La chute du dollar entraîne des inquiétudes

Publié le par Adriana Evangelizt

La chute du dollar entraîne des inquiétudes en chaîne

par Ingrid Vergara

Recul des bourses du monde entier, monnaies étrangères plus chères, correction des métaux industriels, inquiétude des investisseurs: la faiblesse actuelle du dollar se répercute sur l'ensemble de l'économie.

Le dollar américain fait tousser les bourses du monde entier. Alors que les indices n'en finissaient pas de battre des records, pour certains vieux de 4 ans, les marchés américains, européens et asiatiques ont encore fortement reculé lundi. A Paris, l'indice CAC 40 a ainsi perdu 1,7% en clôture. Le cours de tous les métaux ont également plongé - la tonne de cuivre a par exemple perdu 9% depuis son record de jeudi, l'once d'or a cédé 6% -, entraînant dans leur sillage les actions des sociétés minières. Le pétrole quant à lui a reculé de 2,50 dollars, à moins de 70 dollars le baril à New York.

Si les facteurs sont multiples, le principal responsable est bien la chute de la monnaie américaine face aux grandes devises étrangères. Celle-ci a démarré lentement en avril et s'est accélérée depuis la réunion de la Réserve fédérale américaine mercredi dernier. Lundi, l'euro a touché son plus haut niveau depuis un an à près d'1,30 dollar. Depuis le 20 avril, la monnaie européenne s'est renchérie de 4% par rapport au dollar. Plus durement touchée, la monnaie japonaise, le yen, a gagné 6% face au billet vert en trois semaines. Même le yuan chinois a passé lundi le cap symbolique de 8 contre un dollar, son plus haut niveau depuis la réévaluation de juillet dernier. 

Pourquoi ce mouvement? Jusqu'ici, la monnaie américaine s'appuyait pour rester forte sur la perspective d'une hausse des taux d'intérêt américains. Or cette béquille pourrait bientôt disparaître, comme l'a laissé entendre le patron de la Fed.
Du coup, les marchés sont convaincus que la baisse du dollar va être utilisée par les Etats-Unis pour réduire leur abyssal déficit extérieur. Un dollar faible permet en effet aux Américains d'augmenter leurs exportations et de diminuer à la fois leurs importations, en rendant les produits étrangers plus chers, même si cela augmente aussi la facture pétrolière. A en croire un article du Wall Street Journal, publié lundi, l'entourage du président Bush se montre plutôt content de voir le dollar filer doucement, avec la perspective de voir le déficit se résorber sans effort. 

Pour les autres pays, les conséquences sont nettement moins positives. A commencer par le Japon, dont les grands exportateurs vont accuser le coup de la hausse forte et rapide du yen. Leurs actions étaient en forte baisse lundi, entraînant tout le marché nippon. Si bien que les autorités japonaises menacent d'intervenir sur le marché des changes, autrement dit d'acheter des dollars pour soutenir artificiellement la monnaie américaine. Si les autorités chinoises ont fait preuve d'un petit extra de souplesse lundi, elles ne tolèreront pas non plus une forte appréciation du dollar, puisque la Chine ne vit que de ses exportations. Or les deux banques centrales asiatiques ont largement les moyens d'intervenir, même si elles détiennent déjà les plus grosses réserves de dollars du monde.

Du côté de la zone euro, la situation est plus compliquée. Contrairement à ce qui s'était passé en 2002-2003, la monnaie européenne n'est pas la principale victime de la baisse du dollar et souffre plutôt moins que le yen ou la livre sterling. Au niveau actuel, la baisse du dollar peut même être le moyen de réduire sa facture pétrolière et le prix des matières premières. En revanche, si le dollar devait continuer à baisser brutalement, les exportations seraient touchées. Or la relance de la zone, surtout en Allemagne, passe essentiellement par les exportations. 

Mais ce que craignent les marchés, c'est aussi que l'effet domino touche les Etats-Unis eux mêmes, moteur de la croissance mondiale. En devenant plus chers, les produits importés – que les Américains n'arrêteront pas forcément d'acheter puisqu'ils en ont besoin – risquent d'importer aussi de l'inflation, dans un contexte de prix déjà tendu par le pétrole et le marché du travail américain. La banque centrale américaine pourrait alors être obligée de relever ses taux plus qu'elle ne le voudrait, au risque de casser la croissance. Mais quel que soit le scénario, "dollar faible ou crise économique aux Etats-Unis, dans un cas comme dans l'autre, il n'est pas souhaitable de conserver des quantités considérables d'actifs en dollars" résume à sa manière J. Bradford Delong, professeur à l'Université de Berkeley. En attendant, les marchés vont continuer à tousser au gré des statistiques économiques. Car le mouvement semble bien parti pour durer.

Soures : 18 H COM

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LE DANGER DES USA

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