Cheney, mauvais chasseur et sale voleur

Où l'on apprend que la propriétaire du ranch était membre du conseil d'administration d'Halliburton lorsque Cheney en était PDG et que la fille de cette dernière fait du lobbying pour une firme ayant des contrats en Irak... voyez un peu la bande de mafieux qui se réunit le week-end et fait bombance sur le dos des gens qu'ils assassinent...

Feu à volonté sur "Cheney le chasseur" aux Etats-Unis

par Corine Lesnes

S'agissant de Dick Cheney, l'impopulaire vice-président américain, il ne fallait pas s'attendre à de grandes manifestations d'indulgence. Mais l'affaire dépasse toutes les prévisions. Depuis dimanche 12 février, le numéro deux de la Maison Blanche est étrillé par la classe politico-médiatique : non seulement, la veille, il a tiré sur un milliardaire de 78 ans en visant une caille lors d'une partie de chasse au Texas, mais il n'a laissé filtrer l'information que vingt-quatre heures après, dans la presse locale , comme s'il espérait que l'écho de la nouvelle ne dépasserait pas les frontières de l'Etat. L'incident lui a valu la "une" de tous les journaux et un éditorial du New York Times qui, pour une fois, n'était pas consacré à l'engouement de M. Cheney pour les méthodes d'interrogatoire musclées. "Le vice-président s'est apparemment comporté comme un adolescent qui pense que, s'il ne dit rien sur l'accident, personne ne s'apercevra que la portière de la voiture familiale a été arrachée", écrit le journal.

Une page entière ne suffirait pas à reproduire les plaisanteries dont a fait l'objet, en deux jours, l'homme qui a été l'un des principaux avocats du renversement de Saddam Hussein. "Cheney blâme une erreur des services de renseignement", a commenté l'humoriste Andy Borowitz. "On n'a pas attrapé Ben Laden, mais on a eu un avocat de 78 ans", a renchéri l'un des animateurs des émissions satiriques du soir, Dave Letterman. "Il paraît que Cheney a torturé le type pendant une demi-heure avant de lui tirer dessus", a ajouté son confrère Jay Leno. Le Washington Post a publié un dessin de caille sur une page criblée de plombs. Le sénateur démocrate Patrick Leahy, qui avait été insulté en plein Congrès par M. Cheney en juin 2004, a estimé qu'il s'en était "finalement bien tiré".

CHANGEMENT DE TON

Le ton a brusquement changé, mardi, lorsqu'il est apparu que la victime, Harry Whittington, un avocat d'Austin, avait eu une attaque cardiaque due à un plomb logé dans sa cage thoracique et descendu près du coeur. Les sarcasmes ont laissé place à des commentaires plus dramatiques sur la tournure que pourrait prendre l'affaire si le vice-président venait à être responsable d'un homicide involontaire. La Maison Blanche a dépêché des médecins à Corpus Christi, où M. Whittington est hospitalisé, à une centaine de kilomètres du ranch où l'accident s'est produit. Selon le cardiologue qui le soigne, M. Whittington aurait entre 5 et 200 morceaux de plomb logés dans le corps. Pour la première fois, M. Cheney est sorti de son silence pour souhaiter "un prompt rétablissement" au blessé.

La partie de chasse était organisée sur le ranch de la famille Amstrong, une grande famille républicaine du Texas, dont l'héritière, Ann Amstrong, a été ambassadrice à Londres, puis membre du conseil d'administration de la firme Halliburton, au moment où Dick Cheney en était devenu le PDG. Sa fille Katharine, qui fait du lobbying pour une firme ayant des contrats en Irak, était présente ainsi que l'ambassadrice américaine en Suisse, Pamela Willeford. Le shérif du comté a conclu à l'accident. Le sort du vice-président est suspendu à la santé de M. Whittington. Dans le pire des scénarios, un grand jury devra être réuni pour établir s'il y a eu négligence de la part de M. Cheney.

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt