Etats-Unis ou... bêtas unis ?

Publié le par Adriana Evangelizt

États-Unis ou… bêtas unis ?

par Anwaar Hussain

Traduit par Xavier Rabilloud et révisé par Fausto Giudice





La plupart des Usaméricains [à peu de choses près, on pourra lire ce texte en remplaçant « Usaméricains » par « Français », NDT] ignorent qu'en novembre 1999, lorsque George W. Bush, qui était alors le candidat Républicain et le favori dans la course aux élections présidentielles des USA, fut soumis à un petit quizz de politique étrangère par une télévision de Boston, il s'avéra qu'il ignorait le nom de deux dirigeants, parmi d'autres, qui représentaient environ un cinquième de l'humanité... les dirigeants du Pakistan et de l'Inde.


La plupart des Usaméricains ignorent que tel était le niveau des connaissances d'un homme sur le point de se voir lâché dans la nature aux commandes de la plus imposante machinerie militaire du plus puissant pays de la planète Terre.


La plupart des Usaméricains ignorent que la politique étrangère de leur pays est otage du bien-être de l'État d'Israël depuis environ quatre décennies, et que l'on peut relier toutes les crises mondiales majeures, y compris la prétendue "guerre contre le terrorisme", au conflit israélo-palestinien et au rôle radicalement pro-israélien qu'y endossent les USA.


La plupart des Usaméricains ignorent qu'une large part des experts diplomatiques et militaires des USA considèrent depuis longtemps que le soutien usaméricain à Israël est souvent contraire aux intérêts usaméricains, et en fait les affecte profondément.


La plupart des Usaméricains ignorent que cette allégeance aveugle au petit État d'Israël non seulement met en danger de manière accrue des vies usaméricaines, mais aussi dégrade les relations des USA avec le milliard deux cents millions de musulmans qui vivent à travers le monde, et prive les USA de ressources sérieusement nécessaires pour leurs besoins intérieurs afin de mener une fantasmatique "guerre contre le terrorisme", qui est contraire aux principes usaméricains d'égalité, de démocratie et de justice [1].


En fait, la plupart des Usaméricains ne connaissent pas même le B.A.BA du conflit israélo-palestinien.

Jugez plutôt :

La plupart des Usaméricains ignorent que pendant 2000 ans, il n'y a eu aucun conflit et que le territoire de la Palestine était habité par des Arabes palestiniens, qui en 1850 étaient musulmans à 80%, chrétiens à 15%, et juifs à seulement 5%, et qui avaient vécu en bonne entente pendant des siècles [puisque se reconnaissant avant tout dans une identité commune de "Gens de la Terre Sainte", voir à ce sujet l'excellent livre de l'historien palestinien Elias Sanbar "Figures du Palestinien", NDT].


La plupart des Usaméricains ignorent que c'est à la fin du XIXe siècle, en Europe, qu'une minorité fanatique de la population juive mondiale, constituée de ceux que l'on nomme les "sionistes" [2], décida de coloniser ce territoire pour y créer un foyer national juif; les sionistes envisagèrent d'abord de l'établir en Afrique ou en Amérique du Sud, avant d'arrêter leur choix sur la Palestine.


La plupart des Usaméricains ignorent que l'immigration de juifs en Palestine ne créa d'abord aucun problème, mais que c'est lorsqu'il apparut clairement que le projet du groupe extrémiste était un État exclusivement juif, que les combats entre sionistes et Palestiniens éclatèrent, en vagues de violence de plus en plus virulentes.


La plupart des Usaméricains ignorent que, lorsqu'en 1947 les Nations Unies finirent par se résoudre à intervenir, sous pression considérable de sionistes usaméricains haut placés [3], elles divisèrent la Palestine au hasard [4], plutôt que de se conformer au principe démocratique de l' "autodétermination des peuples" [5], et elles finirent par accorder 55% de la Palestine à un État juif – en dépit du fait que les juifs ne représentaient alors qu'environ 30% de la population totale, et ne possédaient [juridiquement parlant, NDT] même pas 7% du territoire.


La plupart des Usaméricains ignorent que, lorsqu'éclata l'inévitable guerre de 1948 entre Arabes [6] et Israéliens, l'armée sioniste était composée de 90 000 soldats entraînés en Europe [7] et possédait un armement moderne, qui incluait des avions de chasse et des avions bombardiers dernier cri, alors que les forces arabes, pour ainsi dire une armée du Tiers-Monde, étaient constituées d'environ 30 000 hommes mal équipés et fort peu entraînés, ce qui ne laissait planer que peu de doute sur l'issue de la guerre.


La plupart des Usaméricains ignorent qu'à la fin de cette guerre, l'État juif, qui se nomma dès lors lui-même "Israël" [8], avait conquis 78% de la Palestine – bien plus que ce qui avait été offert par le généreux plan de partition des Nations Unies – et qu'environ 750 000 Palestiniens étaient devenus des réfugiés; ils ignorent que plus de 400 villes et villages avaient été rasés et que l'on dessinait une nouvelle carte, sur laquelle la moindre localité, la moindre rivière, le moindre monticule recevrait un nouveau nom, un nom hébreu, et qu'en accord avec un tel projet, toutes les traces de la culture palestinienne seraient effacées; ils ignorent que, dans les faits, Israël (et les USA à sa suite) a nié pendant des décennies l'existence même de cette population, ce que Golda Meir [qui fut Premier Ministre d'Israël, NDT] proclama un jour en disant : « Un Palestinien ? Il n'y a jamais rien eu de tel ! » [9]


La plupart des Usaméricains ignorent qu'au cours de la Guerre des Six Jours en 1967, Israël conquit encore plus de terres et occupa les 22% de la Palestine qu'il avait délaissés en 1948 : la Cisjordanie et la Bande de Gaza; ils ignorent qu'Israël occupa également des terres appartenant à l'Égypte (qui furent ensuite restituées) et à la Syrie (qui sont encore sous occupation).


La plupart des Usaméricains ignorent qu'actuellement, des deux problèmes essentiels de ce conflit moyen-oriental qui persiste et s'accroît, le premier réside dans la tentative, inéluctablement nuisible, menée par le groupe sioniste d'origine coloniale, de maintenir un État à préférence ethnique sur un territoire où vivaient jadis 95% de musulmans et de chrétiens, qui ne sont pas autorisés à retourner chez eux, dans l'actuel "État juif", puisque les négociateurs israéliens refusent ne seraient-ce que de discuter, lors des négociations de paix, de la possibilité d'appliquer ce droit au retour garanti par les Nations Unies.


La plupart des Usaméricains ignorent que le second problème majeur réside dans la confiscation perpétrée par Israël de territoires palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, et dans la résistance palestinienne face à cette confiscation; ils ignorent que ce sont justement ces territoires occupés qui, selon les accords de paix d'Oslo signés en 1993, devaient devenir un État palestinien, et que c'est parce qu'Israël a continué à annexer des terres dans cette zone et à y implanter des citoyens israéliens [10] que la population palestinienne s'est rebellée et que cette révolte nommée "Intifada" (ce qui en arabe signifie "soulèvement") a commencé fin septembre 2000 et continue actuellement. [11]


La plupart des Usaméricains ignorent que, depuis le début de cette Intifada, 121 enfants israéliens ont été tués par des Palestiniens, 786 enfants palestiniens ont été tués par des Israéliens, 1084 Israéliens et 4171 Palestiniens ont été tués, 7633 Israéliens et 30670 Palestiniens ont été blessés, et que zéro maisons israéliennes ont été détruites par des Palestiniens tandis que 4170 maisons palestiniennes ont été détruites par Israël.


La plupart des Usaméricains ignorent que les USA donnent 15 139 178 dollars par jour au gouvernement et à l'armée d'Israël [12], et 232 290 dollars par jour aux ONG palestiniennes; ils ignorent que le taux de chômage est de 8,9% en Israël et qu'il est estimé entre 25% et 31% pour les Palestiniens.


La plupart des Usaméricains ignorent que seul un Israélien est retenu prisonnier par les Palestiniens, alors que 9599 Palestiniens sont actuellement emprisonnés par Israël; ils ignorent que plus de 60 nouvelles colonies réservées aux seuls juifs ont été construites sur des terres palestiniennes annexées, entre mars 2001 et le 11 juillet 2003, et qu’on n’a [évidemment, NDT] jamais constaté une confiscation de terres israéliennes ou une construction de colonies par des Palestiniens.


La plupart des Usaméricains ignorent que tous les juifs du monde ne soutiennent pas la politique nocive du groupe sioniste qui dirige l'État d'Israël, et que d'ailleurs, sans remonter loin dans le temps, le 21 septembre dernier, un groupe de rabbins juifs orthodoxes anti-sionistes a rencontré le président iranien Ahmadinejad afin de discuter de sujets d'intérêt commun.


Par dessus tout, la plupart des Usaméricains ignorent que les Nations Unies ont voté 65 résolutions contre Israël et son passé sanglant, et aucune contre les Palestiniens.


Alors, si la plupart des Usaméricains ne savent pas ce que les Usaméricains doivent savoir, la majeure partie du monde devrait-elle à présent nommer "Bêtas-Unis" les Etats-Unis ?


Remerciements : je suis profondément débiteur envers les administrateurs du site web "Si les Américains savaient" (http://www.ifamericansknew.org/index.html
); je me suis solidement basé sur leurs recherches, et ils ont fait leur l'objectif d' "informer et éduquer le grand public usaméricain sur des sujets d'importance majeure qui sont passés sous silence, sous-représentés ou déformés dans les médias usaméricains." Ils veulent faire savoir que "Nous, Usaméricains, par notre chèque en blanc donné à Israël, renforçons les éléments les plus détestables de la société israélienne et sapons les efforts de ceux qui travaillent à une nation juste, en paix et non discriminatoire. Nous sommes cause de violence dans cette région. Nous pouvons la faire cesser."
Chapeau à ces chercheurs de vérité.


Notes du traducteur

[1] "fairplay" dans l'original


[2] Il convient cependant de signaler au lecteur que, certes tous les juifs ne sont pas sionistes, loin de là, mais qu'également, tous les sionistes ne sont pas juifs, loin de là également ! Par exemple, nombre de sionistes usaméricains sont des chrétiens fondamentalistes. Ce qui explique que l'on puisse être sioniste et... antisémite.


[3] Au premier rang desquels le Président Harry Truman, qui s'opposa, lors des négociations préliminaires au vote de la résolution de partage à l'ONU, à Loy Henderson « directeur du Bureau du Proche-Orient et de l'Afrique au Département d'État, et directement responsable de la question palestinienne, [qui] était l'oracle de Marshall dans le conflit ». Le secrétaire d'État George Marshall qui était un « esprit totalement dénué d'a priori et uniquement préoccupé par les intérêts américains », et dont Ilan Pappé dit que « il est probable qu'il aurait [sans « la ferme consigne » de Truman] évolué vers la solution binationale ».
Citations extraites de Ilan Pappé « La guerre de 1948 en Palestine » Ed. 10-18, p. 60


[4] Il ne s'agit là, selon toute probabilité, que d'une formule rhétorique de la part de l'auteur, qui n'ignore évidemment pas que « le hasard fait bien les choses », et que la partition, pour déraisonnable qu'elle paraisse du point de vue (carto)graphique (et bien-sûr du point de vue palestinien), a fait l'objet d'un lobbying sioniste intense pour que l'État d'Israël bénéficie le plus possible des ressources naturelles (terres fertiles, façade maritime, eau douce) et artificielles (infrastructures construites ou améliorées par la puissance mandataire britannique, comme par exemple le port de Haïfa, seul port moderne d'Israël à l'époque) de la Palestine.


[5] Principe qui figure dans la Charte des Nations Unies. Selon la juriste Monique Chemillier-Gendreau, « aucun doute ne plane sur le fait que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes soit » « considéré comme une règle de droit impératif général. Cette catégorie [de droit] est celle qui se trouve placée au-dessus de toutes les autres. La convention de Vienne sur le droit des traités du 29 mai 1969 l'officialise. »
Citation extraite de Monique Chemillier-Gendreau « Le droit au secours de la paix en Palestine » ( http://confluences.ifrance.com/textes/26chemillier.htm )


[6] Il s'agit bien d'une guerre entre Arabes et Israéliens, et non entre Palestiniens et Israéliens, car les Palestiniens n'y eurent, tous comptes faits, qu'un rôle très marginal.
Voir à ce sujet Ilan Pappé « La guerre de 1948 en Palestine ».


[7] Entraînés en Europe, certes, mais pas précisément en vue de cette guerre israélo-arabe ! Étaient notamment entraînés ceux qui avaient déjà combattu lors de la Seconde guerre mondiale dans les armées alliées.


[8] Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël le 14 mai 1948, et fin du mandat britannique le 15 mai 1948.


[9] « There is no such thing as a Palestinian. »


[10] Ce qui est bien sûr rigoureusement illégal et criminel au regard du droit international (parmi la multitude d'actes illégaux et criminels perpétrés par Israël...).


[11] On parle souvent à son propos de « seconde Intifada », la première ayant débuté  fin 1987 - début 1988.


[12] En gros, le soutien financier usaméricain à Israël se chiffre aux environs de 110 milliards de dollars depuis 1948.


Fountainhead
Traduit de l’anglais en français par Xavier Rabilloud et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources. URL de cet article :http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1318&lg=fr

Sources:
http://www.ifamericansknew.org/
http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/506298.stm
http://www.nkusa.org/index.cfm

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans USA-ISRAËL

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