Bush sacrifie Rumsfeld et tend la main aux démocrates

Publié le par Adriana Evangelizt

On peut trouver curieux que George Bush se sépare sans rechigner de Rumsfeld mais il faut bien comprendre que depuis quelques temps le président était plus qu'à cran, pris en tenaille avec ses mauvais souffleurs et qu'il n'en pouvait plus. Il doit certainement accueillir cette nouvelle perspective comme un soulagement. Le gros problème est encore Cheney mais faisons confiance au destin...

 

George Bush sacrifie Donald Rumsfeld

et tend la main aux démocrates

par Corine Lesnes

Une nouvelle ère a commencé à Washington. Sans même attendre de savoir quel parti allait dominer le Sénat, le président George Bush a tiré les conséquences de sa défaite aux élections générales de mi-mandat. Au lendemain du scrutin, il a offert, mercredi 8 novembre, aux démocrates ce qu'ils réclamaient : la démission du ministre de la défense, Donald Rumsfeld.

Une semaine plus tôt, M. Bush avait exclu l'hypothèse d'un départ de M. Rumsfeld avant la fin du mandat présidentiel. Dans une conférence de presse, il a expliqué qu'il n'avait pas voulu que sa décision apparaisse comme une tentative d'influencer le résultat du scrutin. Le remplacement de M. Rumsfeld avait été prévu, a-t-il dit, avant même de connaître l'ampleur de la défaite du Parti républicain qui a perdu la majorité à la Chambre des représentants et peut-être au Sénat. Il était nécessaire d'apporter "une
nouvelle perspective" au Pentagone.

M. Bush a immédiatement nommé l'ancien directeur de la CIA, Bob Gates, pour succéder à M. Rumsfeld dès qu'il aura été agréé par le Sénat. M. Gates est l'une des dix personnalités qui font partie du groupe d'études sur l'Irak mis en place par le Congrès pour proposer des solutions de désengagement. Le changement a été interprété comme une perte d'influence du vice-président Dick Cheney qui, avec Donald Rumsfeld, faisaitpartie des "faucons", au profit de James Baker, l'ancien secrétaire d'Etat de George Bush père, et de l'école "réaliste" qui prône un dialogue avec l'Iran ou la Syrie.

Les démocrates ont été surpris par la rapidité de la décision de M. Bush mais ils n'ont pas boudé leur satisfaction. "Il est important que cela ne soit pas qu'un changement de personne mais aussi de politique", a cependant nuancé le représentant de New York Charles Rangel. Le sénateur démocrate Charles Schumer en a profité pour demander au président d'intervenir en Virginie, où le recompte se poursuit, empêchant l'attribution définitive de la majorité au Sénat. "Le président m'a appelé. Il veut travailler d'une manière bipartite. S'il demandait à George Allen (candidat républicain) de concéder sa défaite, ce serait une bonne façon de commencer." M. Allen a quelque 7 000 voix de retard sur le démocrate James Webb.

 
La nouvelle ère qui s'ouvre sera une ère de "civilité", ont promis les démocrates. Toute la journée, le président et ses adversaires d'hier ont fait assaut d'esprit de consensus. Le président, qui s'était levé à l'aube, a tout de suite appelé Nancy Pelosi, la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, pour l'inviter à déjeuner. "Il était tellement tôt que j'ai cru que le déjeuner était pour aujourd'hui", a-t-elle raconté. Avec une pointe d'ironie, elle a décrit comment M. Bush l'avait appelée "Madame la présidente élue". Elue de San Francisco, dans une circonscription qui a donné moins de 15 % au président en 2004, Mme Pelosi a démenti tout esprit de revanche. En dépit des rumeurs alimentées par la gauche démocrate, la procédure de destitution est "exclue", a-t-elle redit.


Dans sa conférence de presse, M. Bush a revendiqué la responsabilité de l'"écrasante" défaite des républicains. Il a immédiatement tendu la main aux démocrates et promis de rechercher un "terrain d'entente" avec eux pour les deux prochaines années. Il a cité les dossiers de l'éducation et de l'immigration.


Les journalistes se sont efforcés de s'adapter au "nouvel environnement politique". "Monsieur le président, a lancé l'un d'eux, Nancy Pelosi vous a qualifié d'incompétent, de menteur, et pas plus tard qu'hier, elle a dit que vous étiez dangereux. Comment peut-on coopérer ?" "Je fais de la politique depuis assez longtemps pour savoir quand finit une campagne et quand commence le gouvernement", a rétorqué M. Bush.


Le consensus affiché est-il sincère ? Le président a montré les limites de ses ouvertures. "L'élection a changé beaucoup de choses mais pas ma mission fondamentale qui est de protéger les Américains." M. Bush a répété qu'il n'était "pas question de retrait (d'Irak) avant que le travail ne soit fini". Pendant toute la campagne, il avait accusé les démocrates de vouloir "prendre la fuite" en Irak. Cette fois, il a au contraire jugé tout à fait raisonnable la position de la plupart d'entre eux. "Ils ont juste dit que nous avons besoin d'une nouvelle approche pour réussir. Nous pouvons trouver un terrain d'entente."


Le sénateur démocrate Harry Reid a écrit au président pour lui proposer de tenir un sommet sur la guerre. Pour Mme Pelosi, un début de "redéploiement" cette année reste un objectif potentiel. Les démocrates n'ont pas encore eu le temps de digérer ce que beaucoup ont vu comme une "défaite républicaine" plus qu'une victoire de l'opposition (personne n'a employé le terme de raz-de-marée alors que le Sénat devrait passer à l'opposition). Mais ils sont déjà au pied du mur. "C'est l'occasion pour eux de se prononcer", a souligné le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow.

 

Sources : Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans CHENEY-RUMSFELD

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