Les USA refusent de fermer Guantanamo

Publié le par Adriana Evangelizt

Pour dire qu'ils se foutent vraiment de l'ONU et de la communauté internationale, ils refusent de fermer Guantanamo. Et gageons que là derrière plane l'ombre monstrueuse de Cheney...

"Les Etats-Unis commencent à s'inquiéter"

par Geneviève Sevrin,
présidente d'Amnesty France


Un rapport de l'ONU recommande la fermeture du camp américain de Guantanamo. Pourquoi seulement maintenant?

- Le silence des Nations unies sur la question était tout à fait anormal. Mais de nombreux facteurs ont décidé l'ONU à publier ce rapport: la situation de non-droit dans laquelle se trouvent les prisonniers, les détentions arbitraires, les tortures, l'affaire des vols et des prisons secrètes… La coupe était pleine!
Pour nous, le contenu du rapport n'est pas une surprise. Amnesty International avait à plusieurs reprises dénoncé les pratiques qui ont cours à Guantanamo. Nous aboutissons aux mêmes conclusions: il faut reconnaître aux combattants emprisonnés un statut de prisonniers de guerre et leur
appliquer les conventions de Genève. Il faut connaître les chefs d'inculpation pesant sur les prisonniers et organiser un vrai un procès. Et dans les cas où il n'y a pas d'inculpation, il faut libérer les prisonniers et les indemniser.
Il est à nos yeux important que l'ONU utilise dans son rapport le terme de "torture". Il y a aujourd'hui un nouveau vocabulaire qui vise à banaliser ces actes, en parlant par exemple de "privassions sensorielles", d'environnement contraint".

Mais il s'agit bien de tortures. Il y a les tortures "classiques": lumière en permanence, musique très forte, qui sont de nature à entraîner des troubles psychologiques. Il y a eu également des sévices sexuels, avec des animaux ou des militaires femmes qui simulent un accouplement, ce qui est particulièrement humiliant pour des prisonniers musulman. Sans oublier des soldats américains ont confirmé que le Coran a été souillé. Ainsi, ces tortures ne consistent pas toujours en des actes de violences, mais en de nombreuses tortures psychologiques.
Enfin, quand les Etats-Unis ne peuvent pas eux-mêmes pratiquer la torture, des alliés peuvent s'en charger, en Egypte par exemple. Qu'une démocratie comme les Etats-Unis, porteuse de valeurs de liberté, ait recours à la torture et l'encourage nous parait symptomatique. Le ministre de la justice américain lui-même a ainsi affirmé qu'il était souhaitable de contourner les conventions de Genève.

L'administration américaine conteste l'existence de tortures, tandis que ses avocats sont intervenus pour défendre la théorie qu'"un étranger combattant détenu en dehors des Etats-Unis (…) ne bénéficie pas de la protection constitutionnelle".
La bataille se place sur le terrain du droit. N'est-ce pas bon signe?


- Les auteurs du rapport de l'ONU n'ont pas eu accès la base de Guantanamo. Ils se fondent sur des témoignages de prisonniers libérés. S'il n'y avait eu qu'un seul témoignage, le doute aurait été permis. Mais les études s'appuient sur des dizaines de prisonniers qui dénoncent, sans s'être concertés, dans des pays différents, les mêmes actes de torture. Il y a des dizaines de témoignages concordants! De plus, il n'y a pas de raison qu'à Guantanamo, à l'abri des regards, les Américains respectent les Droits de l'Homme quand des photographies ont montré qu'il y a eu des tortures dans les prisons de Bagram en Afghanistan ou à Abou Ghraib en Irak. Et puis si les Etats-Unis sont si tranquilles, qu'ils ouvrent Guantanamo!
Plusieurs éléments indiquent que les Etats-Unis commencent à s'inquiéter. Ils ont révélé que plus de la moitié des prisonniers de Guantanamo étaient en grève de la faim, avec en conséquence des risques de décès, ce qui ferait mauvais genre. Le fait que des prisonniers aient pu déposer un dossier devant la cour suprême américaine est également un tournant important.
L'administration cherche à leur mettre des bâtons dans les roues: c'est le signe d'un profond malaise. Le fait qu'une Cour suprême puisse éventuellement reconnaître que l'administration a violé les conventions de Genève marquerait un cap.

Ces développements entrainent-ils une prise de conscience, dans la société américaine, de la réalité du camp de Guantanamo?

- Oui, depuis la parution du rapport d'Amnesty International en mai 2005, il y a une certaine prise de conscience. Nous avions parlé de "Goulag", ce qui avait eu l'effet d'une bombe. Guantanamo se rapproche en effet du Goulag soviétique, dans le sens où il s'agit d'un système de non-droit, à l'abri des regards, sans statut officiel. En outre, le fait que l'on associe Guantanamo à un archipel de prisons secrètes ainsi qu'à l'affaire des vols secrets, qui a entraîné les protestations de plusieurs gouvernements dont la France et l'Allemagne, a aussi fait réagir. Un certain nombre d'élus démocrates, mais également républicains, ont interpellé le gouvernement américain. Et derrière ces élus, il y a un élan citoyen. Mais la situation est complexe. Pour le moment, il reste difficile de se dire optimiste.

Sources : Nouvel Observateur

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Fermeture de Guantanamo : les Etats-Unis répliquent

Pour Washington, accusé par l'ONU de "traitements inhumains dans la prison, les détenus sont de "dangereux terroristes", et le rapport demandant la fermeture du camp n'est que du "réchauffé".

La Maison Blanche a refusé jeudi 16 février la fermeture du camp de Guantanamo, demandée par un rapport de l'Onu, et a rejeté les accusations de torture comme un "réchauffé" d'allégations de la part des "terroristes" détenus.


"Rien n'a changé" dans la position américaine quant à une fermeture du camp, a répondu à la presse le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan.

"Rien n'a changé" dans la position américaine quant à une fermeture du camp, a répondu à la presse le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan.


"Les gens qui se trouvent là-bas et dont nous parlons sont de dangereux terroristes", a-t-il dit, réagissant à un rapport publié jeudi et rédigé par des experts indépendants désignés par la Commission des droits de l'Homme de l'Onu.


Selon le rapport, "les conditions générales de détention" à Guantanamo, dont la durée de la détention et l'isolement, "équivalent à un traitement inhumain" des prisonniers.
Dans certains cas, les traitements infligés aux détenus "s'apparentent" à des tortures.
Le rapport recommande la fermeture de Guantanamo sans plus tarder et le transfert des détenus vers des prisons aux Etats-Unis.
Les militaires en charge du camp "traitent les détenus humainement", a répondu Scott McClellan.

"Du réchauffé"

"Nous savons que les détenus membres d'Al-Qaïda ont été entraînés à répandre de fausses allégations", a-t-il dit.
Certains des points contenus dans le rapport de l'Onu, "d'après les informations que j'ai vues, sont un réchauffé d'allégations faites par des avocats pour le compte de certains des détenus", a-t-il dit.
Il a redit que les Etats-Unis avaient accordé un "plein accès" au camp au Comité international de la Croix-Rouge.
Les inspecteurs de l'Onu avaient renoncé à une mission à Guantanamo quand les Etats-Unis leur avaient refusé de s'entretenir en tête-à-tête avec les détenus.

Fermer "sans délai"

Dans ses recommandations, ce rapport de 54 pages (annexes comprises) affirme que les Etats-Unis "devraient fermer les installations de détention de Guantanamo Bay sans délai supplémentaire" et transférer éventuellement les détenus vers des prisons aux Etats-Unis avant leur procès.
En attendant, le gouvernement américain doit "s'abstenir de toute pratique équivalant à de la torture ou à des traitements ou punitions cruels, dégradants ou inhumains" de ces prisonniers. "En particulier, ajoute le texte, toutes les techniques spéciales d'interrogatoire autorisées par le département de la Défense devraient être révoquées immédiatement".

"Tribunal international compétent"

Les suspects de terrorisme doivent être détenus dans des conditions qui respectent les principes du droit international, estiment les experts indépendants de l'ONU auteurs du rapport. "En conséquence, ajoute le texte, le gouvernement des Etats-Unis devrait soit juger rapidement tous les détenus de Guantanamo (...) soit les libérer immédiatement".
Le rapport préconise d'examiner aussi la possibilité de juger les suspects de terrorisme "devant un tribunal international compétent".
Toujours selon le document, Washington devrait renoncer à transférer ou extrader des détenus de Guantanamo vers des Etats "dans lesquels il y a des raisons valables de croire qu'ils risqueraient d'être torturés".
Selon les conclusions du rapport, qui avaient fait l'objet de fuites dans la presse ces derniers jours, "les conditions générales de détention" à Guantanamo, dont la durée de la détention et l'isolement, "équivalent à un traitement inhumain (et) violent les droits à la santé" des prisonniers.

"Offenses"

Dans certains cas, les traitements infligés aux détenus "s'apparentent à des cas de torture".
"Certaines techniques d'interrogatoire sont fondées sur une discrimination religieuse et visent à offenser les sentiments religieux des détenus", précise le texte.
Les auteurs du rapport dénoncent aussi "la violence excessive" utilisée lors du transport de prisonniers ainsi que l'alimentation de force des détenus observant une grève de la faim.
Le rapport a été rédigé par des experts indépendants désignés par la Commission des droits de l'homme de l'ONU, parmi lesquels le rapporteur spécial sur la torture Mandred Nowak et celui sur la détention arbitraire, Leila Zerrougui.
Les Etats-Unis avaient condamné par avance le rapport, estimant que ce document reposait sur des "on dit", aucun enquêteur de l'Onu n'ayant visité la prison qu'abrite cette base.

Sans procès

Quelque 500 prisonniers sont détenus sans procès à Guantanamo, pour la plupart capturés après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et certains sont en grève de la faim.
Les inspecteurs de l'Onu avaient renoncé à une visite prévue en décembre après que Washington a rejeté leurs conditions, dont des entretiens en tête-à-tête avec les détenus, pour la plupart des membres présumés des talibans et d'Al-Qaïda capturés en Afghanistan fin 2001.

Sources : NOUVEL OBSERVATEUR

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans TORTURE DES DETENUS

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