Le retour des escadrons de la mort

Publié le par Adriana Evangelizt

Le retour des escadrons de la mort

par Oussama Mahdi
Elaph



Le terrible bilan des attentats du 18 avril démontre l'échec du plan de sécurité de Bagdad annoncé en grande pompe au mois de février 2007. Et les Américains sont exaspérés par le manque d'autorité du Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, révèle Elaph.


A Bagdad, les explosions de bombes et de voitures piégées se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu. Hier, la pire journée qu'ait connue l'Irak depuis plus d'un an a fait plus de quatre cent cinquante blessés ou tués. Les habitants de la capitale disent que, depuis quelques jours déjà, ils observent un retour des escadrons de la mort et des miliciens. Ceux-ci avaient déserté les rues de la capitale depuis l'annonce du déploiement de 85 000 soldats américains et irakiens dans le cadre du plan de sécurité de Bagdad, en février dernier. Ce plan avait abouti à l'arrestation de plus de 5 000 personnes recherchées.


Mais, hier, quand les policiers et les forces de l'ordre se sont rendus sur les lieux des attentats, ils ont été accueillis dans certains quartiers par des jets de pierres, des insultes et des slogans hostiles au pouvoir et ont dû rebrousser chemin afin d'éviter que les choses ne dégénèrent. De même, le bilan de la journée se serait aggravé en raison d'hostilités qui auraient éclaté dans certains quartiers de la capitale à la suite des attentats. Ainsi, le quartier sunnite d'Al-Adhamiya serait depuis la nuit dernière le théâtre d'affrontements dont les échos résonnent au loin tandis que des hélicoptères américains survolent la zone.


Pendant ce temps, le Premier ministre, Nouri Al-Maliki, tente de limiter les risques d'aggravation des tensions. Il a ordonné l'arrestation du chef des forces de sécurité de certains quartiers chiites, accusé de ne pas avoir su empêcher les attentats. Les Américains menacent le gouvernement irakien en lui disant que le temps commence à être compté pour maîtriser la situation sécuritaire et politique. Selon le chef du Commandement central américain pour le Moyen-Orient, l'amiral William J. Fallon, le plan de sécurité de Bagdad constitue peut-être la dernière occasion pour les dirigeants irakiens d'établir l'autorité effective de l'Etat. Ils doivent savoir la saisir et prendre aussi rapidement les décisions qui s'imposent dans d'autres domaines, a-t-il estimé, en parlant notamment de la nécessité de réformes législatives et constitutionnelles, et de la loi sur l'exploitation du pétrole. De même, il a fait remarquer que, quatre années après l'invasion américaine, l'Irak n'a toujours pas réussi à avoir un gouvernement représentatif de l'ensemble de la population et capable d'agir effectivement sur le terrain.


Un autre indice du retour des escadrons de la mort et des pratiques de purification confessionnelle réside dans le fait que les forces de l'ordre ont trouvé vingt-cinq cadavres dans les rues de différents quartiers de la capitale, portant des traces de torture. De même, dans un centre médico-légal, un ordinateur portable aurait été volé avec plus de mille cinq cents photos de cadavres non identifiés trouvés dans les rues. Ces photos servent habituellement à faciliter l'identification des cadavres par plus d'une centaine de personnes qui se présentent chaque jour au centre à la recherche de proches. Selon les sources contactées dans les milieux médico-légaux, ce vol constitue une catastrophe et risque d'aggraver la crise sécuritaire et d'alimenter la haine confessionnelle.

Sources Courrier International

Posté par Adriana Evangelizt

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