La colère monte à Bagdad

Publié le par Adriana Evangelizt

La colère monte à Bagdad

 


Les critiques se sont multipliées mercredi à Bagdad, jusqu'au plus au sommet de l'Etat, contre la politique américaine de construction de murs pour protéger des quartiers de la capitale irakienne contre les violences confessionnelles. Quelque 300 personnes ont manifesté à Sadr city, le grand quartier chiite populaire de Bagdad, à l'appel du leader radical Moqtada al-Sadr, pour protester contre l'érection de telles barrières.

"Non, non au mur, non à la séparation confessionnelle, non à l'occupant", ont scandé les manifestants au milieu d'un important dispositif de sécurité de la police irakienne et des miliciens sadristes de l'armée du Mahdi. "Le gouvernement irakien a échoué à accomplir quoi ce soit. C'est l'occupant qui gère le pays", a estimé dans la foule Mohammed Abdul-Basit, 22 ans.

Cette manifestation intervient deux jours après un autre rassemblement qui a réuni plusieurs centaines d'habitants sunnites à Adhamiyah pour dénoncer le mur de la "ségrégation" construit dans leur quartier par les militaires américains. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a réaffirmé depuis le Koweït que cela devait "s'arrêter" et que "d'autres mesures" devaient être prises pour "protéger les gens vivant à Adhamiyah". "Nous suivrons le problème à notre retour à Bagdad", a-t-il dit avant de s'envoler pour Oman.

Le président irakien Jalal Talabani a lui aussi fait part de son opposition: "Je ne suis pas favorable à la construction de telles barrières. Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Il doit être possible d'établir des barrières moins imposantes", a-t-il déclaré dans un communiqué. De son côté, le chef du groupe parlementaire de Moqtada Sadr, Nassar al-Roubaïe, a affirmé à l'AFP que son mouvement ne rejetait "pas seulement le mur à Adhamiyah mais partout en Irak".

"Nous pensons que c'est un premier pas pour construire quelque chose comme le Mur de Berlin, en vue de briser les frères du peuple irakien après que les forces d'occupation ont échoué à nous diviser psychologiquement", a affirmé ce représentant du mouvement vigoureusement opposé à l'occupation américaine.

Les protestations ont commencé la semaine dernière lorsque les militaires américains ont révélé la construction d'un mur de 5 km de long à Adhamiyah, l'une des dernières enclaves sunnites dans l'est chiite de Bagdad. Depuis le début de la polémique, le commandement américain réaffirme que les murs et barrières dans Bagdad n'ont pas pour objectif de faire de la "ségrégation" entre sunnites et chiites mais de prévenir les attaques à motivation confessionnelles.

A Adhamiyah, "les sunnites dans la partie intérieure du mur peuvent être rassurés en sachant que les mesures de sécurité supplémentaires vont empêcher des gangs de chiites extrémistes de venir dans le quartier", soulignent les militaires américains. "Mais les communautés chiites de l'autre côté du mur vont aussi en bénéficier. Quand le mur sera en place, les terroristes sunnites ne pourront plus utiliser le quartier comme un lieu de rassemblement pour des attaques contre les chiites", expliquent-ils.

Et tandis que la polémique continuait d'enfler six policiers irakiens ont été tués au cours de deux attentats au nord de Bagdad. Par ailleurs, la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Unami) a reproché mercredi au gouvernement irakien de bloquer l'accès aux chiffres sur les victimes de la guerre au premier trimestre, un rapport sur lequel le Premier ministre a émis des "réserves d'importance".

Sources
La Libre

Posté par Adriana Evangelizt

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