Les Etats-Unis ont soufflé sur les braises

Publié le par Adriana Evangelizt

Les États-Unis ont soufflé sur les braises

par Bruno Odent

La « guerre au terrorisme » de George W. Bush, instrumentalisant les attentats pour étendre la domination de l’empire, a rendu le monde moins sûr. Notre opération vérité dans ce dossier.

Il y a exactement cinq ans le monde découvrait en direct l’horreur inimaginable. Les deux tours jumelles du World Trade Center en flammes, frappées par des avions détournés. Deux autres appareils s’écrasaient, l’un sur le Pentagone, l’autre - vraisemblablement il devait tomber sur la Maison Blanche - dans un champ en Pennsylvanie. Les États-Unis étaient touchés en plein coeur par des attaques terroristes, d’une dimension sans précédent, sur les édifices qui symbolisaient leur puissance économique, politique et militaire.

Al Qaeda, la nébuleuse terroriste d’Oussama Ben Laden, revendique. L’homme parle dans une langue totalitaire absolutiste puisqu’il convoque Dieu, sous couvert de venger le monde musulman, pour envoyer ses hommes à la mort dans le seul but d’y emmener avec eux des centaines d’innocents. Au total près de 3 000 personnes - pour la plupart de simples salariés et employés de bureaux qui venaient de prendre leur service - sont les victimes de ces atrocités.

la théorie du « Nouveau siècle américain »

Il est clair que les États-Unis et le monde entier se devaient de trouver une réplique appropriée à un tel déchaînement. Il fallait cerner les causes profondes de l’irruption de cet inconcevable iatus obscurantiste et barbare en pleine figure du nouveau millénaire. Pour mieux condamner et éradiquer « le mal » - pour reprendre la terminologie bushienne - il fallait comprendre sur quelle fracture mondiale les théories mortifères des assassins avaient pu prospérer, saisir comment ce groupuscule avait pu ssur une base sociale minimale sans laquelle rien ne lui aurait été possible. Il fallait s’interroger sur ces inégalités qui s’accroissent comme jamais sur la planète. Il fallait convoquer une vraie solidarité planétaire pour traquer les coupables, y compris en envisageant des opérations précises et ponctuelles de police internationale. Il fallait s’interroger sur le sentiment de discrimination tout particulier que peut connaître le monde musulman alors que la « communauté internationale » semble paralysée dans la résolution de la question palestinienne, voire donne l’impression d’être de parti pris. Il fallait assécher les financements de terroristes qui ont pu d’autant mieux s’abreuver à la source de marchés financiers devenus omnipotents qu’ils étaient bien introduits au sein de la petite oligarchie capitaliste planétaire - on se souvient des révélations du cinéaste Michael Moore sur les liens entre les richissimes familles Bush et Ben Laden.

Toutes ces réflexions étaient omniprésentes - une rapide consultation des archives de l’époque permet de s’en persuader - dans les débats qui s’étaient instaurés de par le monde et aux États-Unis au lendemain du choc du 11 septembre 2001. L’équipe de George W. Bush n’a eu d’autre souci que de les court-circuiter pour imposer sa solution et elle seule : « la guerre au terrorisme ». Pour les néoconservateurs, cette réponse-là permettait de se saisir des attentats comme d’une formidable opportunité pour déployer leur théorie du « nouveau siècle américain » (NSA), une doctrine de domination sans partage de l’empire, pensée bien avant la date des attentats. Pour mieux régner sur le monde, l’hyperpuissance se gonfle de moyens militaires et s’autoproclame garante de mission de contrôle de toutes les affaires planétaires. À l’intérieur le président, commandant en chef des armées, se dote de pouvoirs exorbitants, jouant sur la peur pour placer ses propres citoyens sous contrôle en sapant au besoin les bases de la démocratie états-unienne.

Cinq ans et plusieurs interventions militaires après, le bilan de la guerre au terrorisme est sans appel : le monde est devenu plus dangereux, le terrorisme et l’islamisme se sont renforcés. Le nombre des victimes civiles innocentes de la fuite en avant belliciste, autrement dit du terrorisme d’État auquel s’est livrée l’équipe Bush, en Afghanistan puis en Irak, est plus de vingt fois supérieur à celui des attentats du 11 septembre 2001. Et le principal commanditaire du crime court toujours. L’opération vérité à laquelle nous nous sommes livrés dans ce dossier décrypte l’étendue des conséquences funestes, tous azimuts, de la stratégie du président des États-Unis pour la paix, la démocratie, la stabilité de la planète.

Des frappes sur l’iran, une aubaine pour les apprentis ben Laden

Les contradictions avec les objectifs affichés deviennent cependant aujourd’hui si patentes que George W. Bush apparaît sur la défensive. Son opinion publique donne des signes de lassitude et, jusqu’au sein de l’élite états-unienne, on s’inquiète. Car le docteur Mabuse de la Maison-Blanche ne semble pas avoir renoncé à une nouvelle fuite en avant quand il vitupère, comme mercredi dernier, contre « le régime tyrannique de Téhéran », qu’il a placé sur le même plan qu’Al Qaeda, comme il l’avait fait, en son temps, à propos du régime de Saddam, avant de justifier la guerre par le mensonge, l’information fabriquée de la détention d’armes de destruction massive par le régime... On imagine quel nouveau degré de monstruosité, quelle aubaine pour les apprentis Ben Laden constitueraient des frappes sur l’Iran, dans une région déjà à feu et à sang.

L’examen de ces cinq dernières années n’y résiste pas : cet homme, réputé le plus puissant du globe, est aussi aujourd’hui le plus dangereux, il faut donc l’arrêter. Il y va de l’intérêt des peuples de la planète comme de celui des États-Unis. Pour que l’humanité en revienne aux débats évoqués plus haut, qui l’ont si fortement traversée aux lendemains mêmes des attentats. Pour qu’elle élabore une autre réponse, solidaire et efficace, au crime impensable qui restera comme une date charnière du début de ce XXIe siècle.

Sources : L'HUMANITE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans GRAND MOYEN ORIENT

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