Blackwater: «des chiens de guerre», disent les Bagdadis
Blackwater: «des chiens de guerre», disent les Bagdadis
par Salam Faraj
Blackwater en Irak? «Des chiens de guerre enragés qui tuent des innocents dans la rue», s'emporte Hamid Hussein, retraité de 60 ans, assis devant sa maison.
Les habitants de Bagdad affichent sans complexe leur haine pour les employés des entreprises privées de sécurité étrangères, qu'ils voudraient voir «expulsés» au plus vite de leur pays.
La mort de dix Irakiens, tués dimanche dans un quartier sunnite de la capitale au cours d'un incident impliquant des employés de Blackwater qui protégeaient des diplomates américains, n'a fait que renforcer ce profond ressentiment.
Ces mercenaires d'un nouveau genre, circulant à tombeau ouvert en convois blindés surarmés dans les rues de la capitale, «ont le droit de tuer sur une simple suspicion», accuse Abou Ahmed, un fonctionnaire de 37 ans.
«Ils sont les maîtres et nous sommes devenus des étrangers dans notre propre pays», lâche-t-il d'un ton plein de rancoeur.
«Ce sont des occupants, ils sont comme les militaires américains et se comportent de la même manière», renchérit Mohammed Abdallah, chômeur de 32 ans, originaire du quartier de Mansour où a eu lieu l'incident.
Les Bagdadis redoutent le passage dans leurs rues de ces convois de blindés ou de lourds 4X4 aux vitres noires fumées, avec leurs tireurs harnachés de casques lourds et gilets pare-balles, postés sur des tourelles et qui pointent leurs mitrailleuses sur tout ce qui bouge.
Réputés pour leur brutalité, ils n'hésitent pas à ouvrir le feu indistinctement en direction des véhicules ou des piétons approchant imprudemment de leurs convois.
Les gardes de Blackwater en particulier sont connus pour lancer des grenades assourdissantes pour contraindre à l'arrêt les automobilistes distraits ou inconscients qui ignoreraient leurs injonctions.
«Allez voir sur Internet! Vous verrez plein d'images des forfaits de ces chiens d'Américains», souligne Ahmad, en référence à la multitude de vidéos mises en ligne qui montrent des gardes de ces sociétés ouvrant le feu en pleine rue pour stopper des véhicules civils.
«Ils ne respectent pas les Irakiens, ils percutent les voitures et tirent sur quiconque les approche», raconte un policier chargé de la circulation sur un rond-point dans le centre de Bagdad.
«Mais nous ne pouvons rien faire face à eux, même le gouvernement irakien ne peut les empêcher d'agir comme des barbares», enrage un soldat, kalachnikov en bandoulière.
La loi N.17, promulguée le 27 juin 2004 par l'administrateur américain Paul Bremer, prévoit une «immunité» sous conditions pour les employés des compagnies de sécurité travaillant en Irak.
Entre 30.000 et 50.000, ceux qui aiment à se désigner sous l'acronyme de «PSD» (Private Security Detail), constituent la deuxième armée étrangère en Irak après les troupes américaines.
De nombreux Bagdadis les surnomment plus simplement les «Mossad», du nom des services secrets israéliens, exprimant ainsi leur vindicte envers l'État d'Israël et son allié américain.
L'incident de dimanche «n'est pas le premier du genre», rappelle Sarmad Abdul-Rahman, chômeur de 40 ans, «mais c'est la première fois que cela apparaît dans les médias», remarque-t-il.
Cette affaire «révèle une nouvelle fois les mensonges américains et ceux du gouvernement irakien quand ils parlent de souveraineté».
L'enquête ordonnée par les autorités irakiennes «aboutira-t-elle à une expulsion effective de Blackwater?», se demande Ali al-Saadi, 59 ans, qui affirme lui-même avoir été la victime d'une bavure des «Mossad».
La révocation de leur licence «est une bonne chose», juge ce propriétaire d'une petite boutique de matériels agricoles, dont la vitrine aurait été brisée par des tirs de PSD.
«Mais il faudrait faire la même chose pour toutes les compagnies de sécurité privées», souligne Ali, qui prévoit après les dix «martyrs» de dimanche une multiplication des attaques contre ces sociétés étrangères.
Sources Cyberpresse
Posté par Adriana Evangelizt