Les délits de sale gueule se multiplient dans les avions et aéroports

Publié le par Adriana Evangelizt

Les délits de sale gueule se multiplient dans les avions et les aéroports
Par Christophe Ayad
Depuis le démantèlement d'un projet présumé d'attentats contre des avions en Grande-Bretagne, la liste des mesures discriminatoires à l'encontre de passagers jugés «louches» ne cesse de s'allonger
Mercredi, quelque part au-dessus de l'Allemagne, s'est déroulé le dernier épisode d'une série de «délits de faciès», qui ne fait que s'allonger depuis le démantèlement début août d'un projet présumé d'attentat contre des avions assurant la liaison entre Londres et les Etats-Unis. Le DC-10 de la Northwest Airlines, une compagnie américaine, effectuait la liaison entre Amsterdam et Bombay. Arrivé au-dessus de l'Allemagne, le commandant de bord, probablement alerté par des passagers ou le personnel navigant, décide de rebrousser chemin en raison du comportement «suspect» d'un groupe de voyageurs.

L'avion est vite rejoint par deux chasseurs F-16 de l'armée néerlandaise. Avant d'atterrir, le pilote effectue survole la mer pour larguer du kérosène, par mesure de sécurité avant l'atterrissage. Une fois l'avion posé, la police monte à bord pour interpeller douze personnes, toutes de nationalité indienne. En l'absence de toute communication de la police et du parquet néerlandais, les médias ont recueilli des témoignages sur l'intervention d'«air marshals», des agents de la police de l'air américaine, en tenue civile à bord. Quant aux suspects, ils auraient utilisé leurs téléphones portables en vol, farfouillé dans des sacs en plastique et se seraient déplacés dans l'avion alors que ce n'était pas permis.

Le lendemain soir, les douze hommes ont été relâchés et innocentés, sans explication officielle. Ils «étaient suspectés de tentative d'acte de violence remettant en cause la sécurité à bord de l'avion», s'est borné à déclarer le porte-parole du parquet de Haarlem. Il a justifié ainsi ces arrestations: «Depuis les attentats du 11 septembre et ceux ayant frappé la Grande-Bretagne, tant l'équipage que les enquêteurs sont en alerte. Les menaces sont prises très au sérieux. Il était donc logique d'ouvrir une enquête sur la base des indications du capitaine.»

Ce genre d'alerte s'est multiplié depuis la découverte, au début du mois, du présumé complot terroriste en Grande-Bretagne. Le 16 août, les passagers d'un vol Malaga-Manchester refusent d'embarquer car deux d'entre eux, d'apparence moyenne-orientale, parlent arabe. Le vol est parti sans eux, tandis qu'ils étaient interrogés par la police. Le lendemain, Azar Aqbal, un Anglais d'origine pakistanaise est refoulé à l'aéroport d'Atlanta par les services d'immigration alors qu'il part en vacances avec sa femme et ses enfants à Disneyland, en Californie. Un jour plus tard, le terminal d'un aéroport en Virginie est évacué lorsque les services de sécurité détectent par erreur des explosifs liquides dans les bagages à main d'une passagère d'origine pakistanaise. Toujours la semaine dernière, un médecin radiologue musulman de Winnipeg, Ahmed Farooq, est débarqué d'un avion d'United Airlines, à Denver, pour avoir récité des prières.

Le quotidien britannique The Independent a relevé sur un site web de pilotes un incident dans lequel deux mères de famille britanniques se sont plaintes de devoir voyager en compagnie d'un musulman barbu au départ de l'Espagne. Le quotidien rapporte aussi la mésaventure d'Amar Ashraf, un pilote britannique et musulman. De retour – comme passagers – aux Etats-Unis, où il travaille comme pilote commercial, il a été débarqué, à la dernière minute, d'un vol de Continental Airlines, à l'aéroport de Newark, à New York. Renvoyé en Grande-Bretagne par la police américaine des frontières, il a dû prendre un nouveau billet sur une autre compagnie. Il a déposé plainte contre la compagnie et la police américaine.
Sources : Libération
Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LE RACISME AUX USA

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