2002-2003 pour amener le pays à intervenir en Irak.

L'inculpation de Libby est venue couronner "la pire semaine du pire mois de la pire année de l'administration Bush", a estimé le politologue Charlie Cook.

Avant même cette nouvelle affaire, le président américain était au plus bas dans les sondages, du fait de sa gestion catastrophique du passage de l'ouragan Katrina, de l'impopularité grandissante du conflit irakien et de la flambée du prix du gaz.

"UN JOUR SOMBRE"

Jeudi, Harriet Miers, la candidate de Bush au poste vacant à la Cour suprême, a annoncé qu'elle renonçait à se présenter en raison d'une levée de bouclier des parlementaires, notamment dans les rangs républicains.

Ces difficultés posent la question du déroulement des trois dernières années du mandat de Bush. Elles pourraient en effet avoir d'importantes conséquences dans les urnes lors des élections de mi-mandat de novembre 2006.

"C'est un jour sombre pour la Maison blanche et le président va avoir du mal à s'en relever", a estimé l'universitaire James Thurber. "Bush est en difficulté. Il aura du mal à faire avancer ses dossiers".

Dans cette affaire, le seul répit pour l'administration Bush tient au fait que Karl Rove, le stratège du président, échappe toujours à l'enquête.

"Ce n'est pas fini", a toutefois précisé lors d'une conférence de presse le procureur spécial Patrick Fitzgerald, qui a clairement indiqué que Rove restait dans son collimateur.

L'inculpation de Libby annonce surtout un procès aux effets politiques ravageurs pour Bush. Des avocats ont en effet expliqué que Cheney et d'autres responsables de la Maison blanche pourraient être appelés à la barre en qualité de témoins.

Lewis Libby est accusé d'avoir menti à des agents du FBI au cours de deux interrogatoires le 14 octobre et le 26 novembre 2003. Il est également poursuivi pour parjure alors qu'il témoignait sous serment devant le grand jury le 5 mars 2004, et d'entrave à la justice.

Dans l'acte d'accusation, les procureurs reprennent à leur compte des informations du New York Times selon lesquelles Libby a été informé des activités de l'agent Plame au cours d'une conversation avec Cheney, le 12 juin 2003, plusieurs semaines avant que son identité ne soit révélée par le journaliste Robert Novak. Or, Libby a indiqué lors de ses interrogatoires qu'il avait été informé par des journalistes.

"LES TACTIQUES TORTUEUSES DE L'ADMINISTRATION"

Malgré leurs dénégations initiales, Rove et Libby ont eu des conversations sur Plame avec des journalistes en juin et juillet 2003.

L'identité de Plame avait été révélée le 14 juillet 2003, huit jours après que son mari, le diplomate Joseph Wilson, eut mis en doute l'existence d'armes de destruction massive en Irak dans une tribune libre publiée par le New York Times.

Wilson fondait ses doutes sur une mission qu'il a menée en 2002 au Niger pour le compte de la CIA afin de vérifier si l'Irak avait tenté d'y acheter de l'uranium. Aucun des éléments recueillis alors ne lui avait permis de confirmer cette piste nigérienne, pourtant évoquée par Bush dans son discours sur l'état de l'Union, en janvier 2003.

Vendredi, Fitzgerald a tenté de faire la distinction entre ces poursuites et un éventuel procès de la guerre en Irak.

"Cette inculpation ne pose pas la question de la justesse de la guerre", a-t-il dit. "Et les gens qui croient dur comme fer à l'effort de guerre, ceux qui y sont opposés et ceux qui ont une opinion mitigée ne doivent pas chercher dans cette inculpation une justification de leur opinion".

Reste que pour les démocrates, cette inculpation pose directement la question de l'argumentaire de la Maison blanche avant la guerre et des changements de logiques pour imposer alors, coûte que coûte, l'intervention irakienne aux Américains.

"C'est en effet l'inculpation des tactiques vicieuses et tortueuses de l'administration pour justifier une guerre que nous n'aurions jamais dû livrer", a déclaré le sénateur démocrate Edward Kennedy.

Pour les républicains, ce scandale constitue une casserole supplémentaire, après la mise en cause de l'ancien chef de la majorité à la chambre des Représentants Tom DeLay dans une affaire de blanchiment d'argent, celle du leader de la majorité au Sénat, Bill Frist, dans une enquête sur un possible délit d'initié.

"C'est maintenant au tour de Libby", a dit l'universitaire Bruce Buchanan. "Bientôt, cela pourrait être Rove. Et finalement, le risque pour la Maison blanche est que les gens commencent à se demander s'il est possible qu'ils aient agi sans le feu vert de leurs chefs".

Sources : YAHOO FR

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans CHENEY-RUMSFELD

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