Saddam Hussein enterré dans son village natal

Publié le par Adriana Evangelizt

Il a été enterré dans un bâtiment qui n'est pas un cimetière où sont déjà enterrés ses deux fils. Un bâtiment pour "honorer les morts", apprend-on... il est fort à craindre que son corps disparaisse dans un temps plus ou moins lointain.

Saddam Hussein enterré dans son village natal

au lendemain de sa pendaison

Saddam Hussein, pendu samedi à l'aube à Bagdad pour l'exécution de 148 villageois mais accusé d'avoir provoqué des dizaines de milliers de morts, a été enterré dimanche matin dans son village natal d'Aouja, près de Tikrit.L'événement

"Saddam Hussein a été enterré dimanche à 04H00 (01H00 GMT), dans un bâtiment construit au cours de son règne, dans le centre d'Aouja. Les Américains voulaient l'enterrer le plus rapidement possible", a déclaré Moussa Faraj, un membre de sa famille qui a assisté aux funérailles.

L'ancien raïs n'a pas été enterré dans un cimetière, mais dans un bâtiment construit pour honorer les morts, selon lui.

Le corps de Saddam Hussein avait été remis dans la nuit de samedi à dimanche à une délégation comprenant le cheikh de la tribu des Albou Nasser, dont faisait partie l'ancien président irakien.

"Une délégation comprenant notamment le gouverneur de la province de Salaheddine, Hamed al-Chakti, et le chef de la tribu des Albou Nasser, Ali al-Nida, s'est rendue dans la nuit à Bagdad pour chercher le corps de Saddam", avait indiqué auparavant Moussa Faraj.

L'ancien raïs irakien est né à Aouja, dans la région de Tikrit, à 180 km au nord de Bagdad, bastion de la tribu des Albou Nasser. C'est aussi là que sont enterrés ses fils, Oudaï et Qoussaï, tués le 22 juillet 2003 par l'armée américaine à Mossoul (nord).

Saluée immédiatement par Washington, son exécution est loin d'avoir fait l'unanimité à l'étranger, notamment chez les opposants à la peine de mort.

"Saddam est monté calmement à la potence. Il était résolu et courageux", a raconté à la télévision nationale Iraqia le conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï.

C'est en effet l'image qu'a donné l'ancien président, dans une séquence d'une vingtaine de secondes diffusée par les télévisions du monde entier.

Ces images montrent Saddam Hussein, les mains attachées dans le dos, refusant une cagoule, poussé vers une potence par deux bourreaux masqués qui lui passent une corde autour du cou. Les images s'arrêtent et ne montrent pas la pendaison elle-même, qui a eu lieu juste avant 06H00 (03H00 GMT).

Ses dernières paroles, selon le juge Mounir Haddad, ont été : "J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde : ne faites pas confiance à la coalition iranienne (en référence à la coalition chiite au pouvoir en Irak). Ces gens sont dangereux".

Une télévision privée a ensuite diffusé de furtives images de son corps au cou brisé, dans un linceul blanc ensanglanté.

Les deux co-accusés de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et Awad al-Bandar, ancien président du tribunal révolutionnaire, dont la pendaison a été annoncée par erreur par la télévision irakienne, ne devraient être exécutés que dans quelques jours.

La nouvelle de la pendaison a été accueillie par des tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite au sud de Bagdad, mais dans une relative indifférence à Bagdad, où l'annonce de la mort de l'ex-dictateur n'a été saluée que par quelques tirs dans les quartiers majoritairement chiites.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki, se félicitant de l'"exécution du criminel Saddam", a lancé un appel à la réconciliation, à l'intention des partisans de l'ancien régime dont "les mains ne sont pas tâchées de sang".

Le parti Baas irakien, dissous, a appelé appelle samedi les Irakiens à "frapper sans merci" les occupants américains et l'Iran mais à ne pas plonger l'Irak dans une guerre civile.

L'exécution "ne mettra pas fin à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner (...) et être un allié dans la guerre contre le terrorisme", a de son côté déclaré le président américain George W. Bush dans un communiqué.

Les violences ont été particulièrement meurtrières samedi. Une série d'attentats a fait 77 morts à Bagdad et à Koufa, localité chiite au sud de la capitale. Les autorités n'ont pas été en mesure immédiatement de déterminer s'il s'agissait de représailles sunnites après l'exécution.

L'armée américaine a annoncé de son côté la mort de six soldats, portant à 107 le nombre de militaires américains morts en Irak au mois de décembre, le plus meurtrier pour l'armée américaine depuis novembre 2004.

L'ancien président "a payé", a estimé le gouvernement britannique, tout en réaffirmant son opposition à la peine de mort, alors que le ministère français des Affaires étrangères a "pris acte" de l'exécution et appelé les Irakiens à "travailler à la réconciliation et à l'unité nationale".

La présidence finlandaise de l'UE, qui a dit avoir toujours été contre la peine de mort, a estimé que l'exécution "pourrait aussi s'avérer porteuse de divisions pour l'avenir de l'Irak".

La pendaison de Saddam Hussein, intervenue le premier jour de la fête musulmane d'al-Adha, a causé "surprise et consternation", selon l'agence SPA, qui reflète le point de vue officiel du royaume saoudien.

La Jordanie, voisine de l'Irak, a exprimé l'espoir qu'elle n'aura pas d'incidences négatives sur le pays.

Les organisations de défense des droits de l'Homme ont regretté l'exécution. "Saddam Hussein était responsable de terribles et nombreuses violations des droits de l'homme, mais ces actes, aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition cruelle et inhumaine", a dit Human Rights Watch.

Pour Amnesty International, ça a été "une occasion manquée" pour obliger l'ancien dictateur à rendre compte de tous ses crimes.

L'exécution a également été perçue comme une "nouvelle tragique" au Vatican, opposé à la peine de mort, tout comme au Conseil de l'Europe qui estime que l'Irak a manqué une occasion "de rejoindre le monde civilisé".

Le ministère russe des Affaires étrangères a regretté que les appels internationaux à la clémence n'aient pas été écoutés, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a affirmé "respecter" le jugement, tout en rappelant que Berlin était opposé à la peine capitale.

A Gaza, la mort de Saddam Hussein a été qualifiée d'"assassinat politique" par le mouvement islamiste Hamas.

Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre cette exécution, en Inde, au Pakistan et au Bangladesh.

Saddam Hussein, 69 ans, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, a été condamné à mort le 5 novembre pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl. Son appel a été rejeté le 26 décembre. Sa mort met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde.

Sources AFP

Posté par Adriana Evangelizt

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