Irak: le gouvernement interdit une puissante société de sécurité américaine

Publié le par Adriana Evangelizt

Irak: le gouvernement interdit une puissante société

 de sécurité américaine


Le gouvernement de Bagdad a interdit lundi d'activité en Irak l'une des plus puissantes sociétés de sécurité privée américaine, qui assure notamment la protection de l'ambassade des Etats-Unis, après un incident meurtrier ayant coûté la vie à au moins huit Irakiens.


Blackwater emploie un large contingent de gardes du corps en Irak et a protégé, depuis l'invasion américaine de mars 2003, l'administrateur Paul Bremer, les ambassadeurs John Negroponte, Zalmay Khalilzad, et aujourd'hui Ryan Crocker.

"Le ministre de l'Intérieur (Jawad Polani) a ordonné l'annulation du permis de Blackwater et la société ne peut plus travailler en Irak", a annoncé le porte-parole du ministère, le général Abdul Karim Khalaf.

Cette décision intervient au lendemain d'un incident impliquant un convoi diplomatique américain protégé par Blackwater dans un quartier de Bagdad. Au moins huit Irakiens ont été tués lorsque les gardes de sécurité ont ouvert le feu dans des circonstances qui restent à déterminer.

"Une enquête criminelle est ouverte contre ceux qui ont commis des crimes (dimanche)", a ajouté M. Khalaf.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki avait auparavant condamné "une opération criminelle menée par une compagnie de sécurité étrangère".

Des témoins ont accusé les gardes du corps protégeant un convoi du département d'Etat américain d'avoir ouvert le feu sans retenue sur des civils, alors que ce convoi s'était cru pris à partie par des insurgés.

L'ambassade américaine "prend le problème très au sérieux", a réagi une porte-parole de l'ambassade, Mirembe Nantongo. "Nos discussions avec nos partenaires irakiens se poursuivent", a-t-elle assuré.

"Personne n'a encore été expulsé du pays", a simplement indiqué un autre porte-parole, W. Johann Schmonsees.

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a appelé lundi le Premier ministre irakien et l'a assuré que les Etats-Unis "enquêtaient sur l'évènement et voulaient obtenir une compréhension complète de ce qui s'était passé", a indiqué un de ses porte-parole Tom Casey. "Ils ont convenu de l'importance (...) d'avoir une enquête transparente", a-t-il ajouté

La société Blackwater n'avait pas encore réagi officiellement lundi.

Les circonstances de l'incident, survenu sur un voie très fréquentée en lisière du quartier majoritairement sunnite de Mansour, ont fait l'objet de déclarations officielles et de témoignages parfois contradictoires.

Selon le général Khalaf, "deux obus de mortier ont été tirés" au passage du convoi, et les échanges de tirs ont fait huit morts et 13 blessés.

L'ambassade des Etats-Unis à Bagdad a confirmé qu'"un convoi de véhicules de sécurité du département d'Etat a été impliqué dans un incident armé", évoquant simplement "une escalade des tirs".

Selon de nombreux témoins, dont des blessés, interrogés par l'AFP, l'escorte du convoi américain a ouvert le feu à l'aveuglette après qu'une explosion eut été entendue.

L'interdiction de Blackwater, si elle est appliquée, pourrait gêner les activités des officiels américains en Irak mais elle n'avait pas encore eu d'effet immédiat lundi.

La décision du ministère de l'Intérieur irakien traduit l'hostilité des autorités face aux puissantes sociétés de sécurité étrangères, qui agissent comme de véritables armées privées.

Réputés pour leur agressivité, souvent visés par les insurgés, ces mercenaires d'un nouveau genre sont haïs des Irakiens et connus pour ouvrir le feu indistinctement sur les véhicules ou les piétons approchant imprudemment de leurs convois.

Ils sont estimés entre 30.000 et 50.000, et forment le second contingent étranger après l'armée américaine.

L'interdiction de Blackwater s'inscrit également dans un contexte de tension croissante entre le gouvernement de Nouri al-Maliki et l'administration du président George W. Bush.

Elle apparaît comme un nouveau signe de l'irritation de M. Maliki, très critiqué à Washington pour son incapacité à résoudre la crise irakienne.

Sources EDICOM

Posté par Adriana Evangelizt

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