La Guerre contre la Vérité - 3ème partie

Publié le par Adriana Evangelizt

 

 

 

La Guerre contre la vérité 3

 2ème partie

 1ère partie


11 Septembre, désinformation et anatomie du terrorisme

par Nafeez Mosaddeq Ahmed

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Traduit de l'anglais par Monique Arav et Kiersten Weeks

1ère partie

GÉOPOLITIQUE DU TERRORISME

Les talibans : un passeport pour la richesse ?


Ce que le Guardian a appelé “l’attitude globalement approbative des officiels américains envers les talibans” a donc été guidé par des intérêts stratégiques et économiques. CNN précise que “les États-Unis veulent de bonnes relations [avec les talibans] mais ne peuvent les rechercher ouvertement tant que les femmes sont opprimées” – ce qui implique qu’ils pourraient les rechercher en secret.61


L’Inter Press Service (IPS) a rapporté que, soulignant “les enjeux géopolitiques, l’Afghanistan occupe une place prépondérante dans les plans des sociétés et du gouvernement américains concernant les itinéraires des pipelines et des routes visant à ouvrir aux marchés mondiaux les anciennes républiques soviétiques situées à la frontière méridionale de la Russie.” Ainsi, en pleine guerre, “certaines entreprises occidentales se montrent moins réticentes envers les talibans”, même si ce mouvement est responsable de la terreur, de massacres, d’enlèvements et
de la paupérisation. “Leili Helms, porte-parole des talibans à New York, a déclaré à l’IPS qu’une entreprise américaine, Union Oil of California (Unocal), avait participé, la semaine dernière, à l’organisation de la visite des ministres par intérim du mouvement chargés de l’Information, de l’Industrie et des Mines. Les trois ministres ont rencontré des officiels de moindre rang du Département d’État avant de se rendre en France, a précisé Leili Helms.” “Plusieurs entreprises américaines et françaises s’intéressent au développement de gazoducs qui passeraient par le centre et le sud de l’Afghanistan, où les 23 États sous contrôle taliban” se trouvent précisément, comme l’a ajouté Leili Helms, ce qui arrange “comme par hasard” les entreprises occidentales.62 Leili Helms avait été engagée par les talibans comme responsable des relations publiques à Washington. Or il se trouve qu’elle est particulièrement bien informée des manœuvres clandestines des agences de renseignement américaines : son oncle, Richard Helms, est un ancien directeur de la CIA.63

Un article paru en octobre 1996 dans le quotidien allemand Frankfurter Rundschau relate qu’UNOCAL “a reçu le feu vert des nouveaux tenants du pouvoir de Kaboul pour la construction d’un pipeline allant du Turkménistan au Pakistan via l’Afghanistan. Il s’étendra de Krasnovodsk sur la mer Caspienne à Karachi sur la côte de l’océan Indien.” À Genève, des diplomates des Nations Unies pensaient que la guerre en Afghanistan était le résultat d’une lutte entre la Turquie, l’Iran, le Pakistan, la Russie et les États-Unis “pour l’obtention de l’accès aux richesses en pétrole et en gaz naturel de la mer Caspienne.”64 Parmi les autres compagnies joyeusement intéressées par l’exploitation du pétrole caspien, on relève AMOCO, BP, Chevron, EXXON et Mobil.65 C’est dans ce contexte que Franz Schurmann, professeur émérite d’histoire et de sociologie à l’université de Californie, mentionne le “soutien discret prêté par Washington aux talibans”, pour commenter l’annonce faite en mai 1996 “par UNOCAL qu’elle se préparait à construire un pipeline pour le transport de gaz naturel du Turkménistan au Pakistan en passant par l’ouest de l’Afghanistan… L’annonce d’UNOCAL reposait sur le principe d’une victoire imminente des talibans.”66


On ne s’étonnera pas de voir le Wall Street Journal rapporter que l’intérêt principal des élites occidentales et américaines dans la région était de convertir l’Afghanistan en un “itinéraire majeur de transbordement pour l’exportation des vastes gisements de pétrole, de gaz et autres richesses naturelles d’Asie centrale... Qu’ils nous plaisent ou non, les talibans sont les acteurs les mieux à même d’obtenir la paix en Afghanistan en cette période de l’histoire.”67 Entre-temps, le New York Times annonçait que “le gouvernement Clinton estime qu’une victoire des talibans… servirait de contrepoids à l’Iran… et ouvrirait de nouvelles routes commerciales susceptibles d’affaiblir l’influence de la Russie et de l’Iran dans la région.”68


Dans la même veine, l’International Herald Tribune annonçait qu’en été 1998, “le gouvernement Clinton était en pourparlers avec les talibans concernant l’itinéraire potentiel de pipelines destinés à acheminer du pétrole et du gaz naturel depuis le Turkménistan jusqu’à l’océan Indien en passant par l’Afghanistan et le Pakistan.”69


P. Stobdan, chercheur auprès de l’Institute for Defense Studies and Analysis (IDSA) à New Delhi, déclare dans le journal de l’Institut, Strategic Analysis :


Le gouvernement américain a pleinement soutenu l’itinéraire comme une option utile pour libérer les États d’Asie centrale des griffes de la Russie et les empêcher de se rapprocher de l’Iran. Ce projet apparaissait également comme  

 

le moyen le plus rapide et le plus économique d’acheminer le gaz turkmène vers le marché énergétique d’Asie du Sud en pleine expansion. Pour appuyer sa campagne en faveur du projet, Unocal a loué les services d’Henry Kissinger, diplomate d’envergure et ancien secrétaire d’État, ceux d’un ancien ambassadeur américain au Pakistan, Robert Oakley, ainsi que d’un expert sur le Caucase, John Maresca… Le président d’Unocal a même spéculé sur une réduction de moitié des coûts de construction en cas de victoire du mouvement taliban et de formation d’un gouvernement unique.


Pire encore, cet effort collectif, appuyé sans réserve par le gouvernement américain, impliquait le soutien direct et matériel des talibans : “Les médias rapportèrent que la compagnie pétrolière américaine avait été jusqu’à aider matériellement la milice à progresser vers le nord contre les forces de Rabbani.” Et pourtant, en août 1998, UNOCAL suspend les travaux du pipeline sine die.70 Il faudra encore trois mois à la compagnie pétrolière pour se retirer du consortium CentGas créé pour la construction du pipeline.71


Certes, à plusieurs reprises, UNOCAL a nié tout intérêt dans le projet de pipeline transafghan, mais ces démentis sont trompeurs. En mars 2000, le Business Recorder fait état du vif intérêt exprimé en coulisses par UNOCAL :


Une fois de plus, UNOCAL tente de sauter dans le projet de gazoduc du Turkménistan abandonné il y a environ un an sous couvert de prétendues violations des droits de l’Homme en Afghanistan. L’entreprise américaine est en pourparlers avec les autorités afghanes afin d’obtenir des garanties de protection en faveur de son personnel pendant son travail en Afghanistan, ont déclaré des sources dignes de foi au Business Recorder. Voilà une manœuvre
intéressante de la part de cette société, dans la mesure où l’Afghanistan fait l’objet de sanctions américaines sévères en raison de la protection qu’il accorde aux terroristes
.72

 
UNOCAL n’était pas la seule entreprise à entretenir des rapports avec les talibans. Le fameux courtier en énergie américain Enron, qui cultivait des liens étroits avec le gouvernement, était, lui aussi, fortement impliqué. Enron avait effectué l’étude de faisabilité préliminaire pour le pipeline, financée par une bourse de 750 000 dollars accordée par la US Agency for Trade and Development.73


Des sources du renseignement américain et d’anciens officiels d’Enron ont confirmé qu’Enron “avait donné des millions de dollars aux talibans”, apparemment avec la bénédiction du gouvernement, “dans un effort où tous les coups étaient permis pour conclure un marché pour un pipeline en Afghanistan " – et cela alors que les talibans protégeaient déjà Oussama ben Laden.

Atul Davda, directeur d’Enron chargé de la division internationale jusqu’à la chute de la société, a affirmé que “Enron était très proche des officiels talibans. La construction du pipeline était l’un des objectifs primordiaux de la société.” Une source interne de la CIA a remarqué que “Enron faisait la cour aux talibans et était prête à les prendre comme partenaires dans l’exploitation du pipeline qui traverserait l’Afghanistan. Enron proposa de leur verser de vastes sommes sous forme d’une ‘taxe’ prélevée sur chaque mètre cube de gaz et [baril] de pétrole acheminé par le pipeline.” Enron paya plus de 400 millions de dollars pour l’étude de faisabilité du pipeline, dont “une grande partie était des pots-de-vin pour les talibans,” d’après la source de la CIA. De même, un officiel du FBI a confirmé que “en 1998, pendant que Clinton bombardait les camps de ben Laden en Afghanistan, Enron versait des pots-de-vin aux talibans et aux opérateurs de ben Laden pour assurer la survie du projet de pipeline. Et à cette époque, PERSONNE ne pouvait ignorer la connexion entre les talibans et ben Laden – surtout pas Enron.”74


D’autres sources indiquent que, sous les différentes administrations américaines, des fonctionnaires-clés au sein du gouvernement et des services secrets étaient parfaitement informés du flirt entre Enron et les talibans – et par là-même al-Qaida – et qu’ils soutenaient totalement les opérations de la société dans la région. “Un document saisi émanant d’al-Qaida révèle que les compagnies d’énergie américaines menaient avec les talibans des négociations secrètes pour la construction d’un pipeline,” rapporte John Loftus, avocat américain et ancien procureur fédéral au ministère de la Justice.


Le FBI se procura le document mais n’obtint pas l’autorisation de le communiquer aux autres agences, afin de protéger Enron… De nombreuses sources confirment que les forces de l’ordre américaines ont été volontairement laissées dans l’ignorance et systématiquement empêchées de compléter le puzzle avant le 11 Septembre afin de contribuer aux négociations secrètes et immorales d’Enron avec les talibans.


Le document dissimulé d’al-Qaida tend à étayer les allégations récentes de plusieurs membres de rang moyen issus des forces de l’ordre et des services de renseignement, selon lesquelles on aurait tenté d’étouffer l’affaire. Il semble que la poursuite de leurs enquêtes terroristes ait été bloquée pendant la période sensible où Enron était encore en négociation avec les talibans. Une retombée fortuite de l’étouffement de l’affaire du pipeline taliban fut de donner aux amis talibans au sein d’al-Qaida le temps de terminer leurs préparatifs pour le 11 Septembre pendant les huit derniers mois où Enron était encore protégé par le mur du silence.


Bien que le dernier ordre d’obstruction à l’enquête paraisse avoir été la conséquence de l’appel d’Enron au vice-président Dick Cheney, en janvier 2002, il semble avoir été au moins le quatrième d’une série d’ordres similaires, chacun basé sur le précédent et impliquant aussi bien les gouvernements républicains que démocrates.75


Bien entendu, il convient de souligner que le gouvernement américain savait parfaitement que les talibans abritaient Oussama ben Laden depuis juin 1996, comme le révèlent les documents officiels. C’est sur l’insistance des États-Unis que le Soudan avait expulsé ben Laden vers l’Afghanistan début 1996. Ben Laden a déclaré publiquement la guerre aux États-Unis en août 1996. Il avait glorifié l’attentat à la bombe de la même année au cours duquel 19 militaires américains avaient trouvé la mort, le qualifiant de “terrorisme louable”, promettant des attaques futures contres les cibles américaines en novembre 1996 et avouant sa complicité dans les attaques contre des militaires américains en Somalie en 1993 et au Yémen en 1992. D’innombrables preuves le liaient déjà à l’attentat de 1995 contre les logements du personnel militaire américain à Riyad ; à l’attentat de 1993 du World Trade Center ; et au complot de 1994 pour l’assassinat du président Clinton aux Philippines.76 C’est pourtant avec la bénédiction du gouvernement américain qu’UNOCAL et Enron inondèrent les talibans de millions de dollars pour faire progresser les négociations du pipeline, sans se préoccuper le moins du monde des conséquences que pouvait entraîner le soutien financier d’un régime abritant le réseau terroriste al-Qaida.


Des membres du gouvernement américain ont été jusqu’à critiquer le soutien américain occulte apporté aux talibans receleurs de terroristes. On notera ainsi le témoignage autorisé du député américain Dana Rohrabacher, responsable de l’Afghanistan depuis le début des années 80, alors qu’il travaillait à la Maison Blanche en tant qu’assistant spécial auprès de Ronald Reagan, alors président. Aujourd’hui membre haut placé à la Commission des relations internationales de la Chambre des représentants, il a participé à la politique américaine envers l’Afghanistan pendant une vingtaine d’années. En 1988, il s’est rendu en Afghanistan, où il s’est mêlé aux combattants moudjahidin et a pris part à la bataille de Jalalabad contre les Soviétiques. En avril 1999, lors des auditions du Congrès, il a témoigné comme suit devant une sous-commission du Sénat sur les relations internationales :


Ayant été mêlé de près à la politique américaine en Afghanistan pendant une vingtaine d’années, je me suis demandé si ce gouvernement avait mené une politique occulte qui a rendu les talibans autonomes et permis à ce mouvement brutal de se maintenir au pouvoir. Malgré les déclarations du président et du secrétaire d’État exprimant leur dégoût face aux politiques brutales des talibans, notamment dans leur répression envers les femmes, la mise en œuvre de la politique américaine a eu l’effet opposé, et ce à plusieurs reprises.


Après avoir étayé de nombreux facteurs indiquant un soutien américain concret aux talibans, Dana Rohrabacher conclut sa déposition :

 
Je prétends qu’il existe et qu’il a existé une politique occulte du présent gouvernement pour soutenir le contrôle de l’Afghanistan par le mouvement taliban… Cette politique amorale ou immorale se fonde sur l’hypothèse selon laquelle les talibans apporteraient la stabilité en Afghanistan et permettraient la construction d’oléoducs d’Asie centrale au Pakistan via l’Afghanistan… Je pense que le gouvernement a gardé le secret sur cet objectif et maintenu le
Congrès dans l’ignorance de sa politique de soutien aux talibans, le régime le plus opposé qui soit à l’Occident, aux femmes et aux droits de l’Homme. Nul besoin d’être un génie pour comprendre que les Américains, et parmi eux tout particulièrement les femmes, auraient été outrés par cette politique. La preuve la plus criante de la politique occulte de notre gouvernement en faveur des talibans est peut-être le fait que l’administration met actuellement tout en œuvre pour empêcher le Congrès d’établir les détails qui sous-tendent cette politique. L’an dernier, en août, suite à plusieurs demandes officieuses auprès du Département d’État, j’ai fait une demande officielle pour obtenir l’intégralité des documents diplomatiques relatifs à la politique américaine envers les talibans, notamment les câbles et les documents de nos ambassades au Pakistan et en Arabie Saoudite. En tant que membre de la commission des relations internationales de la Chambre, j’ai dans ce domaine une responsabilité en matière de surveillance. En novembre, après des mois de réponses évasives, le secrétaire d’État en personne a promis devant la commission des relations internationales que les documents seraient transmis. Elle a renouvelé cette promesse en février lorsqu’elle a témoigné devant notre commission sur le budget du Département d’État. Le président de la commission, Ben Gilman, a appuyé ma demande de documentation. À ce jour, nous n’avons toujours rien reçu. Seules deux explications sont possibles : soit le Département d’État est parfaitement incompétent, soit la tentative d’étouffement de la politique réelle et fondamentale vis-à-vis de l’Afghanistan se poursuit. Vous ne vous attendiez probablement pas à ce que je loue le Département d’État à la fin de cette déposition cinglante. C’est pourtant ce que je vais faire. Je ne crois pas que le Département d’État soit incompétent. Il doit être tenu pour responsable de ses politiques et le peuple américain doit savoir ce qu’il fait, sur la base de faits dûment étayés.7
7

Ce soutien atteint des proportions choquantes. “Impressionnés par le caractère impitoyable des talibans – à cette époque à leurs débuts – et par leur volonté de conclure un marché pour le pipeline,” rapporte Ahmed Rachid dans son étude de l’université de Yale, Taliban, “le Département d’État et l’Inter-Services Intelligence pakistanaise acceptèrent d’armer et de financer les talibans dans leur guerre contre l’Alliance du Nord tadjik. Encore en 1999, c’étaient les contribuables américains qui payaient l’intégralité du salaire annuel de chaque officiel du gouvernement taliban.”78


Encore en 2000, les auditions de la Commission des relations internationales de la Chambre des députés confirmaient que le soutien américain des talibans passait par l’ISI pakistanaise :

Les États-Unis font partie intégrante du soutien accordé aux talibans depuis toujours – et c’est encore le cas aujourd’hui... Vous avez maintenant un gouvernement militaire au Pakistan qui arme les talibans jusqu’aux dents... Laissez-moi signaler que le soutien [américain] a toujours été accordé aux zones talibans… Nous avons soutenu les talibans parce que toute notre aide va aux zones talibans. Et lorsque des gens de l’extérieur tentent d’apporter de l’aide dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle des talibans, ils sont mis en échec par notre propre Département d’État…
À l’époque où les talibans étaient vulnérables, la personne la plus haut placée de ce gouvernement, M. Inderfurth, et Bill Richardson se sont personnellement rendus en Afghanistan pour convaincre les forces antitalibans de ne pas lancer d’offensive et, plus encore, ils ont convaincu toutes les forces antitalibans – leurs alliés – de les désarmer et de mettre un terme à leur soutien aux forces antitalibans… Au même moment, le Pakistan a lancé un effort majeur de ravitaillement qui a fini par mettre en échec – et provoquer la défaite de la plus grande partie des forces antitalibans en Afghanistan.79


Comme le relève l’expert afghan Nour Ali, en aidant les talibans, les États-Unis voulaient “traverser l’Afghanistan depuis le Pakistan pour :


(a) influencer l’Iran.
(b) étendre leur pouvoir au-delà de l’Amou Daria et contrôler ainsi les ressources de l’Asie centrale.
(c) influencer la Fédération de Russie depuis le sud, et la Chine continentale depuis le nord-ouest, selon les besoins.
Selon la logique stratégique sous-jacente, l’influence américaine dans la région se basait sur la mise en place d’un “gouvernement fantoche,” qui permettrait aux États-Unis d’influencer l’ensemble de la politique et de l’économie dans la région selon ses objectifs impérialistes
.”80

La fin d’une liaison


Les États-Unis maintenaient donc leur engagement en Afghanistan, où leur ingérence se poursuivait par procuration via l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Cette relation triangulaire était essentielle pour le développement de l’infrastructure requise pour la survie et la croissance du réseau terroriste al-Qaida. Elle existe toujours et c’est elle qui est responsable du maintien en vie d’al-Qaida. Quant aux relations entre les États-Unis et le régime taliban en Afghanistan, l’atmosphère n’était pas au beau fixe à l’aube du nouveau millénaire. Il semble que les stratèges américains se soient rendu compte que les talibans ne joueraient vraisemblablement pas leur rôle de “gouvernement fantoche” ami. Comme le remarque Ahmed Rachid :


Le projet UNOCAL reposait sur l’hypothèse de la conquête de l’Afghanistan par les talibans. Cette hypothèse lui avait été soufflée par plusieurs pays comme l’Arabie Saoudite et le Pakistan, ainsi que par certains membres du gouvernement américain. Mais, à la base, cet axiome était faux parce qu’il se fondait sur une conquête, ce qui garantissait que non seulement ils ne pourraient pas construire le pipeline, mais en outre, ils n’obtiendraient jamais
la sécurité requise pour sa construction
.81


Rachid relève encore qu’à partir de 1998, une vision du monde de plus en plus antiaméricaine “sembla dominer le raisonnement des principaux chefs talibans.” Leurs voix “s’élevèrent de plus en plus bruyamment contre les Américains, les Nations Unies, les Saoudiens et les régimes musulmans du monde entier,” et leurs paroles “reflétèrent de plus en plus le langage de méfiance adopté par ben Laden et qui, à l’origine, n’était pas propre aux talibans.”82


Autrement dit, les États-Unis commençaient à admettre que le penchant des talibans pour une brutalité tribale extrême avait permis l’escalade du conflit entre les factions, induisant une déstabilisation constante du pays et contribuant à intensifier le cycle de la violence. Le régime en place ne semblait plus capable d’offrir la sécurité requise pour le pipeline transafghan. Les talibans se montrant de moins en moins coopératifs, la politique américaine devint de plus en plus hostile. D’après Oil & Gas International, la situation s’aggrava encore lorsque “les talibans exigèrent plus de 100 millions de dollars par an pour le loyer de l’itinéraire du pipeline, sous forme de construction de routes, de réservoirs d’eau, de lignes téléphoniques et électriques, plus un accès au pipeline qui alimenterait l’Afghanistan en gaz et en pétrole.” La réaction “d’Unocal fut d’hésiter, puis d’abandonner ses projets…”83


Fin 1998, les États-Unis commencèrent à voir l’intransigeance des talibans comme un obstacle potentiel aux intérêts américains et leurs stratèges entamèrent des plans pour une opération militaire contre eux, bien avant le 11 Septembre. Frederick Starr, président du Central Asia- Caucasus Institute à la Nitze School of Advanced International Studies de la Johns Hopkins University, rapporte en décembre 2000 dans le Washington Post que


… les États-Unis ont discrètement commencé à s’aligner sur ceux qui, au sein du gouvernement russe, appellent à une action militaire contre l’Afghanistan, et ils ont caressé l’idée d’une nouvelle attaque destinée à éliminer Oussama ben Laden. Avant que ce projet soit abandonné sous la pression locale, ils ont même été jusqu’à examiner quel pays d’Asie centrale leur permettrait d’utiliser son territoire dans ce but.84


On ne saurait mettre en doute la perspicacité de Frederick Starr. Il est spécialisé dans les questions touchant à l’Asie centrale et son directeur à la Johns’ Hopkins University était le secrétaire américain adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz. Dans son rapport publié par le Washington Post, Frederick Starr précise que, fin 2000, des réunions ont rassemblé des officiels des gouvernements américain, russe et indien “afin d’examiner le type de gouvernement qui devrait remplacer les talibans... Les États-Unis parlent aujourd’hui de renverser un régime qui contrôle la majeure partie du pays, dans l’espoir d’y substituer un gouvernement hypothétique qui n’existe même pas sur le papier.”85


Le journaliste canadien Eric Margolis, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Asie centrale et qui dispose d’informations de première main sur l’Afghanistan, a lui aussi relevé l’ampleur des préparatifs en vue d’une guerre contre l’Afghanistan. Dans un numéro du Toronto Sun paru en
décembre 2000, il déclare que :


Une attaque de ce type impliquerait probablement la Delta Force et les Navy Seals américains, qui s’allieraient aux commandos d’élite russes Spetsnaz et Alpha au Tadjikistan, l’État d’Asie centrale où la Russie a des bases militaires et 25 000 soldats. Avec l’appui de l’armée de l’Air, les forces conjointes seraient aéroportées à bord d’hélicoptères jusqu’au fin fond de l’Afghanistan pour y attaquer la forteresse de ben Laden dans les montagnes de l’Hindou Kouch.86


En mars 2001, Jane’s Intelligence Review confirma que l’Inde avait rejoint “la Russie, les États-Unis et l’Iran dans un front concerté contre le régime taliban en Afghanistan... Cette tentative de contrer les talibans sur le plan tactique et logistique est le fruit de plusieurs réunions récentes entre les nouveaux groupes de travail indo-américain et indo-russe consacrés au terrorisme.” Les États-Unis, la Russie, l’Inde et l’Iran fournissaient déjà un soutien militaire, logistique et de renseignement aux forces antitalibans en Afghanistan. “Selon des sources militaires, l’Inde et la Russie utilisent le Tadjikistan et l’Ouzbékistan comme bases pour le lancement des opérations antitalibans.”87

En mai 2001, des officiels italiens, allemands et iraniens, et des fonctionnaires du Département d’État américain se retrouvent à Genève pour y examiner “une stratégie pour renverser les talibans et remplacer la théocratie par un ‘gouvernement plus large’.”88


En juin 2001, le magazine d’actualités India Reacts fait état d’une intensification des plans communs américains et russes d’assaut militaire contre l’Afghanistan. Selon des officiels indiens :


L’Inde et l’Iran joueront uniquement un rôle de “facilitateurs”, les États-Unis et la Russie participant en première ligne à la lutte contre les talibans avec l’appui de deux pays d’Asie centrale, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan… Le Tadjikistan et l’Ouzbékistan dirigeront l’attaque terrestre avec un important soutien militaire des États-Unis et de la Russie. Les cibles seront les installations vitales et les atouts militaires des talibans. L’Inde et l’Iran fourniront le soutien logistique.

 
Début juin, au cours d’une réunion à Moscou, “le président russe Vladimir Poutine évoquait déjà une action militaire contre les talibans devant les nations de la CEI.” Selon les diplomates, la formation de ce front antitaliban “faisait suite à une réunion entre le secrétaire d’État américain Colin Powell et le ministre des Affaires étrangères russe Igor Ivanov, et à une autre réunion entre Colin Powell et le ministre des Affaires étrangères indien Jaswant Singh à Washington. La Russie, l’Iran et l’Inde se sont également réunis plusieurs fois et l’on s’attend à une intensification de l’activité diplomatique.”89


FLIRT AVEC L’ENNEMI


Au moment même où se déroulent des préparatifs intensifs pour la guerre contre les talibans, le gouvernement Bush tente de sauver sa relation avec le régime. Le Pakistan Observer rapporte ainsi qu’en juillet 2001, “Christina Rocca, secrétaire d’État adjointe pour l’Asie du Sud” a rencontré des officiels talibans à Islamabad et [leur] “a annoncé une aide d’urgence sous forme d’abris et de nourriture d’une valeur de 43 millions de dollars, portant ainsi la contribution américaine [à l’aide] aux personnes déplacées dans leur propre pays à un total de 124 millions de dollars pour cette année.” Cette “aide humanitaire” était octroyée “sans obligation de rendre des comptes.” La rencontre faisait suite à plusieurs autres réunions secrètes entre les officiels du gouvernement américain et les talibans, “notamment la visite à Kaboul, fin avril, de sept officiels américains, qui avait été précédée le même mois par celle de trois officiels américains, avant que la terreur ne s’abatte sur l’Amérique le 11 Septembre.” Ces
visites ont amené de nombreux observateurs à s’interroger sur “l’engagement prudent” de l’administration Bush “avec les talibans alors même que ces derniers étaient sous le coup de sanctions rigoureuses de la part de Washington et du Conseil de sécurité des Nations Unies.”90


L’“engagement prudent” semble avoir été la politique officielle du gouvernement Clinton. En avril 1998, la United Press International (UPI) relatait : “l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies, Bill Richardson, visitera la nation déchirée par la guerre au cours d’un voyage en Asie du sud qui débutera vendredi… D’après les officiels américains, la mission de Richardson est une tentative d’amener la milice taliban et la coalition des forces du nord à des pourparlers préliminaires de paix. Il sera accompagné par le secrétaire d’État adjoint Karl Inderfurth et le conseiller de la Maison Blanche Bruce Riedel.”91 Un an plus tard, en août 1999, l’UPI déclarait :


Les États-Unis et la milice taliban au pouvoir en Afghanistan ont eu des entretiens malgré les tensions qui caractérisent leurs relations depuis l’apparition des talibans sur la scène afghane il y a environ cinq ans… “Les discussions avec les talibans se déroulent en général à Islamabad, à Washington ou à New York où réside le représentant des talibans auprès des Nations Unies,” a déclaré le porte-parole de l’ambassade américaine.” Des entrevues entre les deux parties ont également eu lieu en marge de conférences et séminaires internationaux,” a-t-il déclaré.92

En mars 2002, l’UPI rapportait qu’une série de négociations avec les talibans et d’autres factions, soutenues par les États-Unis, avaient envisagé la possibilité d’un compromis qui annoncerait la fin d’une guerre de factions dévastatrices et ouvrirait la voie à la sécurité dans la région – facteur décisif pour la réalisation des projets américains :


Des officiels haut placés de la milice taliban au pouvoir en Afghanistan devraient participer aux pourparlers. Selon des fonctionnaires du ministère pakistanais des Affaires étrangères, ces entretiens font partie du processus appelé ‘deux-plus-six’, entamé sous les auspices des Nations Unies avec le soutien des États-Unis. Les États-Unis et la Russie y participent en qualité de garants, et les six pays limitrophes de l’Afghanistan examinent les diverses options pour “mettre un terme aux hostilités.”93


Peu après son arrivée au pouvoir en janvier 2001, le gouvernement Bush intensifie ces négociations. Les représentants diplomatiques américains et talibans se rencontrent à plusieurs reprises en février 2001 à Washington, à Berlin et à Islamabad. La dernière réunion de ce type se déroule en août 2001 – cinq semaines avant les attentats de New York et de Washington. Christina Rocca, alors à la tête de la division Asie centrale au Département d’État américain, rencontra l’ambassadeur taliban au Pakistan à Islamabad.94


L’officier des services secrets français Jean-Charles Brisard et l’analyste du renseignement Guillaume Dasquié rapportent que jusqu’à ce moment-là, “les réserves de gaz et de pétrole d’Asie centrale étaient contrôlées par la Russie. Le gouvernement Bush voulait changer tout cela.” Toutefois, face au refus des talibans des conditions américaines, “ce raisonnement de sécurité énergétique se transforma en un raisonnement militaire.” Au cours d’une interview à Paris, Brisard relève : “À un certain moment pendant les négociations, les représentants américains ont déclaré aux talibans : ‘soit vous acceptez le tapis d’or que nous vous offrons, soit nous vous enterrerons sous un tapis de bombes’.”


Décrivant le thème central de certaines réunions en 2001, les analystes du renseignement relèvent que :


Plusieurs rencontres eurent lieu cette année-là sous la médiation de Francesc Vendrell, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, afin d’examiner la situation en Afghanistan. Des représentants du gouvernement américain, de la Russie et des six pays limitrophes de l’Afghanistan y participaient. Il arrivait parfois que des représentants des talibans soient également présents autour de la table.95


Les trois Américains présents à l’une de ces réunions à Berlin, en juillet, étaient Tom Simons, ancien ambassadeur des États-Unis au Pakistan, Karl “Rick” Inderfurth, ancien secrétaire d’État adjoint pour l’Asie centrale, et Lee Coldren, qui avait dirigé le bureau du Pakistan, de
l’Afghanistan et du Bengladesh au Département d’État jusqu’en 1997. Ces rencontres, appelées “6+2” en raison du nombre d’États en cause (six pays voisins d’Asie centrale, et les nouveaux partenaires – la Russie et les États-Unis), ont également été confirmées par l’ancien ministre des Affaires étrangères du Pakistan, Niaz Naik, qui y participait.


Dans une interview donnée à la télévision française début novembre 2001, Niaz Naik confirma que lors d’une rencontre à Berlin en juillet 2001, les discussions avaient essentiellement porté sur “... la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Si les talibans avaient accepté cette
coalition, ils auraient immédiatement reçu une aide économique internationale. Et les pipelines du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan auraient existé
.” Naik précisa qu’un représentant américain qui assistait aux réunions, Tom Simons, avait ouvertement menacé les talibans : “Simons déclara, ‘soit les talibans se conduisent comme ils le devraient, soit le Pakistan les convaincra de le faire, ou bien nous utiliserons une autre option.’L’expression utilisée par Simons était ‘une opération militaire’.”96


Selon le Guardian, tout au long de cette période, plusieurs signes montraient que les plans belliqueux des États-Unis étaient en passe de se concrétiser. En janvier 2001, un officiel du ministère de la Défense américain, Dr Jeffrey Starr, se rendit au Tadjikistan. Les US Rangers
entraînaient des troupes spéciales au Khirghizistan et des rapports mentionnaient l’entraînement de troupes spéciales tadjiks et ouzbeks en Alaska et dans le Montana. Le 16 mai, le général Tommy Franks se rendit à Douchambé pour décrire le Tadjikistan comme “un pays important du point de vue stratégique,” lui offrir une aide militaire et recevoir sa candidature au Partenariat pour la paix de l’OTAN. Selon des sources militaires occidentales dignes de foi, un plan de guerre américain “existait sur le papier à la fin de l’été, qui prévoyait d’attaquer l’Afghanistan par le nord.” Le 8 juillet, l’opposition afghane, les diplomates pakistanais et les cadres du ministère des Affaires étrangères britannique “se rencontraient à Weston Park, sous les auspices des Nations Unies, pour des séminaires confidentiels sur la situation en Afghanistan.”97


L’ancien fonctionnaire du Département d’État Lee Coldren a confirmé au Guardian que “la discussion avait [aussi] porté sur le fait que les États-Unis étaient tellement écœurés par les talibans qu’ils pourraient envisager une action militaire.” Niaz Naik, que Tom Simons décrit comme “un ami de longue date” et “un diplomate honorable,” déclara également au quotidien :

 
Les Américains nous ont fait savoir que si les talibans ne se conduisaient pas correctement et si le Pakistan ne nous aidait pas non plus à les influencer, les États-Unis n’auraient pas le choix et ils devraient agir ouvertement contre le Pakistan. J’ai transmis au gouvernement pakistanais, qui a informé les talibans par le biais de notre ministère des Affaires étrangères et de l’ambassadeur taliban sur place.


Lorsqu’on lui demanda s’il pouvait avoir la certitude que les officiels américains communiquaient les idées du gouvernement Bush et non les leurs, Niaz Naik précisa que : “Ce que les Américains nous ont dit se fondait peut-être sur des instructions officielles. Il s’agissait de fonctionnaires de très haut rang. Même dans la ‘seconde voie diplomatique’, les gens font très attention à ce qu’ils disent et à ce qu’ils ne disent pas.” Niaz Naik cita également Tom Simons qui avait déclaré que l’action contre ben Laden était imminente : “Cette fois-ci, ils étaient vraiment sûrs. Ils avaient tous les renseignements et cette fois, ils ne le manqueraient pas. L’attaque s’effectuerait par les airs, peut-être avec des hélicoptères de combat ; elle serait non seulement manifeste, mais se déroulerait à proximité immédiate de l’Afghanistan.”98 Dans une interview accordée à BBC News, il précisait encore :


Niaz Naik, ancien ministre des Affaires étrangères du Pakistan, a été informé mi-juillet par de hauts fonctionnaires américains qu’une action militaire contre l’Afghanistan serait lancée d’ici mi-octobre… Les hauts fonctionnaires américains lui ont parlé de ce plan lors de la réunion, parrainée par l’ONU, d’un groupe de contact international sur l’Afghanistan qui s’est tenue à Berlin… D’après M. Naik, l’objectif plus large serait de renverser le régime taliban et de le remplacer par un gouvernement intérimaire d’Afghans modérés – le cas échéant, sous la direction de l’ancien roi afghan Zahir Shah.


Citant les informations reçues en juillet 2001, l’ancien ministre des Affaires étrangères pakistanais ajouta que “Washington lancerait son opération depuis des bases situées au Tadjikistan où les conseillers américains étaient déjà en place,” et que “l’Ouzbékistan participerait également à l’opération... 17 000 soldats russes étaient sur le pied d’intervention.” Il fut également informé que “si l’action militaire est déclenchée, elle le sera avant les chutes de neige en Afghanistan, vers la mi-octobre au plus tard.” Les attaques du 11 Septembre ont fourni un prétexte solide à la mise en œuvre de ces plans – “après les bombes du World Trade Center, ce plan américain préexistant avait été complété et serait mis en œuvre d’ici deux ou trois semaines.”99


Le 9 septembre 2001, deux jours seulement avant les attaques d’al-Qaida, les plans militaires détaillés pour l’invasion de l’Afghanistan et le renversement des talibans sont présentés au président George W. Bush. Ces plans, dont les grandes lignes figurent dans une directive présidentielle de sécurité nationale, envisagent une campagne mondiale au niveau militaire, diplomatique et des services secrets et comprennent le lancement d’un ultimatum aux talibans :

Il était prévu que le président Bush signe les plans détaillés d’une guerre mondiale contre al-Qaida deux jours avant le 11 Septembre, mais il n’eut pas l’occasion de le faire avant les attentats terroristes contre New York et Washington, ont déclaré des sources américaines et étrangères à NBC News.
Le document – une directive présidentielle officielle de sécurité nationale – était une véritable “stratégie pour éliminer totalement al-Qaida,” déclara une des sources à Jim Miklaszewski, de NBC News.
Le plan traitait de tous les aspects d’une guerre contre al-Qaida, depuis les initiatives diplomatiques jusqu’aux opérations militaires en Afghanistan, ont déclaré des sources sous le couvert de l’anonymat. À bien des égards, la directive décrite à NBC News prévoyait essentiellement une stratégie de guerre identique à celle appliquée par la Maison Blanche, la CIA et le Pentagone après les attentats du 11 Septembre. Il est fort probable que le gouvernement ait pu réagir aux attentats aussi rapidement parce qu’il lui suffisait de prendre les plans – ils étaient [déjà] “tout prêts, a déclaré Jim
Miklaszewski.100


En regard des documents précédents, ce plan de guerre avait visiblement été élaboré lors d’un processus de consultation méticuleux qui s’était déroulé sur plusieurs mois (probablement au moins un an) et auquel avaient participé le Pentagone, la CIA et le Département d’État ainsi que d’autres agences de renseignement et de sécurité. En réalité, d’après Francis Boyle, professeur de droit international à l’université de l’Illinois, la guerre contre l’Afghanistan correspondait à l’exécution d’“un plan de guerre opérationnel... qui était en cours d’élaboration depuis au moins quatre ans” avant le 11 Septembre. Il rapporte qu’une guerre américaine contre l’Afghanistan

avait fait l’objet de manœuvres militaires du Pentagone depuis 1997 déjà… Précisément vers le 11 septembre, deux corps expéditionnaires américains de porte-avions sont opportunément arrivés à ce moment dans le golfe Persique, en “rotation.” Bien entendu ceci avait été planifié à l’avance. Juste avant le 11 Septembre, la Grande-Bretagne avait rassemblé ce qui a été annoncé comme la “plus grande armada depuis la guerre des Malouines” et elle voguait vers Oman, où 23 000 soldats britanniques font actuellement des manœuvres.
Cela était planifié depuis au moins 3 ans. En outre, l’opération américaine “Bright Star” se déroule actuellement en Égypte : 23 000 soldats américains auxquels s’ajoutent les 17 000 soldats de l’OTAN et de ses associés. Cela était prévu depuis au moins deux ans. Enfin, l’OTAN vient de débarquer 12 000 soldats en Turquie – ce qui était prévu depuis au moins deux ans.

“Le 11 Septembre”, conclut-il, “est soit un prétexte, soit un déclencheur – soit les deux à la fois.”101



Fin

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans OUSSAMA BEN LADEN

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