Défense antimissile: le saule, la mouche, le cactus et la taupe

Publié le par Adriana Evangelizt

Défense antimissile: le saule, la mouche, le cactus et la taupe

Par Andreï Kisliakov, RIA Novosti



"Malheureusement, la question de la confrontation avec la Russie, y compris la confrontation directe, n'a pas encore été levée par nos partenaires au sein du Pentagone", a déclaré aux journalistes à la mi-décembre, lors d'une conférence de presse à RIA Novosti, le général d'armée Iouri Balouïevski, chef d'état-major général des forces armées russes. Le problème réside, selon lui, dans les projets américains de déploiement de la défense antimissile (ABM) "que nous considérons comme un système stratégique global de défense antimissile". M. Balouïevski craint que ce système, introduit dans la "triade" nucléaire américaine, n'accroisse substantiellement sur le plan informationnel le potentiel des Etats-Unis en matière de prévention des frappes nucléaires, ce qui conduira à un déséquilibre stratégique entre les deux pays.

Mais les faits attestent que, du point de vue purement militaire, les progrès enregistrés de nos jours dans le domaine de la défense antimissile ne menacent pas le potentiel russe de missiles nucléaires stratégiques. Plus précisément, cela ne se produira pas dans un proche avenir. Cet optimisme de la Russie se fonde sur la doctrine élaborée il y a plusieurs dizaines d'années relative aux armes nucléaires stratégiques. De plus, le programme de création de moyens modernes russes de défense antimissile ajouté aux mesures traditionnelles de rétorsion assure une réponse efficace et adéquate à la mise en oeuvre des programmes étrangers de défense antimissile.

Les forces aériennes ont officiellement annoncé à la mi-décembre le développement de systèmes de défense antimissile de cinquième génération qui seront capables de riposter aux attaques lancées à partir de l'espace. Cela permet de tirer la conclusion que les militaires russes sont en train de concevoir une défense antimissile de théâtre capable de protéger une région concrète. En outre, un système défensif judicieusement conçu selon le "principe territorial" permettra de créer un complexe antimissile russe unifié.

Il faut dire que l'URSS et la Russie, qui lui a succédé, restent pour l'instant les seuls Etats à avoir réussi à mettre en service opérationnel un système efficace de défense antimissile. En 1954, conformément à un arrêté gouvernemental spécial, l'Union soviétique avait abordé des travaux de grande envergure en vue de concevoir une défense antimissile. Ces travaux, d'ailleurs, ne partaient pas de zéro. Vers ce moment, le collectif du KB-1 (bureau d'études) fondé par Staline avait assuré le déploiement d'une défense antiaérienne presque impénétrable afin de protéger Moscou. Ce système appelé S-25 pouvait faire face à un raid en étoile (venant de toutes les directions) trois fois plus puissant que celui lancé à la fin de la Seconde Guerre mondiale par l'aviation anglo-américaine et qui avait rasé Dresde de la surface de la terre.

Le Constructeur général de la défense antimissile soviétique était Grigori Kissounko. Il faut souligner que l'idée de la défense antimissile avait été freinée dès le début à cause du caractère grandiose de ses missions. Ainsi, trois ans avant le premier essai réussi d'interception de la tête d'un missile balistique au printemps 1961, le Comité central du PCUS avait promulgué un arrêté sur la création de la défense antimissile A-35 couvrant toute la région de Moscou. L'objectif de couvrir l'ensemble du pays avait été posé bien avant les essais de l'A-35. En fin de compte, ce système inachevé n'était devenu opérationnel qu'en été 1971.

Apparemment, l'absence d'une idée précise sur le programme national de défense antimissile avait propulsé au premier plan la mise au point de moyens de surmonter la défense antimissile (ennemie) et permis à la Russie d'occuper au début du nouveau millénaire une position de leader dans ce domaine.

Aussitôt après les essais susmentionnés de la défense antimissile en 1961, lorsque le leader de l'URSS Nikita Khrouchtchev déclara, en recourant comme toujours au bluff: "notre missile pourrait atteindre une mouche dans l'espace", Grigori Kissounko décida d'accélérer les travaux de création de moyens assez peu onéreux permettant de franchir la défense antimissile. C'étaient, entre autres, des revêtements absorbant les ondes destinés aux têtes de missiles, des leurres et des stations de brouillages actifs.

Le système "Cactus" en faisait partie. Il s'agissait d'une enveloppe à base des films semi-conducteurs ou ayant une structure en épines, d'où son nom. Ce revêtement placé sur la tête du missile réduisait de plusieurs fois sa détection au radar.

Les fausses cibles pneumatiques de type Verba (saule) se présentaient sous la forme d'une cassette contenant des réflecteurs dipolaires fabriqués en pellicule synthétique métallisée qui se séparaient dans l'espace. Les réflecteurs se gonflaient uniquement grâce à l'air entré lors de leur emballage.

Les appareils de brouillages actifs (station Krot - "taupe") étaient destinés à émettre des ondes sonores en réagissant à chaque impulsion radar ennemie. Des stations de lutte contre les radars de détection des cibles à grande distance et contre les radars de guidage des missiles antimissiles de l'adversaire avaient été conçues et testées avec succès.

De nos jours, en plus des moyens indiqués, les Troupes russes de missiles stratégiques qui ont eu 48 ans le 17 décembre utilisent des réalisations récentes destinées à franchir le système de défense antimissile, par exemple, les ogives à guidage individuel testées il n'y a pas longtemps. Les lancements de missiles antimissiles courte portée, destinés à protéger telle ou telle région ou un ouvrage spécifique et qui avaient commencé à l'époque soviétique (1983) se poursuivent jusqu'à présent. Les deux derniers lancements ont été effectués les 11 et 30 octobre.

Bref, la combinaison d'un puissant parc de missiles balistiques et de croisière dotés de moyens permettant de franchir la défense antimissile et d'un système perfectionné de défense antimissile de théâtre permettra à la Russie de créer un complexe stratégique moderne de missiles nucléaires très efficace et résistant.

Sources Ria Novosti

Posté par Adriana Evangelizt


Publié dans Poutine Bush

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