Une guerre à trois mille milliards de dollars

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Excellent article de Stiglitz... Admirez le bilan  et le coût de la démocratie importée par Bush et sa cohorte en Irak... la bagatelle coûte plus de trois mille milliards de dollars sans compter les pensions des dizaines de milliers de blessés, 4000 soldats morts, plus d'un million d'irakiens... les seuls qui se soient enrichis les sociétés privées de mercenaires et Halliburton.

A noter que Joseph Stiglitz s'est vu commander un travail sur l'économie par Sarkozy... 

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Une guerre à trois mille milliards de dollars

L’article de Joseph E. Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’économie en 2001

*Joseph E. Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’économie en 2001, est professeur d’économie à l’Université de Columbia et coauteur, avec Linda Bilmes, de The Three Trillion Dollar War : the True Costs of the Iraq Conflict.

 

par Joseph E. Stiglitz*



Avec le cinquième anniversaire, le 20 mars, de l’invasion de l’Irak menée par les États-Unis, il est temps de faire le point sur ce qui s’est passé. Dans notre dernier livre The Three Trillion Dollar War, Linda Bilmes, de Harvard, et moi-même estimons à 3 mille milliards de dollars (ou billions), au bas mot, le coût économique de la guerre pour les États-Unis et à 3 billions supplémentaires le coût pour le reste du monde – soit beaucoup plus que les coûts estimés par l’Administration Bush avant la guerre. L’équipe Bush n’a pas seulement trompé le monde sur le coût possible de la guerre, elle a aussi cherché à cacher ce coût une fois les opérations lancées.

Il n’y a rien de surprenant. Après tout, l’Administration Bush a menti sur à peu près tout le reste, des armes de destruction massive de Saddam Hussein à ses liens supposés avec el-Qaëda. Ce n’est, en fait, qu’après l’invasion américaine que l’Irak est devenu un repaire de terroristes.

L’Administration Bush avait dit que la guerre coûterait 50 milliards de dollars. C’est désormais le montant que les États-Unis dépensent en Irak tous les trois mois. Histoire de remettre les chiffres dans leur contexte : pour un sixième du coût de la guerre, les États-Unis pourraient remettre leur système de sécurité sociale confortablement sur pied pour plus d’un demi-siècle, sans réduire les allocations ou augmenter les cotisations.

En outre, en même temps qu’il partait en guerre, le gouvernement Bush a réduit les impôts pour les plus riches, et ce en dépit d’un budget déficitaire. En conséquence, il doit recourir à un financement par le déficit – constitué en grande partie d’emprunts à l’étranger –pour payer son intervention en Irak. C’est la première guerre de l’histoire des États-Unis dont les frais n’ont pas été reportés sur les impôts des citoyens, mais intégralement transmis aux générations futures. À moins que les choses ne changent, la dette publique américaine – qui était de 5,7 billions de dollars lors de l’investiture de Bush – sera plus élevée de 2 billions à cause de la guerre (sans compter l’augmentation de 800 milliards réalisée sous Bush avant la guerre).

Incompétence ou malhonnêteté ? Sans doute un peu des deux. En raison du système de comptabilité de caisse en vigueur aux États-Unis, l’Administration Bush s’est polarisée sur les dépenses actuelles sans penser aux dépenses futures, notamment aux pensions d’invalidité et aux soins médicaux pour les futurs vétérans. Ce n’est que des années après le début de la guerre que le gouvernement a commandé des véhicules spécialement blindés qui auraient sauvé les vies des nombreux soldats tués par les bombes disposées au bord des routes. Le refus d’introduire un nouveau contingent et les difficultés de recrutement pour cette guerre impopulaire ont forcé les troupes à deux, trois ou quatre déploiements particulièrement éprouvants.

Le gouvernement a tenté de cacher le prix de la guerre au public américain. Des groupes de vétérans ont dû faire appel au Freedom of Information Act (loi sur la liberté d’information) pour découvrir le nombre total de blessés – 15 fois celui des morts. Quelque 52 000 vétérans de la guerre d’Irak souffrent déjà de syndromes de stress post-traumatique. On estime que les États-Unis devront fournir des pensions d’invalidité à 40 % des 1,65 million de soldats déjà déployés. Et, bien entendu, cette hémorragie continuera aussi longtemps que la guerre durera, avec au final une facture de plus de 600 milliards de dollars (à son cours actuel) en soins médicaux et pensions d’invalidité.

L’idéologie et la soif de profits ont également joué un rôle certain dans l’augmentation du coût de la guerre. Les États-Unis ont fait appel à des opérateurs privés, qui n’ont pas été bon marché. Un « garde » de la société militaire privée Blackwater Security coûte plus de 1 000 $ par jour, sans compter les pensions d’invalidité et l’assurance-vie, qui sont payées par le gouvernement. Lorsque le taux de chômage en Irak a augmenté de 60 %, il aurait été sensé d’embaucher des Irakiens, mais les entrepreneurs ont préféré importer une force de travail bon marché en provenance du Népal, des Philippines et d’autres pays.

Cette guerre n’a profité qu’aux compagnies pétrolières et aux sociétés de défense. Le prix de l’action Halliburton, ancienne société du vice-président américain Dick Cheney, est monté en flèche. Pourtant, même en se tournant de plus en plus vers des entreprises privées, le gouvernement a réduit sa surveillance.

C’est l’Irak qui a le plus souffert de cette guerre mal gérée. La moitié des médecins du pays ont été tués ou ont fui l’Irak, le chômage s’élève à 25 % et, cinq ans après le début de la guerre, Bagdad n’a toujours pas plus de huit heures d’électricité par jour. Sur une population irakienne totale de 28 millions de personnes environ, 4 millions ont été déplacées et deux millions ont fui le pays.

Les milliers de morts violentes ont insensibilisé la plupart des Occidentaux à ce qui se passe sur place : un attentat faisant 25 morts ne semble plus digne de passer aux informations. Les études statistiques des taux de mortalité avant et après l’invasion en disent long sur la triste réalité. Elles suggèrent, en effet, des morts additionnelles passant d’environ 450 000 durant les 40 premiers mois de la guerre (dont 150 000 morts violentes) à 600 000.

Considérant la manière dont tant de personnes souffrent en Irak, il peut sembler déplacé de parler de coûts financiers. Et il peut sembler particulièrement nombriliste de se concentrer sur les coûts financiers pour les États-Unis, qui se sont lancés dans cette guerre en violation des lois internationales. Mais les coûts financiers sont énormes et ont des répercussions qui vont bien au-delà des prévisions budgétaires. J’expliquerai le mois prochain comment la guerre a contribué aux malheurs économiques actuels des États-Unis.

« Il n’existe pas de repas gratuit » dit l’expression américaine. Il n’existe pas non plus de guerre gratuite. Les États-Unis – et le reste du monde – paieront le prix de celle-ci durant des décennies encore.

Sources L'orient le jour 

L'Irak, une guerre à trois mille milliards

 de dollars


La guerre en Irak va coûter au moins trois mille milliards de dollars aux Américains, selon le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz. Son coût dépasse déjà celui de la guerre du Vietnam, longue de douze ans, et représente plus du double de celle de Corée.

Cette estimation ne prend pas en compte les dépenses à long terme comme les soins aux vétérans, précise le prestigieux économiste américain dans un livre écrit avec Linda Bilmes, professeur à Harvard. Elle est nettement supérieure à celle du bureau du budget du Congrès américain (CBO), qui estime que les dépenses liées aux guerres menées par les Etats-Unis atteindront entre 1200 et 1700 milliards d'ici 2017.

Après cinq ans de guerre en Irak, les dépenses courantes américaines consacrées à la guerre devraient s'élever à plus de 12,5 milliards par mois en 2008, contre 4,4 milliards en 2003. Avec la guerre en Afghanistan, ce total atteint 16 milliards mensuels, soit le budget annuel de l'ONU, font valoir les auteurs.

Joseph Stiglitz et Linda Bilmes calculent que mille milliards de dollars, soit un tiers du coût total estimé de la guerre, auraient pu financer la construction de huit millions de logements, le recrutement de quinze millions de professeurs, les soins de 530 millions d'enfants, des bourses d'études pour 43 millions d'étudiants, et une couverture sociale aux Américains sur les cinquante prochaines années.

"Ces chiffres nous semblent être exagérés", et les auteurs du livre "prennent en compte tout et n'importe quoi" dans leur calcul, a réagi lundi un porte-parole du Pentagone. Selon le département de la Défense, 527 milliards de dollars ont été alloués de septembre 2001 à fin décembre 2007 au financement de la guerre contre le terrorisme, dont 406,2 à la guerre en Irak, 92,9 pour l'Afghanistan, et 28 milliards pour la sécurité nationale.

Sources Bluewin

Posté par Adriana Evangelizt

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