Il s'agit d'une opération américaine exécutée par Israël

Publié le par Adriana Evangelizt

Un extrait d'un dossier complet sur les préparatifs en coulisse de la guerre au Liban exécutée par Israël mais supervisée par les USA... voir aussi la partie consacrée aux armes à l'uranium appauvri utilisée par Israël au Liban et à Gaza... ah il est beau le monde que nous prépare les sionistes confortablement installés dans leur bunker à Washington ! Ce n'est pas eux qui se prennent les bombes ou les katiouchas sur le coin du baigneur, pour sûr. Non seulement ils génocident les Peuples autour d'Israël mais en plus, ils mettent aussi les Israéliens en danger. C'est dire le respect qu'ils ont pour le genre humain...

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Les néo-conservateurs et la politique du «chaos constructeur»

George W. Bush: «Il s’agit d’une opération américaine –

exécutée par Israël»

 

par Thierry Meyssan

journaliste et écrivain, président du Réseau Voltaire

A Washington et à Tel-Aviv, on se réjouit des opérations militaires en cours au Moyen-Orient. Selon l’expression de Con-doleezza Rice, les douleurs du Liban sont les «contractions de la naissance d’un nouveau Moyen-Orient». Pour les théori-ciens du «chaos constructeur», il est nécessaire de faire cou-ler le sang dans une région riche en hydrocarbures pour y im-poser un ordre nouveau. Plani.ée de longue date, l’offensive de Tsahal contre le Liban est supervisée depuis le département de la Défense des Etats-Unis.

Au cours de son point de presse au département d’Etat, le 21 juillet, Condoleezza Rice a été interrogée sur les initiatives qu’elle comptait prendre pour ramener la paix au Liban. Elle a alors répondu: «Je ne vois pas l’intérêt de la diplomatie si c’est pour revenir au status quo ante entre Israël et le Liban. Je pense que ce serait une erreur. Ce que nous voyons ici, d’une certaine manière, c’est le commencement, les contrac-tions de la naissance d’un nouveau Moyen-Orient et quoique nous fassions, nous devons être certains que nous poussons vers le nouveau Moyen-Orient et que nous ne retournons pas à l’ancien».1

Vu de Washington, ce qui se passe aujourd’hui au Liban n’a aucun rapport avec la récupération de soldats capturés par le Hezbollah. Ce dont il s’agit, c’est de la mise en pratique de la théorie longuement murie du «chaos constructeur». Selon les adeptes du philosophe Leo Strauss, dont la branche médiatique est connue sous la dénomination de «néo-conservateurs», le vrai pouvoir ne s’exerce pas dans l’immobilisme, mais au con-traire par la destruction de toute forme de résistance. C’est en plongeant les masses dans le chaos que les élites peuvent aspi-rer à la stabilité de leur position.

George W. Bush a dit à Jacques Chirac :

"Il ne s'agit pas d'une opération israélienne appuyée par les Etats-Unis, mais d'une opération étatsunienne exécutée par Israël."

Lors du sommet du G8 à Saint-Pertersbourg

Toujours selon les adeptes de Leo Strauss, ce n’est que dans cette violence que les intérêts impériaux des Etats-Unis se con-fondent avec ceux de l’Etat juif.

La volonté israélienne de démanteler le Liban, d’y créer un mini-Etat chrétien et d’annexer une partie de son territoire n’est pas nouvelle. Elle fut énoncée, en 1957, par David Ben Gou-rion dans une célèbre lettre, publiée en annexe de ses mémoi-res posthumes.2 Surtout, elle fut insérée dans un vaste projet de colonisation du Proche-Orient qui fut rédigé en 1996 sous le titre: Une rupture propre: une nouvelle stratégie pour sécuriser le royaume [d’Israël].3 Ce document, rédigé au sein d’un think tank néo-conservateur, l’IASPS, a été préparé un groupe d’ex-perts réuni par Richard Perle et remis à Benjamin Netanyahu. Il est représentatif de la pensée du sionisme révisioniste de Vla-dimir Jabotinsky.4 Il prévoyait:

• l’annulation des accords de paix d’Oslo,

• l’élimination de Yasser Arafat,

• l’annexion des territoires palestiniens,

• le renversement de Saddam Hussein en Irak pour déstabili-ser en chaîne la Syrie et le Liban,

• le démantèlement de l’Irak avec création d’un Etat palesti-nien sur son territoire,

• l’utilisation d’Israël comme base complémentaire du pro-gramme états-unien de guerre des étoiles.

Ce document inspira le discours prononcé le lendemain par Benjamin Netanyahu au Congrès des Etats-Unis.5 On y trouve tous les ingrédients de la situation actuelle: menaces contre l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, avec en prime la revendication d’annexion de Jérusalem-Est.

Ce point de vue rejoint celui de l’administration états-unienne. Le contrôle des zones riches en hydrocarbures que Zbignew Brzezinki et Bernard Lewis appelaient «l’arc de crise», c’est-à-dire l’arc rejoignant le Golfe de Guinée à la mer Cas-pienne en passant par le Golfe persique, suppose une redé. - nition des frontières, des Etats et des régimes politiques: un «remodelage du Grand Moyen-Orient», selon l’expression de George W. Bush. C’est ce nouveau Moyen-Orient dont Mlle Rice prétend être la sage-femme et qu’elle regarde naître dans la douleur.

L’idée est simple: substituer aux Etats hérités de l’effondre-ment de l’Empire ottoman des entités plus petites à caractère monoethniques, et neutraliser ces mini-Etats en les dressant en permanence les uns contre les autres. En d’autres termes, il s’agit de revenir sur les Accords conclus secrètement, en 1916, par les empires français et britanniques, dit Accords Sykes-Picot6 et de consacrer la domination désormais totale des Anglo-Saxons sur la région. Mais pour dé.nir de nouveaux Etats, encore faut-il détruire ceux qui existent. C’est ce à quoi s’emploient l’administration Bush et ses alliés depuis cinq ans avec un enthousiasme d’apprenti sorcier. Qu’on juge du résul-tat:

• La Palestine occupée a été rognée de 7% de son territoire; la Bande de Gaza et la Cisjordanie ont été séparées physi-quement par un mur; l’Autorité palestinienne a été ruinée,

ses ministres et ses parlementaires ont été enlevés et sont sé-questrés.

• L’ONU a enjoint le Liban de se désarmer en expulsant les forces syriennes et en dissolvant le Hezbollah; l’ancien Pre-mier ministre Ra.c Hariri a été assassiné et l’in.uence fran-çaise a disparu avec lui; les infrastuctures économiques du pays ont été rasées; plus de 500 000 réfugiés supplémentai-res errent dans la région.

• La dictature de Saddam Hussein a été remplacée en Irak par un régime plus cruel encore qui fait plus de 3000 morts par mois; en pleine anarchie, le pays est prêt à la fragmentation en trois entités distinctes.

• Le pseudo-émirat taliban a laissé place à une pseudo-démo-cratie où sévit toujours l’interprétation la plus obscurantiste de la charia, la culture du pavot en plus. De facto, l’Afgha-nistan est déjà divisée entre seigneurs de la guerre et les combats se généralisent. Le gouvernement central a renoncé à se faire obéir y compris dans sa capitale.

A Washington, les disciples de Leo Strauss, de plus en plus im-patients, rêvent d’étendre leur chaos au Soudan, à la Syrie et à l’Iran. Dans cette période transitoire, il n’est plus question de «démocratie de marché», juste de sang et de larmes.

Jacques Chirac, qui souhaitait intervenir au Liban pour y dé-fendre les derniers intérêts français et y avait envoyé son Pre-mier ministre Dominique de Villepin, a dû déchanter: lors du sommet du G8 à Saint-Petersbourg, George W. Bush lui en a fait interdiction en lui disant qu’il ne s’agissait pas d’une opé-ration israélienne approuvée par les Etats-Unis, mais d’une opération états-unienne executée par Israël. Du coup, M. de Villepin n’avait d’autre chose à déclarer à ses interlocuteurs à Beyrouth que de bonnes paroles et son impuissance.

Plus précisemment, le projet de destruction du Liban a été présenté par Tsahal à l’administration Bush, il y a un peu plus d’un an, comme l’a révélé le San Francisco Chronicle.7 Il a fait l’objet de discussions politiques au cours du Forum mondial que l’American Enterprise Institute organisait comme chaque année, les 17 et 18 juin 2006 à Beaver Creek. Benjamin Neta-nyahu et Dick Cheney s’en sont longuement entretenu en com-pagnie de Richard Perle et Nathan Sharansky. Le feu vert a été donné dans les jours suivants par la Maison-Blanche.

Les opérations militaires de Tsahal sont supervisées par le département états-unien de la Défense. Celui-ci détermine l’es-sentiel de la stratégie et le choix des cibles. Le rôle principal est imparti au général Bantz Craddock en sa qualité de com-mandant du South Command. Craddock est un spécialiste des mouvements de blindés, comme il l’a montré durant Tempête de blindés, comme il l’a montré durant Tempête du désert et surtout lorsqu’il a commandé les forces terrestres de l’OTAN au Kosovo. C’est un homme de con.ance de Do-nald Rumsfeld, dont il a dirigé l’état-major particulier et pour le compte duquel il a développé le camp de Guantanamo. En no-vembre prochain, il devrait être nommé commandant de l’Eu-ropean Command et de l’OTAN. A ce titre, il pourrait diriger la force d’interposition que l’OTAN pourrait déployer au Sud-Liban en plus de celles qu’elle a déjà installées en Afghanis-tan et au Soudan.

Les généraux israéliens et états-uniens ont appris à se con-naître, depuis une trentaine d’années, grâce aux échanges orga-nisés entre eux par l’Institut juif pour les affaires de sécurité na-tionale (Jewish Institute for National Security Affairs, JINSA), une association qui oblige ses cadres à suivre des séminaires d’études de la pensée de Leo Strauss.

Source: www.voltairenet.org/article142364.html du 25/7/06

1 «But I have no interest in diplomacy for the sake of returning Le-banon and Israel to the status quo ante. I think it would be a mis-take. What we’re seeing here, in a sense, is the growing — the birth pangs of a new Middle East and whatever we do we have to be certain that we’re pushing forward to the new Middle East not going back to the old one». Source: Special Brie.ng on Travel to the Middle East and Europe, Département d’État, 21 juillet 2006.

2 «Lettre de David Ben Gourion à Moshe Sharett sur la constitution d’un État maronite au Liban», document consultable dans la bi-bliothèque électronique du Réseau Voltaire.

3 A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm, IASPS, 8 juillet 1996. Une version abrégée est disponible sur le site de l’IASPS. Le contenu complet du document est connu par les compte rendus que le Guardian en .t à l’époque.

4 Le père de Benjamin Netanyahu, Ben-Zion Netanyahu était le se-crétaire particulier de Vladimir Jabotinsky, fondateur du sionisme révisionniste. Ehud Olmert appartient au même courant.

5 Discours au Congrès des Etats-Unis par Benjamin Netanyahu, 9 juillet 1996.

6 Ce traité secret fut signé le 16 mai 1916 par Sir Mark Sykes et François Georges-Picot, pour le Royaume-Uni et la France, puis approuvés par l’Italie et la Russie.

7 «Israel set war plan more than a year ago. Strategy was put in mo-tion as Hezbollah began gaining military strength in Lebanon» par Matthew Kalman, San Francisco Chronicle, 21 juillet 2006.

Sources : Horizons et débats

Posté par Adriana Evangelizt

 

Publié dans LIBAN

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