Comment la réunion de l'ONU s'est transformé en un festival d'anti-américanisme

Publié le par Adriana Evangelizt

Comment la réunion de l'Onu s'est transformée
en un festival d'anti-américanisme - et a stimulé
les espoirs électoraux de Dubya
 [1]

Par David Usborne à New York

publié dans The Independent,

article original : "How the UN meeting turned into a festival
of anti-Americanism - and boosted Dubya's election hopes''

Les tabloïdes new-yorkais avaient un message pour Hugo Chavez : le "Cinglé de Caracas" devrait "filer à toute allure" et rentrer chez lui.

Ils se fichaient qu'il ait appelé mardi le Président George Bush de "Diable", devant les Nations-Unies, ou "un alcoolique et un malade", comme il l'a fait jeudi dans une église de Harlem.

Si le Président Chavez avait espéré, la semaine dernière, accentuer les problèmes politiques de M. Bush chez lui, il a échoué à coup sûr. Ses insultes ont été si crues que même les Démocrates se sont mis en quatre pour les condamner.

"Même si beaucoup de gens aux Etats-Unis ont un avis critique sur notre Président, nous ne supportons pas le fait qu'il soit venu aux Etats-Unis et qu'il critique le Président Bush", a déclaré un Démocrate de New York, Charles Rangel.

Avec l'aide du dirigeant iranien Mahmoud Ahmadinejad, également impitoyable, et de quelques autres, M. Chavez s'est approprié avec succès l'Assemblée Générale de l'ONU de cette année et la transformée en carnaval tapageur d'anti-américanisme. Cela ne causera peut-être pas de tort à la stature de M. Bush à l'intérieur de son pays, mais pour la diplomatie américaine à l'étranger cela a été, pour le moins, troublant.

"Cela a été l'une des démonstrations les plus vigoureuses d'anti-américanisme de ces dernières années", a fait remarquer un ministre plénipotentiaire du Conseil de Sécurité, se référant au double-jeu de Chavez et d'Ahmadinejad. Nile Gardiner, de la Heritage Foundation
[2], a déclaré : "Ceci est un défi diplomatique public et aussi une menace stratégique". Il a dit que l'invocation du Diable par Chavez fut "l'attaque la plus forte de la part d'un dirigeant étranger sur le sol des Etats-Unis, depuis des décennies".

M. Ahmadinejad, qui s'est engagé dans une confrontation périlleuse avec l'Europe et les Etats-Unis sur ses ambitions nucléaires, a utilisé son temps de parole à New York pour exprimer une nouvelle fois ses doutes sur l'Holocauste [NdT - Citation du discours d'Ahmadinejad : "Les prétextes qui ont prévalu à la création du régime occupant Al-Qods Al-Sharif sont si faibles que ses partisans veulent faire taire toute voix qui essaye seulement d'en parler, puisqu'ils s'inquiètent qu'en faisant la lumière sur ces faits, cela saperait la raison d'être de ce régime, ce qu'il a fait" - trois lignes qui n'ont rien d'exceptionnel dans un discours de huit pages !], tout en attaquant à plusieurs reprises les "puissances hégémoniques" pour l'imposition de "leur politique d'exclusion sur les mécanismes internationaux de prise de décision, y compris le Conseil de Sécurité".

À New York, on parle d'un nouvel "Axe du Sud" qui s'est fait sentir avant même la [61ème] Assemblée, lors de la rencontre à La Havane du Mouvement des Non-Alignés, le week-end dernier, où MM. Chavez et Ahmadinejad s'étaient assurés que l'anti-américanisme deviendrait le thème dominant. Le vice-président cubain, Carlos Lage Davile, s'est servi de la tribune de La Havane pour vilipender "La dictature des Etats-Unis sur le monde".

Les membres de ce soi-disant axe sont unis par leurs attaques de plus en plus vives contre l'Amérique, même si, par ailleurs, leurs philosophies divergent. À l'O.N.U., ils ont semblé aussi inclure le Président du Soudan, Omar al-Bashir, qui, dans ce nouveau contexte de dénigrement systématique de l'Amérique, trouve qu'il est plus facile de résister aux efforts de l'Onu, fortement soutenus par les Etats-Unis [NdT : Ceci reste à voir ! Je vous livrerai bientôt des éléments qui contredisent cette affirmation…], pour déployer une force de maintien de la paix de casques bleus au Darfour. Incluez aussi Evo Morales de la Bolivie.

Même l'allié américain, Pervez Musharraf du Pakistan, a créé des vagues, en révélant que les USA avaient menacé de bombarder son pays "et de le renvoyer à l'Âge de Pierre" s'il ne rejoignait pas la guerre contre la terreur.

De la couleur a été ajoutée à cette semaine, par la réapparition d'accessoires dans la chambre de l'Assemblée, dans la tradition de Khrouchtchev frappant [le pupitre avec] sa chaussure [pour se faire entendre]. M. Morales a agité une feuille de coca devant les délégués, alors qu'il se plaignait de la politique des Etats-Unis d'essayer de détruire les récoltes de coca dans son pays. Et M. Chavez a brandi le récent volume de Noam Chomsky "Hegemony and Survival", recommandant que tout le monde le lise. Hier, il s'était hissé en tête des meilleures ventes sur Amazon.

M. Chavez s'est mis lui-même, un peu plus tard, dans l'embarras, lors de sa conférence de presse, exprimant le regret de ne pas avoir rencontré Chomsky avant sa mort. Ce dernier, qui est bien sûr vivant et qui va très bien, a fait surface hier en disant qu'il aimerait beaucoup discuter avec M. Chavez. [NdT: Il s'agit en fait de désinformation!]
[3] M. Chomsky a dit aussi que beaucoup de points exposés par M. Chavez étaient en fait "assez constructifs".

Vraiment, tandis que les officiels américains ont tenté de présenter M. Chavez et M. Ahmadinejad comme des clowns, beaucoup de ce qu'ils disent - en particulier la caractérisation par le dirigeant iranien du Conseil de Sécurité comme une relique de la Seconde Guerre Mondiale, composée de nations qui se sentent autorisées à exercer une dictature sur le monde - fait étroitement écho aux sentiments d'un grand nombre de pays qui ne sont pas aussi crûs pour exprimer ce qu'ils ont en tête.

Ces sympathies en dessous de la surface pourraient annoncer d'autres problèmes pour les Etats-Unis, alors que les membres de l'Onu se préparent à voter le mois prochain pour attribuer les cinq sièges non-permanents du Conseil de Sécurité qui seront devenus libres à la fin de l'année.

Washington exerce une très forte pression pour que le Guatemala représente le bloc latino-américain, mais il y a des signes clairs que la victoire pourrait aller au Venezuela.

Sa présence au Conseil de Sécurité rendra les choses plus difficiles à l'administration Bush pour gagner les voix dont elle a besoin sur toute une série de questions importantes.

Traduction [
JFG-QuestionsCritiques]

Note :

[1] Dubya : La lettre "W" en russe se prononce 'doubya'. C'est le petit nom dont Condoleeza Rice (qui parle couramment le russe) a affublé George W. Bush.

[2] Voir : L'Heritage Foundation et l'Amérique Latine

[3]  On nous dit que Hugo Chavez aurait commis une belle gaffe en déclarant qu’il regrettait de ne pas avoir rencontré Noam Chomsky avant sa mort ! L’information, que dis-je, la désinformation, avait été sortie par le New-York Times et ensuite reprise un peu partout sans la moindre vérification évidemment. En réalité, Hugo Chavez n’a jamais dit cela : il a regretté de ne pas avoir rencontré Galbraith (décédé cette année) avant sa mort.

Le mieux étant d’écouter directement l’intéressé, voici le lien pour regarder la
vidéo (pour les hispanophones) avec ses propos exacts.

Nous avons donc assisté à une tentative de faire passer Hugo Chavez pour un inculte. Restons donc toujours vigilants vis-à-vis de ce que les médias essaient de nous faire croire.

Sources : Questions critiques

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LES USA ET L'ONU

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M
J'apprécie que des chefs de tout bord même  Pervez Musharraf du Pakistan n'hésite plus à exprimer leur sentiment sur la politque international des néocons américains !<br /> Assurément l'exemple de Chavez a amené d'autres chefs d'état a osé s'exprimer. <br /> Il est étonnant de constater que ce sont principalement des leaders du tiers monde qui font preuve de ce courage d'expression alors que  de nombreux politique européens n'en pensent pas forcément moins mais visiblement pensent devoir continuer à faire les faux culs face aux néocons en place à washington !<br /> Reconnaissons quand même qu'après ces diverses interventions à l'ONU, notre président chirac a quand même décidé de changer quelque peu sa position sur l'IRAN : il était temps !
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A
Affront sur le territoire des E-U !  Mais ils se prennent pour qui les ricains? Sur le plan du droit international qu'ils ont tellement l'habitude de violer qu'ils ne savent même plus que ça existe, les Nations Unies ne sont pas sur le territoire américain, pas plus que la bâtiment d'une ambassade.  Ca en dit long...
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