Le désastre Bush

Publié le par Adriana Evangelizt

 

 

Le désastre Bush

 

par Hichem Ben Yaïche

 

Les élections législatives US de mi-mandat - prévues le 7 novembre 2006 -, permettant de renouveler la Chambre des représentants et quelques sièges au Sénat, vont constituer un temps fort pour la vie politique américaine. Car si les démocrates réussissent à les remporter, le bushisme au pouvoir, depuis six ans, risque d'être sérieusement malmené par cette nouvelle donne.

Il ne faut pas, par prudence, se réjouir trop tôt. En effet, le pouvoir de l'argent des républicains, le complexe militaro-industriel, les milieux d'affaires et une mobilisation politique « pavlovisée » seront toujours en mesurer d'enrayer ce mouvement vers le changement de majorité au Congrès. Mais, il n'en demeure pas moins que les démocrates auront une sérieuse chance de faire élire leurs hommes. Un handicap demeure cependant : la cure d'opposition du parti démocrate, ces dernières années, n'a pas permis jusqu'ici de faire émerger des figures charismatiques pouvant incarner les aspirations des électeurs.

Cette équation de politique intérieure, en cas de modification des équilibres au Congrès, est lourde de conséquences pour les deux ans qui reste de la présidence Bush. Tous les dossiers sensibles que l'Administration Bush avait soigneusement verrouillé pourraient être réactivités via des commissions d
'enquête ou autres actions. Rien n'est encore joué, mais tout reste possible ! D'ores et déjà, dans le Landerneau républicain, les craintes et l'appréhension sont palpables.

C'est en politique étrangère que le bushisme s'est révélé le plus désastreux : la nouvelle doctrine de la « guerre contre le terrorisme » a, au contraire du but recherché, enfanté partout des monstres, particulièrement en Irak et en Afghanistan. Jamais, le terrorisme n'a prospéré à ce point dans le monde !

On le sait sans la moindre illusion d'optique, puisque, depuis six ans, on assiste à la mise en oeuvre de cette vision messianique : les « fondamentaux » de la géopolitique US ont été revus, ces dernières années, en profondeur. La méthode et les concepts géostratégiques de l'époque de la guerre froide ont été ainsi transposés sur le fameux credo de guerre contre le terrorisme.

Pour sortir de cette abstraction, George Walker Bush et son équipe, ce faisant, « ciblent » concrètement l'aire arabo-musulmane, via ce qu'ils appellent le « Grand Moyen-Orient » (GMO). L'argument de base qu'on répète comme une antienne, étant la « démocratisation » des régimes politiques de ces pays. On a vu de ce qu'il advint de l'Irak, un pays condamné, tôt ou tard, à la partition. Au stade actuel, cette « démocratie héliportée » est un échec cuisant, avec des conséquences incalculables pour les peuples de la région. Idem pour l'Afghanistan.

On croyait que le bourbier irakien avait définitivement sorti le président Bush de ses lubies, en lui dessillant les yeux. Il n'en fut rien. Avec la guerre d'Israël contre le Liban, avec une totale connivence US, on découvre que l'équation géostratégique demeure ainsi inchangée pour l'Administration républicaine, à Washington. Pis encore : il y a là une volonté d'accélérer le mouvement de l'Histoire en bousculant l'ordre (géo)politique régional. Echec et mat !

Retour à la case départ. Depuis le 25 juillet, Condoleeza Rice semble vouloir jouer une nouvelle partition diplomatique, en mettant en avant le concept du « nouveau Moyen-Orient ». On veut sincèrement croire que le temps des diplomates du Département d'Etat a sonné, en voulant faire valoir un point de vue plus réaliste, et puisant dans un savoir-faire incontestable. Mais le profil du chef de la diplomatie ne laisse aucune place à cette hypothèse, tant son intimité est forte avec le clan Bush, et particulièrement le président. Certes, on supposer qu'elle ait le moyen d'infléchir la politique étrangère de son président, mais, sur le fond, elle ne bougera pas d'un iota.

Sa dernière tournée dans certains pas du Moyen-Orient (octobre 2006) et les résultats quasi nuls de cette mission montre combien l'Amérique a perdu de sa crédibilité dans cette partie du monde, où l'antiaméricanisme est extrêmement vigoureux et prospère.

Pourtant, chacun sait où se situe, dans cette affaire, le noeud gordien. Les Etats-Unis d'Amérique, à travers sa secrétaire d'Etat, ne pourraient continuer à entretenir l'illusion du mouvement, en agissant à la marge du conflit israélo-arabe. Cette problématique est centrale - répétons-le pour la énième fois. L'Administration Bush se refuse d'exercer une quelconque pression sur l'Etat hébreu, lui laissant le champ complètement libre.

Pourtant, jamais le contexte moyen-oriental n'a été à ce point favorable à une initiative majeure pour résoudre le conflit israélo-arabe. Malgré un bagage solide en matière des relations internationales, Condoleezza Rice n'est pas allé au coeur du sujet. Bien au contraire, le sens de son périple était de créer un axe autour des « pays arabes modérés » (huit), afin d?accentuer et isoler ceux qui ne jouent pas la carte américaine.

Cette méthode, qui consiste à diviser pour régner, fait perdre un temps considérable à la région. A propos du règlement de la crise moyen-orientale, tout laisse à penser que rien de substantiel ne sera au rendez-vous sous le deuxième mandat de Bush, tandis que la région continuera à vivre des convulsions de forte amplitude. La violence destructrice, qui mine cette région, n'épargnera personne. Le désastre Bush est toujours à l'oeuvre, mais, pour Bush, attention au retour du battant !


 

Sources : IRIS

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans L'INCOMPETENCE DE BUSH

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