Le camp des horreurs

Publié le par Adriana Evangelizt

Le camp des horreurs

par Tahar Selmi

«Quand les rats quittent le navire, le naufrage est imminent», dit un proverbe chinois. Aux Etats-Unis d’Amérique on n’en est pas encore là, même si la barque gouvernementale craquèle de toutes parts. Cependant, les dérives politiques, combinées à la boue des scandales qui font rage, acculent le pouvoir à lâcher prise sur de nombreux terrains.
La décision de la Maison-Blanche de rendre publique la liste des détenus de Guantanamo est une conséquence directe des lourdes pressions exercées suite à cet effroyable gâchis.
La nomenclature du Pentagone recense 558 prisonniers originaires de 40 pays dont 130 Saoudiens, 125 Afghans, 107 Yéménites, 25 Algériens, 22 Chinois, 10 Tunisiens et 10 Libyens. On trouve aussi des ressortissants du Tchad, des Maldives, de Russie ou d’Ouzbékistan, tous transférés d’Afghanistan à partir de janvier 2002. Parmi ceux-là, 38 ont été considérés comme n’étant «plus des combattants ennemis»; et 29 autres ont été remis à leurs pays d’origine pour y être jugés. Reste donc quelque 490 prisonniers dont le sort demeure incertain.
Contrairement aux prétentions du Pentagone, le décompte ne reflète pas le nombre exact des «pensionnaires» de Guantanamo, ni leur situation juridique. Au total, ce ne sont pas 558 mais au moins 750 personnes qui sont passées dans cet enclos carcéral. Qu’est-il advenu des 192 manquantes? Seuls dix terroristes présumés ont été inculpés et déférés devant les tribunaux militaires d’exception installés sur la base. Aucun procès n’a été mené à son terme.
On s’attendait à voir figurer dans cette liste le nom de plusieurs «gros poissons» jihadistes, proches de Cheikh Oussama Ben Laden et de Mollah Omar; on a eu droit à des «sous-fifres» sans aucune envergure, voire à de parfaits inconnus, la plupart ramassés chez eux, loin du champ de bataille, arrêtés illégalement, torturés et privés du droit à un jugement équitable.


Que n’a-t-on rapporté sur l’ineffable supplice enduré derrière les grilles de Guantanamo, cette prison qui fonctionne en marge des Conventions de Genève ! Des récits effrayants rapportés par des détenus relâchés sur l’extrême brutalité des traitements infligés par les geôliers américains, les humiliations physiques et les tortures psychologiques ont été corroborés par les rares organisations humanitaires qui ont pu pénétrer à l’intérieur de cette enceinte lugubre. Des traitements parfois à hauteur des atrocités nazies.
Comble de cruauté : comme si cela ne suffisait plus, Washington a inventé un procédé inédit de supplice : la «sous-traitance» de la torture, en envoyant des captifs se faire désosser dans les geôles de pays «amis» au Proche-Orient. Une enquête d’Amnesty International, rendue publique en octobre dernier, indique que la Central Intelligence Agency (CIA) enlève des suspects à travers le monde — en Italie, en Allemagne, en Suède et ailleurs — pour les livrer à des gouvernements pro-US, où ils peuvent être torturés sans limite.

Que n’a-t-on rapporté sur l’ineffable supplice enduré derrière les grilles de Guantanamo, cette prison qui fonctionne Des récits effrayants rapportés par des détenus relâchés sur ont été corroborés par les rares organisations humanitaires qui ont pu pénétrer à l’intérieur de cette enceinte lugubre.Comble de cruauté : comme si cela ne suffisait plus, Washington a inventé un procédé inédit de supplice : la «sous-traitance» de la torture, Une enquête d’Amnesty International, rendue publique en octobre dernier, indique que la Central Intelligence Agency


Plus récemment, des rapports ont montré que la CIA disposait d’un véritable réseau de prisons secrètes à travers le monde — qualifiées par Amnesty International de «goulags de notre époque» —, dont certaines «seraient» situées dans des pays de l’Union Européenne.

Plus récemment, des rapports ont montré que la CIA disposait d’un véritable réseau de prisons secrètes à travers le monde — qualifiées par Amnesty International


Disparitions, transferts secrets, tortures, tribunaux militaires, exécutions extrajudiciaires : autant de méthodes ordinairement appliquées par les régimes dictatoriaux que l’Administration américaine reprend à son compte. Une Administration qui prétend livrer une guerre planétaire contre les terroristes, mais qui emprunte, en fait, les mêmes procédés et suit un chemin similaire. Désavouant son vassal de mari, Chérie Blair a eu récemment le courage d’affirmer sans équivoque que «la torture peut être considérée comme le terrorisme d’Etat, employée pour les mêmes raisons que les terroristes emploient la violence, pour briser la volonté de ceux qu’ils ne peuvent pas convaincre par des moyens légaux». Rien n’est aussi clair et limpide.
«Nous ne torturons pas», affirme le pensionnaire de la Maison-Blanche. Nous aurions aimé le croire sur parole. Hélas, mille fois hélas ! N’avait-il pas affirmé, pour envahir l’Irak, que le régime du président Saddam Husseïn avait des liens avec le réseau d’Al-Qaïda ? Et que Bagdad possédait des «armes de destruction massive», deux gros mensonges sur la base desquels il a livré la guerre à ce pays, détruit son infrastructure et tué des milliers de ses habitants!

Sources : TUNIS HEBDO

Posté par Adriana Evangelizt

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