Kosovo: Washington choisit la confrontation avec Moscou

Publié le par Adriana Evangelizt

Kosovo: Washington choisit la confrontation avec Moscou,

 au risque d'un veto

Washington fait pression pour un vote rapide à l'ONU sur le Kosovo, choisissant la confrontation avec Moscou, quitte à passer outre pour reconnaître unilatéralement l'indépendance de la province serbe à majorité albanaise.

Le président américain, George W. Bush, a choisi Tirana dimanche pour appeler à l'indépendance du Kosovo, refusant un "dialogue sans fin" sur le statut de cette province peuplée à 90% d'Albanais et administrée depuis 1999 par l'ONU.

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, "va travailler dur pour voir si nous pouvons parvenir à un accord", a ajouté M. Bush en référence aux discussions au Conseil de sécurité de l'ONU entre Américains et Européens, favorables à l'indépendance du Kosovo, et la Russie, qui y est hostile.

"Sinon, il faudra prendre une décision", a-t-il poursuivi avant d'appeler à fixer une "date-butoir" pour un vote à l'ONU.

Washington fait pression depuis longtemps pour l'indépendance du Kosovo mais les responsables américains ont jusque là assuré vouloir rester dans le cadre de l'ONU.

Aujourd'hui, compte tenu de l'opposition de la Russie, ils envisagent de se passer de la légitimité de l'ONU pour reconnaître unilatéralement un Kosovo indépendant, a-t-on indiqué lundi au département d'Etat, rappelant que l'intervention militaire de l'Otan contre l'armée serbe pour protéger les Albanais du Kosovo, en 1999, n'avait pas été approuvée par les Nations unies.

Le projet de résolution actuellement débattu au Conseil de Sécurité supprime les obstacles légaux à une indépendance du Kosovo et prévoit des mécanismes pour "surveiller" l'indépendance de la province, notamment la situation de la minorité serbe.

Le projet initial de Washington était d'approuver ce texte pour permettre au gouvernement kosovar de décréter l'indépendance de son pays puis de reconnaître le nouvel Etat indépendant.

Lundi, le département d'Etat a réaffirmé l'urgence d'un vote. "Il y a un projet de résolution sur la table à l'ONU. Je m'attends à ce que ces discussions avancent. Je m'attends à ce qu'il y ait un vote", a déclaré un porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Tom Casey.

Un autre porte-parole a minimisé les risques de veto russe. "Personne ne veut en arriver là", a déclaré Sean McCormack. "Personne ne veut d'un veto".

Interrogé à ce sujet fin mai, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait "espéré que la Russie n'aurait pas à utiliser le droit de veto", laissant entendre qu'elle le ferait si nécessaire.

Pour certains analystes, Washington espère que Moscou se contentera de s'abstenir mais cette hypothèse est de moins en moins probable, compte tenu de la tension croissante entre la Russie et les Etats-Unis sur le projet américain de bouclier anti-missile en Europe de l'Est.

"Le problème est que s'il y a un veto, le résultat le plus probable sera une déclaration unilatérale d'indépendance", souligne Stephen Sestanovich, un expert du Council on Foreign Relations selon lequel une telle hypothèse, si elle ne gênera pas les Etats-Unis, risque de diviser les Européens.

"Si c'est le cas, je m'attends à ce que Washington reconnaisse le Kosovo et qu'au moins une majorité de pays européens en fassent autant, mais je ne sais pas si l'UE en tant que telle le fera", a-t-il souligné. "Et c'est là que ça commence à poser des problèmes".

L'Espagne, confrontée au séparatisme basque, s'inquièterait notamment des conséquences dans le reste de l'Europe d'une reconnaissance de l'indépendance du Kosovo en dehors du cadre de l'ONU.

Cette question devrait se retrouver au centre des discussions du groupe de contact sur le Kosovo (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Russie) qui doit se réunir --sans Moscou-- mardi à Paris au niveau des directeurs politiques.

Sources AFP

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Poutine Bush

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