Trois stars américaines élues dans un fauteuil

Publié le par Adriana Evangelizt

Trois stars américaines élues dans un fauteuil

 

par Alain Campiotti

Hillary Clinton, Arnold Schwarzenegger et Eliot Spitzer, nouveau gouverneur de New York, n'avaient pas de vrais concurrents.

Vous ne connaîtrez pas John Spencer, Phil Angelides et John Faso. Avant même la fermeture des bureaux de vote, et avant même qu'ils n'aient ouvert leurs portes, ces trois hommes étaient condamnés à l'oubli. Dans cette élection où les Américains avaient à choisir leurs représentants et 33 sénateurs au Congrès, ainsi que 36 gouverneurs, ils ont fait le pari téméraire de défier Hillary Rodham Clinton, qui ne pense pas qu'au Sénat, Arnold Schwarzenegger, Governator miraculé de Californie, et Eliot Spitzer, le justicier de Wall Street qui sera dès janvier le gouverneur de l'Etat de New York et l'un des hommes les plus influents dans le Parti démocrate. Phil et les deux John passent à la trappe. Leurs vainqueurs sont hors du commun.

• L'héritière

Quand elle menait campagne en 2000 dans le nord de l'Etat de New York pour entrer au Sénat, Hillary Clinton avait promis devant un auditoire de Rochester d'amener 200000 emplois dans cette région économiquement dévastée.

Six ans plus tard, il y en a 35000 de moins. Rochester, pourtant, n'en veut pas au «junior senator»: elle a essayé. Au Congrès, l'ex-première dame s'est imposée comme une bosseuse qui connaît et pioche les dossiers, labourant sans relâche l'immense Etat qu'elle représente à Washington.

Depuis sa première élection, Hillary Clinton a gagné en popularité. Pas par charisme: cette femme en a peu. Son sourire, sa manière semblent acquis par une minutieuse fabrication. Et elle a compris, à bonne école, ce qu'est réellement la «troisième force»: c'est la capacité, pour un démocrate qui a des ambitions nationales aux Etats-Unis, de faire des compromis avec le conservatisme en les calculant au plus juste. Elle en a fait sur l'avortement, en s'adressant avec compréhension à ceux qui le refusent. Elle a cosigné une proposition sur la santé avec Newt Gingrich qui était, speaker de la Chambre, l'adversaire le plus implacable de son mari. Elle s'est intéressée de près aux questions militaires, ce qui lui donne l'apparente autorité de critiquer la conduite de la guerre en Irak après avoir approuvé son déclenchement.

Pendant la campagne électorale, Hillary Clinton a constamment refusé d'envisager une candidature à la Maison-Blanche dans deux ans. Elle attendait le 7 novembre. Maintenant, favorite de son camp, elle est libre.

• Le miraculé

Il y a un an, Arnold Schwarzenegger était politiquement mort. Les Californiens, qui l'avaient élu après la destitution du gouverneur démocrate Gray Davis, semblaient prêts à le renvoyer à ses studios. Quatre référendums qu'il avait imposés pour tenir ses promesses de campagne et réformer le fonctionnement trop coûteux de l'immense Etat s'étaient brisés sur l'opposition des syndicats. Le Terminator était humilié, hué dans ses apparitions publiques.

Le come-back d'Arnold est assez extravagant. L'acteur a fait ce qu'il sait faire. Il est entré dans le rôle de ses adversaires. Républicain, il est devenu l'ami des démocrates. Soutien de Bush, il ne l'a plus cité, prenant le contre-pied de sa politique. Sur l'environnement, sur l'école, sur le budget, il a passé des compromis dont la gauche ne revient pas. Parmi les 13 référendums soumis mardi aux Californiens, il y a un énorme emprunt public de 37 milliards de dollars pour financer les infrastructures. Les conservateurs crient au fou. Mais ça marche. L'Austro-Américain sera encore gouverneur dans quatre ans.

• Le justicier

Les banquiers et le Wall Street Journal ont longtemps traité Eliot Spitzer de casseur. Ce fils de promoteur immobilier new-yorkais est en fait un vrai réformateur. Il a su, plus que les élus de Washington alors qu'il était l'Attorney General local (procureur), tirer la leçon du désastre Enron & Co.

Utilisant des lois presque oubliées, il a entrepris de demander des comptes aux directions d'entreprises au nom de la défense du consommateur: en l'occurrence les acheteurs de titres, et d'abord les petits investisseurs.

S'ils sont mal informés, trompés sur la marchandise, n'est-ce pas un crime? Spitzer a posé cette question aux banquiers, aux gérants de fonds, aux assureurs. Sous la menace de plaintes, il a obligé chacune de ces branches à verser des dédommagements énormes aux porteurs grugés, et il les a contraintes à se réformer. La meilleure séparation des fonctions d'analyste et de conseiller en investissement, dans les banques, vient de ses interventions. L'action populaire du procureur l'a propulsé sur la scène politique nationale.

Sources : LE TEMPS

Possté par Adriana Evangelizt

Publié dans Elections

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