La stratégie des néoconservateurs derrière la guerre contre la terreur - 1ère partie

Publié le par Adriana Evangelizt

Alors voilà la première partie d'un rapport extraordinaire sur la stratégie des Cheney, Rumsfeld et compagnie...

 

La stratégie des néoconservateurs derrière la guerre contre la terreur

par Michel Nesterenko

1ère Partie

Résumé

 

Dès la fin de la présidence Reagan, en 1989, les néoconservateurs ont entamé une réflexion de fond qui a été le point de départ de la reconquête de la Maison-Blanche. Ils ont notamment analysé l'effondrement de l'Union soviétique comme le signe explicite de la supériorité du modèle libéral américain et, considérant que l'histoire leur avait donné raison, ils ont élaboré une doctrine pour renforcer le leadership des Etats-Unis sur le monde, par la force des armes si nécessaire. Les néoconservateurs de l’équipe du président Bush ont ainsi prévu de doter l’Amérique d’une armée sans égal pour les cent ans à venir. La vision politique de ces nouveaux conquérants est décrite dans un manifeste intitulé Project for a New American Century.

Mais pour dynamiser la nation américaine et la convaincre de consentir aux efforts nécessaires, il fallait un événement fort, un « Pearl Harbor ». Cette occasion inespérée leur fut offerte, incidemment, dès la première année du mandat Bush, par Oussama Ben Laden, le 11 septembre 2001. Les attentats de New York et de Washington ont rendu possible la réalisation de leur ambitieux projet. Cependant, pour le mener à terme, il leur est apparu indispensable de maintenir le pays sous pression. Les néoconservateurs ont alors instrumentalisé la peur engendrée par Al-Qaeda et les armes de destruction massives irakiennes. Grâce au Patriot Act, ils se sont affranchis de certaines limitations imposées par la Constitution. Cela a conduit à une restriction des libertés civiques dans le pays. Mais cela leur a permis d'accroître l'autorité de l'exécutif - principalement du Pentagone - et de multiplier les interventions militaires extérieures. Dans la logique interventionniste de l'administration Bush, le coût de la guerre contre le terrorisme est compensé par la création de l’industrie de la sécurité, la dynamique industrielle des achats militaires et les profits colossaux des entreprises du BTP et du pétrole.

Sous couvert de guerre à la terreur, le développement considérable du renseignement américain - étatique et privé - et l’imposition des normes de sécurité définies par Washington sur le commerce mondial, offrent à l’industrie américaine un avantage compétitif significatif. En toile de fond, l’occupation du Golfe persique par les forces armées américaines permet d’éviter une chute des prix du pétrole, ce qui rend rentable l'exploitation des gisements d'hydrocarbures présents dans les schistes bitumineux, aux Etats-Unis. Ces réserves devraient offrir à Washington plusieurs décennies d’indépendance énergétique, à la cadence de consommation actuelle.

Certains observateurs jugent à tort la politique de l'administration Bush comme irréfléchie ou erratique. Elle répond au contraire à une stratégie précise. Après cinq années de pouvoir, l’équipe néoconservatrice qui entoure le président Bush est en voie d’imposer sa vision du monde et de la "démocratie".

Préambule

Le présent rapport n'est pas une critique de la réaction des Etats-Unis à une tragédie qui les a frappés au cœur même de leur territoire et qui a fait plus de victimes qu'aucun autre attentat terroriste auparavant. Notre solidarité avec la nation américaine est totale face à la menace du nouveau djihadisme.

Les pages qui suivent analysent la manière dont l'administration Bush a exploité les événements du 9/11, en grande partie à l'insu du peuple américain et de ses élus, pour mettre en place une stratégie de domination mondiale conçue au cours de la seconde moitié des années 1990, dans les Think Tanks néoconservateurs.

Si nous nous inscrivons fermement en faux contre les théories conspirationnistes, dont certaines ont été jusqu'à attribuer la paternité d'une partie des attentats aux Américains euxmêmes, il nous semble intéressant de démontrer que, d'une manière totalement imprévisible, le djihad planétaire déclenché par Al-Qaeda a rendu possible la réalisation des objectifs du courant néoconservateur.

En effet, derrière le vocable de « Guerre contre la terreur » se cache une stratégie politicoéconomique d’ampleur planétaire. Quatre ans après les attentats de New York et de Washington, il est devenu possible d'en saisir plus distinctement les contours. Ce rapport a pour objectif d'expliquer comment les néoconservateurs de l'administration Bush ont tiré parti des événements tragiques du 11 septembre 2001 pour mettre en œuvre leur politique.

Après avoir rappelé les fondements de l'idéologie néoconservatrice, nous étudierons successivement l'exploitation du traumatisme en politique intérieure et ses conséquences pour la société américaine et les libertés civiques. Puis nous analyserons l'impact du 9/11 en matière économique et financière, avant de décrire la réaction américaine et ses conséquences pour l'économie internationale.

L'argumentation de cette étude se fonde sur un suivi régulier des sources américaines, notamment des documents et des déclarations des membres de l'administration Bush, y compris avant leur arrivée au pouvoir. En complément, nous avons exploité diverses estimations chiffrées du coût des attentats du 9/11, dans des secteurs aussi variés que la finance, les assurances, le transport aérien et le transport des marchandises. Ce rapport se fonde enfin sur le suivi quotidien - et le décryptage - de la politique de puissance américaine dans les domaines économique et militaire.

Fondements et acteurs de la stratégie néoconservatrice

Le "Project for a New American Century"

Le Project for a New American Century est l’association phare des néoconservateurs. Créée au printemps 1997, on y retrouve les grands ténors du gouvernement de George W. Bush : Jeb Bush, le frère du président et gouverneur de l’Etat de Floride ; le vice-président Dick Cheney ; Donald Rumsfeld, ministre de la Défense ; Paul Wolfowitz, ministre adjoint à la Défense ; Lewis Libby, chef de cabinet du vice-président ; Elliot Abrams, directeur au National Security Council ; Zalmay Khalilzad, directeur au National Security Council et ambassadeur en Afghanistan. En 1998 viendront se joindre à eux : Richard Perle, président du Defense Policy Board ; James Woolsey, membre du Defense Policy Board et ex-directeur de la CIA ; Robert Zoellick, US Trade Representative et ministre adjoint aux Affaires étrangères ; Robert Kagan1 et William Kristol2. Puis en 2001, Stephen Cambone, sous-secrétaire à la Défense pour le renseignement et Douglas Feith, sous-secrétaire à la Défense pour la politique, les rejoignent. La plupart de ces hommes se connaissaient auparavant et travaillaient ensemble depuis de nombreuses années.

Les néoconservateurs se réclament de la philosophie politique des universitaires Léo Strauss et Allan Bloom. Tous deux considéraient la guerre comme nécessaire pour dynamiser l’évolution politique nationale, restaurer les vertus et l’esprit civique. Bloom, un des mentors de Paul Wolfowitz3, dans son livre The Closing of the American Mind, rêvait de hiérarchie, d’exclusion et tenait des propos que certains pourraient qualifier de racistes, non seulement envers certaines minorités, mais aussi envers les femmes. Strauss, lui, avait une vision élitiste du monde et pensait que tous les hommes n’avaient pas été créés égaux, donc que certaines idées étaient dangereuses pour ceux qui n’avaient pas reçu une éducation particulière. Strauss comme Nietzsche redoutaient les risques inhérents à la vie facile de notre époque.

 

 

Pour ces néoconservateurs, à la fin des années 1990, la fibre patriotique américaine avait perdu tout son ressort sous la présidence Clinton. Il était grand temps de faire assumer à la nation son destin de phare de la civilisation occidentale, comme pour l’empire romain à son époque. Il fallait profiter de la phase unipolaire et des surplus budgétaires de l’époque Clinton pour dynamiser la société américaine et assurer sa suprématie pour les 100 ans à venir.

La Déclaration de principes du 3 juin 1997 souligne que le but de l’association est de développer « une armée qui est forte et prête à faire face aux défis du futur et à renforcer une politique étrangère volontariste et audacieuse pour promouvoir les intérêts américains à l’étranger… Il est important de contrôler les circonstances avant que n’advienne la crise, et de confronter les menaces avant qu’elles ne deviennent sérieuses1 ».

Le 26 janvier 1998 l’association envoie une lettre au président Clinton pour demander la destitution de Saddam Hussein par une action militaire à brève échéance. En septembre 2000 l’association publie son manifeste sous le titre : Rebuilding American Defenses. Il s’agit ni plus ni moins d’assurer la dominance planétaire de l’Amérique par la force des armes, et cela tout au long du XXIe siècle. Le Manifeste reprend les termes de la Déclaration de principe citée plus haut et ajoute : « Les forces armées américaines autour du monde sont la preuve visible de la réalité des Etats-Unis en tant que superpuissance2 (…) Le processus de transformation même s’il apporte des changements révolutionnaires sera sans doute long, sauf si un événement catastrophique et catalyseur venait à se produire – comme un nouveau Pearl Harbor3 ».

W. Kristol et R. Kagan, deux auteurs néoconservateurs, dans leur livre Present Dangers4, publié en 2000, citent à plusieurs reprises le président Roosevelt au sujet de la grandeur américaine : « Si nous devons être un grand peuple, nous devons jouer un grand rôle dans le monde. Si nous devons jouer un grand rôle dans le monde nous devons rechercher les conflits, imposer la volonté américaine, et réduire au silence ceux qui babillent de liberté et de l’assentiment des gouvernés5 ».

 

 

Le 11 septembre 2001 : quand l'histoire propulse une idéologie

En mai 2001, le vice-président Cheney prend la direction de la Task Force sur le terrorisme menaçant le territoire national. Il ne réunira jamais cet organisme6. En juin 2001, sept mois avant les attentats de septembre, Paul Wolfowitz donne une allocution à West Point dans laquelle il rappelle que 2001 est le 60e anniversaire du désastre américain à Pearl Harbor7. Depuis le début de l’année 2001, le programme de réarmement et de réforme de l’armée, prôné par le vice-président Cheney et le ministre de la Défense Rumsfeld est en panne à cause d’une fronde du Congrès, lequel profite de la résistance sourde de l’état-major interarmées. Le matin du 11 septembre, Donald Rumsfeld donne un petit-déjeuner au Pentagone pour convaincre les représentants républicains au Congrès de voter en faveur du programme de réforme proposé par l’administration. Avant la fin du petit-déjeuner, le premier avion s’écrase sur les tours du World Trade Center8. Ce même jour, le président Bush nota dans son journal : « Le Pearl Harbor du XXIe siècle a eu lieu aujourd’hui9 ». Quelques semaines plus tard le programme de réarmement est approuvé sans discussion ni modification.

Grâce à l'intervention d'Ussama Ben Laden et à l'horreur des actes commis, la stratégie des néoconservateurs allait pouvoir s'appliquer, en donnant à l’administration Bush l'occasion d'exploiter la menace constante de nouveaux attentats terroristes, afin de maintenir un climat de peur et obtenir les pleins pouvoirs.

Cette stratégie est mise en œuvre par une équipe d'individus ayant quasiment tous une solide expérience de dirigeant d’entreprise et une solide connaissance des rouages de la bureaucratie de Washington. Ces hommes ont pris le pouvoir politique grâce au talent électoral du président George W. Bush, lui-même fortement soutenu par les Chrétiens Born Again du Sud. Il est ainsi d'abord l'élu d'une coalition du complexe militaro-industriel et des intégristes chrétiens.

 

 

 

Le complexe militaro-industriel cherche avant tout les profits et à imposer l’hégémonie du système économique américain. Les Chrétiens Born Again appellent de leurs vœux la bataille finale d’Armageddon, annonciatrice de la seconde venue du Christ sur terre et de la montée aux cieux, de tous les croyants de cette communauté.

Au complexe militaro-industriel sont venues s’associer les grandes compagnies pétrolières. Il faut rappeler que la première tâche du vice-président en arrivant à la Maison-Blanche fut de réunir dans son bureau une commission de conseil sur l’énergie. La composition exacte et les minutes de cette commission ont été tenues secrètes par le vice-président, dérogeant ainsi à la coutume, si ce n’est à la loi. Les fuites et rumeurs à Washington laissent penser que tous les grands dirigeants des firmes pétrolières, que le vice-président connaissait personnellement, étaient présents. En effet, Dick Cheney avait quitté la présidence de Halliburton, la grande société de services pétroliers, seulement quelques mois auparavant.

 

 

 

Des forces armées au service de l'expansion économique

Vue de Washington, la sécurité de l’économie américaine sur le long terme passe par le contrôle des prix des sources d’énergie et en particulier du pétrole. Pour la première puissance militaire du monde, il n’est pas tolérable que la stabilité de son économie dépende des humeurs de quelques individus - non américains - à l’autre bout de la planète. Dès septembre 2001, les milieux pétroliers de Houston ont essayé de prendre le contrôle effectif de Yukos, numéro deux du pétrole Russe, en imposant un président et un directeur général américain.

La réforme du Pentagone, point d’orgue du credo néoconservateur, a pour but d'assurer la domination militaire de la planète pour des décennies. Il est possible d’affirmer que la « révolution des affaires militaires » imposée par le ministre de la Défense, Donald Rumsfeld, va continuer dans les années à venir. L’establishement militaire américain va se mettre au rythme de la guerre en réseau, le Network Centric Warfare. L’armée américaine va s’alléger pour pouvoir se projeter sur n'importe quel théâtre d'opérations de la planète en quelques heures. L'utilisation de l’informatique à tous les échelons va permettre de détruire des cibles identifiées en quelques minutes. Le fantassin va acquérir un blindage personnel climatisé, va se robotiser et pouvoir voir instantanément et communiquer dans toute la profondeur du champ de bataille. Ces améliorations de la productivité militaire sont considérables. Nous sommes au début de l’ère de la « guerre de l’information » que l’armée américaine commence à peine à entrevoir dans toute sa complexité. Il est désormais improbable que l’Europe puisse concurrencer un jour les Etats-Unis en matière militaire. Aujourd’hui c’est le terrorisme qui joue le rôle de catalyseur de la politique de puissance américaine : dans quelques années, ce sera la Chine qui reprendra ce rôle d’aiguillon, comme l’URSS en son temps.

Ainsi, les grandes entreprises américaines aidées par une armée et des services de renseignement omniprésents - grâce à la guerre contre le terrorisme - et des dirigeants politiques très actifs, ont déjà pris une sérieuse option pour le contrôle des réserves stratégiques mondiales.

Le but avoué des néoconservateurs est de barrer le chemin à la Chine dans sa recherche de sources d’approvisionnement nécessaires à son économie. Il est probable qu’une telle politique américaine se perpétue au-delà des huit années de la présidence Bush.

Depuis la Guerre d’Irak et les menaces militaires qui continuent à peser sur les pays du Golfe persique, il est clair que Washington contrôle largement la dynamique des prix pétroliers. Il faut rappeler que le but recherché n’est pas nécessairement un pétrole bon marché, mais plutôt un prix élevé relativement stable, qui ne soit plus soumis au diktat de l’OPEC. M. Barna, un porteparole du Pentagone, a déclaré : « Le chiffre magique pour tout cela est 30 de $ par baril ». Le « tout cela » c’est la mise en valeur des prodigieuses réserves en pétrole issues des schistes bitumineux aux Etats-Unis. Il faut comparer ces 30 $ aux 5 $ du coût d’extraction moyen en Arabie saoudite et en Irak, pour percevoir le chantage latent de l’OPEC vis-à-vis des intérêts américains. Le pétrole  étant un élément essentiel de l’économie occidentale, on comprend mieux la volonté de Washington de s'en affranchir.

Il faut rappeler que les réserves pétrolières de l’Amérique du Nord, contenues dans les schistes bitumineux des Montagnes rocheuses et au Canada, représentent près de 100 ans de consommation au rythme actuel. Avec des réserves chiffrées à 2 000 milliards de barils de pétrole (représentant 60 % des gisements mondiaux), les Etats-Unis deviendront, dans une quinzaine d'années, le premier producteur mondial face à l’Arabie saoudite et ses 261 millions de barils de réserves. C’est le Pentagone dirigé par le ministre néoconservateur Donald Rumsfeld, un proche du vice-président Cheney, qui va dynamiser la mise en production de cette richesse en consacrant une grande partie des 5,5 milliards de $ de ses achats annuels de carburants à du pétrole d’origine schisteuse1.

 

L'exploitation du 9/11 en politique intérieure

L'art de tirer parti des nouvelles peurs


Les guerres classiques étaient avant tout des guerres entre militaires où les civils n'ont été longtemps que des acteurs périphériques, même s'ils subissaient l'essentiel des conséquences des  conflits. Dans la guerre terroriste, la population est devenue la cible stratégique. L’attitude du  citoyen électeur doit donc être prise en compte car c’est elle qui à terme influera sur les politiques,  qui sont en première ligne. Contrairement à certaines idées préconçues dans la communauté des  hommes de Loi, il semblerait que le citoyen américain soit prédisposé à accepter la suspension de  certaines libertés constitutionnelles, afin que l'Etat garantisse sa sécurité. Pour mesurer les champs  d’action possibles des politiques, il faut analyser la psychologie du citoyen électeur.


Face au terrorisme, le citoyen a peur. Cette peur fait que le dialogue ne se passe pas dans un univers rationnel. Dans notre société de consommation hypermédiatisée le temps d’attention est en décroissance et la tendance à généraliser se développe. Le risque est perçu comme un « tout  ou rien » avec une focalisation sur le pire. Le citoyen a peur de ce qu’il ne contrôle pas. Ainsi, il  préfère conduire sa voiture, dont il se sent maître, alors que le transport par avion est statistiquement moins dangereux. Parallèlement, les médias ont compris que les informations compliquées sont mal ou pas perçues. « L’image est simple » d’où un format de journal télévisé ou  de communication grand public par images-choc. La simplification entraîne la stigmatisation et la  recherche de « l’émotion qui vend ». Les terroristes l’ont bien compris quand ils ont filmé la  totalité de l’attentat de la cantine de l’armée américaine à Mossoul en Irak, le 21 décembre 2004.  Cette peur du citoyen peut entraîner un risque d’exagération et de manipulation par les autorités,  comme c’est le cas aux Etats-Unis. Tandis que le gouvernement américain, dans sa fuite en avant  sécuritaire, se propose de surveiller tous les citoyens, ceux-ci, dans leur majorité, sont pressés de se  dévoiler pour prouver qu’ils n’ont rien à cacher, pensant ainsi bénéficier d’une sécurité totale. Face  à la peur, le citoyen cherche avant tout la sensation de sécurité même si celle-ci n’est qu’une  illusion (le blindage des portes de cockpit des avions en est l’exemple le plus flagrant).

Pour qui veut tirer parti de ce nouveau contexte, il fallait une occasion et un outil pour  propager la peur. Dans la situation américaine, ce sont les avions de ligne qui ont joué ce rôle.
C'est pourquoi le transport aérien de passagers aux Etats-Unis est entré dans une phase de mort  lente depuis le 12 septembre 2001. Ce n’est pas le choc économique temporaire, dû à la chute des  tours, qui a créé cette dépression, mais plutôt une politique sécuritaire excessive, voulue et  imposée, par les pouvoirs publics, uniquement au secteur du transport aérien des passagers. Les  transports ferroviaires, fluviaux, maritimes ou routiers ne subissent pas cette même folie  sécuritaire et se portent bien. Peut-être faut-il voir là une volonté non avouée de maintenir le  peuple américain dans son ensemble dans une peur latente. Pour beaucoup, l’avion a toujours été  une instrumentalité quelque peu mystérieuse dont on n’a pas le contrôle, contrairement à la  voiture. Aujourd’hui, tous les citoyens des petites villes américaines imaginent leurs bureaux  percutés par des avions suicide, à l'image des attentats du 11 septembre. Mais l'avion n'est pas  l'unique phobie qui conditionne l'opinion américaine : l'anthrax et les armes de destruction  massives sont deux autres éléments qui viennent alimenter la peur nationale.

(à suivre...)

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Robert Kagan – Senior Associate au Carnegie Endowment for International Peace, divers postes de responsable au State Department sous la Présidence Reagan et auteur du livre A Twilight Struggle : American Power and Nicaragua.

2 William Kristol – Éditeur du magazine de Washington The Weekly Standard .

3 Paul Wolfowitz : Phd. University of Chicago (1972); professeur à Yale University et Dean à John Hopkins University ; chercheur pour les Think Tanks Heritage Foundation, Hudson Institute et Rand Corporation ; ambassadeur en Indonésie, divers postes au State Department et au Defense Department, ainsi que pour l’Arms Control and Disarmement Agency ; consultant pour Northrop Grumman. President de la Banque mondiale depuis 2005.

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1 Project For A New American Century, Statement of Principles, June 3, 1997.

2 Project For A New American Century, Rebuilding American Defenses, September 2000, p.14.

3 Ibid., p.51.

4 Kagan, Robert, William Kristol, Present Dangers – Crisis and Opportunity in American Foreign and Defense

Policy, Encounter Books, 2000.

 

 

 

5 Norton, Anne, Leo Strauss and the Politics of American Empire, Yale University Press, 2004, p.189.

6 Mann, James, Rise of the Vulcans, Viking, 2004., p.292,

7 Ibid, p. 291.

8 Ibid, p. 306.

9 Woodward, Bob, Bush at War, Simon & Schuster, 2002, p.37.

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1 Wall Street Journal, In Oil Quest U.S. Says Rock On, March 10, 2005.

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