Les ADM des USA

Publié le par Adriana Evangelizt

Voilà un article formidable qui prouve bien le danger de l'administration Bush. Comment José Mauricio Bustani -directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) fut destitué parce qu'il s'intéressait de trop près aux armes chimiques des USA qui ne voulurent jamais laisser entrer ses hommes pour faire leur travail. Ce qui sous-entend que l'administration Bush accuse tout le monde d'avoir des ADM alors que ce sont eux qui les fabriquent. Ne cherchons plus alors d'où vient la grippe aviaire... quant au vaccin qu'ils ont concocté pour les populations, nous pouvons vous assurer que l'on n'est pas prêt de nous les inoculer, à nous, c'est certain. Allez donc savoir ce qu'ils y ont mis dedans pour nous nuire ?

Putsch chimique à l'américaine

 Par Any Bourrier


Journaliste à Radio France International, chargée par les Nations unies de diriger la reconstruction des médias du Timor-Oriental en 2000

Après un bras de fer de plusieurs semaines, les Etats-Unis ont obtenu, le 22 avril 2002, la destitution (1) du directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le Brésilien José Mauricio Bustani. Le départ de ce diplomate chevronné, expert de la Conférence sur le désarmement des Nations unies, qui dirigeait l’OIAC depuis 1997 et avait été réélu à l’unanimité des 145 Etats membres, en 2001, fut motivé par les accusations de « gestion désastreuse » et de « manque de transparence, de responsabilité et de discernement ». Les Etats-Unis lui imputaient également la responsabilité de la crise que traverse l’OIAC, dénonçant « ses pratiques capricieuses et arbitraires ».

Sa chute, toutefois, s’explique par la volonté de Washington de contrôler l’OIAC afin de favoriser une politique d’affrontement avec M. Saddam Hussein. En effet, le « crime » de M. Bustani consiste à avoir voulu persuader Bagdad de signer la Convention pour l’interdiction des armes chimiques. Depuis sa nomination, il cherchait à convaincre non seulement l’Irak mais aussi la Libye, la Syrie et la Corée du Nord d’intégrer l’organisation qu’il dirigeait. A ses yeux, l’Irak, en tant que pays membre, devrait se soumettre aux inspections effectuées régulièrement par l’OIAC dans les usines chimiques de cinquante pays. Comme la Convention oblige également ses adhérents à détruire leurs armes chimiques, l’arsenal irakien aurait pu être neutralisé dans ce cadre.

Mais l’administration républicaine ne pouvait pas admettre un tel rapprochement, car cette signature aurait privé Washington d’une raison valable pour lancer une action militaire contre le régime irakien. De plus, l’indépendance du diplomate, qui cherchait à protéger les membres de l’OIAC contre les diktats des grandes puissances, et son intention de faire inspecter par ses équipes des usines chimiques aux Etats-Unis agaçaient fortement l’entourage de M. George W. Bush. Le diplomate brésilien avait aussi mis sur pied un programme de coopération entre l’OIAC et des pays pauvres dépourvus d’industrie chimique (et donc de raison de signer la Convention). Ce programme, qui accordait douze bourses universitaires annuelles au Royaume-Uni pour des ingénieurs du tiers-monde, visait à leur permettre de créer, à leur retour, une industrie chimique nationale.

Les parlementaires américains avaient traîné les pieds pour signer la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Même si les Etats-Unis sont à l’origine du texte, il avait fallu trois ans pour convaincre le Congrès. M. William Clinton avait mis alors tout son prestige dans la balance pour obtenir l’accord de son adversaire le plus acharné, M. Jesse Helms, le puissant président de la Commission des affaires étrangères du Sénat. Un échec aurait sérieusement entamé l’influence diplomatique des Etats-Unis, qui ont finalement rejoint, le 24 avril 1997, les 74 pays ayant alors ratifié la Convention. Mais les réticences de Washington quant à l’inspection des usines américaines par des étrangers sont restées vives.

Révocation

« J’ai rencontré des difficultés dès le début, nous affirme, à La Haye, M. Bustani. Les Américains n’acceptaient pas que les fonctionnaires de l’OIAC puissent enquêter chez eux. Souvent ils ne pouvaient même pas entrer dans les usines chimiques. Dans ces conditions, il n’était pas possible de vérifier si elles fabriquaient des produits chimiques à des fins pacifiques. La principale difficulté était l’examen des échantillons. Il était presque impossible de faire cet examen ailleurs que dans les laboratoires américains, nous n’avions donc aucune garantie que les résultats ne seraient pas faussés. La mise en demeure lors d’une inspection n’était pas admise par les Américains non plus. A chaque inspection, ils voulaient changer les règles du jeu. »

Plus ses inspecteurs - perçus par Washington comme des espions potentiels - insistaient pour que les Etats-Unis respectent la Convention, plus l’agacement américain montait. Mais, comme le souligne M. Bustani, « sous Clinton, je ressentais un peu de mauvaise volonté. Toutefois, nous avons pu faire notre travail. Les véritables problèmes ont commencé début 2001, quelques semaines après l’arrivée de l’administration républicaine à la Maison Blanche ».

M. John Bolton, sous-secrétaire d’Etat pour la sécurité internationale et le contrôle des armes, entre alors en scène. Ce conservateur, ancien conseiller de M. Ronald Reagan et de la Heritage Foundation, n’a jamais caché son opposition à la présence américaine dans les agences multilatérales, notamment les Nations unies« Avoir nommé Bolton pour s’occuper des questions de désarmement était comme laisser un pyromane diriger une usine de pétards. Pour mesurer sa rigidité, il suffit de rappeler ses positions très dures lors de la négociation sur le contrôle de l’armement nucléaire avec les russes ou son engagement pour la mise en place du projet "Guerre des étoiles" », affirme l’analyste Ian Williams (2).

Dès sa nomination, M. Bolton a pris le téléphone pour demander à M. José Bustani de démissionner. « Il m’a appelé pour me donner des ordres, assure ce dernier. Il voulait que je ferme les yeux sur le résultat de certaines inspections aux Etats-Unis. Il exigeait que je nomme des représentants des Etats-Unis à certains postes dans l’Organisation afin de leur donner davantage de pouvoir. Pendant les sept années que j’ai passées à la tête de l’OIAC, j’ai subi des pressions des pays membres, comme l’Allemagne, sans jamais céder. Je n’ai pas fait de concessions à Bolton non plus. »

En mars 2002, M. Bolton débarque à la Haye avec, toujours selon M. Bustani, un message : « Washington exige votre départ de l’OIAC demain avant la réunion du conseil directeur. Et il faut quitter les Pays-Bas immédiatement. » Lorsque M. Bustani demande des explications, la réponse est cinglante : « C’est votre style de gestion qui ne plaît pas », répond M. Bolton. Les Etats-Unis n’ont pas hésité, dans cette croisade, à enrôler Kiribati, un pays formé de 30 000 petites îles du Pacifique, éparpillées sur 3 millions de kilomètres carrés, où le revenu par habitant atteint à peine 850 dollars annuels - grâce à l’exportation de bananes, de noix de coco et de patates douces... Kiribati, signataire de la Convention sans avoir jamais payé ses cotisations, fut conviée par les Américains à participer au déboulonnage de M. Bustani. Lors de l’assemblée générale extraordinaire, son délégué a commencé par régler la dette de son pays auprès de l’organisation. Puis il a voté contre le directeur général. enfin, il a applaudi l’heureux dénouement du combat.

La révocation du diplomate brésilien est perçue comme la première d’une série qui va faire tomber des têtes dans les organisations multilatérales. « Les règles de ces organisations interdisent la démission du directeur général. Cela afin de lui donner toute l’indépendance et la liberté dont il a besoin pour exercer ses fonctions. Il ne peut pas se sentir menacé ni se soumettre au bon vouloir des Etats membres, si importants soient-ils. Il ne peut perdre son poste que lors d’une nouvelle élection », proteste, amer, le diplomate. Les Etats-Unis ont réussi au sein de l’OIAC ce que le quotidien britannique The Guardian a qualifié de « coupd’Etat chimique (3) ». Dans l’attente de la nomination d’un nouveau directeur général, c’est à l’Australien John Gee, vice-directeur général, qu’échoient les fonctions de M. Bustani. Selon M. Ian Williams, d’autres dirigeants d’organisations internationales sont dans le collimateur de la Maison Blanche : Mme Mary Robinson, la présidente de la Commission des droits de l’homme de l’ONU (elle a déjà annoncé son départ) ; M. Hans Blix, patron de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies (Cocovinu) ; M. Terje Roed Larsen, le médiateur pour l’ONU des négociations d’Oslo, ainsi que M. Peter Hansen, le commissaire général de l’Office des Nations unies pour l’assistance aux réfugiés palestiniens (Unrwa). M. Williams cite même le cas de M. Kofi Annan, dont les récentes initiatives pour contenir M. Ariel Sharon ont fortement déplu. « Il ne serait pas surprenant, affirme-t-il, que l’administration américaine entame une campagne pour pousser le secrétaire général des Nations unies vers la sortie. »

Notes

1) 48 voix pour, 7 contre et 43 abstentions (dont celle de la France), soit une majorité des deux tiers acquise pour voter la motion de destitution proposée par les Etats-Unis.

(2) « The US Hit List at the United Nations », Foreign Policy in Focus, Silver City-Washington, 30 avril 2002.

(3) 16 avril 2002.



Sources : LE MONDE DIPLOMATIQUE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans NUCLEAIRE

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