Ankara s’autorise à entrer en Irak

Publié le par Adriana Evangelizt

Ankara s’autorise à entrer en Irak

 


Les parlementaires turcs ont voté le texte permettant à l’armée de faire des incursions en Irak pour attaquer les rebelles kurdes du PKK. En visite à Paris, le président Talabani déplore. Bush est, lui aussi, contre une intervention de ce genre.

En visite dans la capitale turque, Tarek al-Hachémi, le vice-président irakien, pense avoir convaincu Ankara d'opter pour une solution diplomatique concernant les tensions entre son pays et la Turquie à propos des rebelles kurdes. Mais le Parlement turque a, malgré tout, autorisé le gouvernement irakien à mener des incursions militaires en Irak.

L'Irak a demandé du temps à la Turquie pour régler la question des bases du PKK implantées dans le nord du pays mais le Parlement turc, largement acquis au gouvernement de Tayyp Erdogan, a adopté sans surprise la motion qui autorise l'armée turque à mener des opérations militaires en Irak contre la rébellion kurde, pendant un an.

Le Kurdistan irakien échappe au contrôle de Bagdad depuis la chute de Saddam Hussein et le gouvernement régional kurde irakien, chargé de la sécurité dans la zone, a bien tenté de gardé ses distances avec le PKK, mais Ankara l'accuse aujourd'hui de fournir armes et explosifs à 3 500 combattants kurdes en lutte contre la Turquie.

La Turquie qui a passé, il y a dix ans, un accord avec un des chefs traditionnels du Kurdistan irakien, a déjà quatre bases militaires en Irak. Plusieurs centaines de soldats turcs sont prêts à intervenir à tout moment. Ils ont l'appui de l'opinion publique turque qui est largement en faveur de l'option militaire. Finalement, seules les autorités se veulent rassurantes en affirmant que l'adoption de ce texte, aujourd’hui par le Parlement turc, ne signifie pas une incursion immédiate.

La base d'Incirlik et les Américains

Cette décision du Parlement turc risque de dégrader les relations  entre Ankara et Washington, déjà mises à mal par un éventuel vote du Congrès américain sur le « génocide » turc contre les Arméniens. Mercredi encore, le président Bush a enjoint la Turquie de ne pas s’engager dans une intervention militaire au Kurdistan irakien. Ce désaccord entre Turcs et Américains pourrait se traduire par des restrictions sur l'emploi de la base aérienne  d'Incirlik,  plaque tournante de l'US Air Force dans la région.

La base d'Incirlik, construite dans les années 50, accueille les forces américaines depuis un demi-siècle. Elle n'avait pu être utilisée durant l'invasion de l'Irak, en 2003, sur décision d'Ankara.

Mais un décret d'avril 2005, signé du président turc, autorise  les Etats-Unis à utiliser la base à des fins logistiques, comme un « hub » militaire régional.

De l'aveu même du secrétaire américain à la Défense Robert Gates, 70 % du fret militaire destiné aux troupes américaines en Irak et en Afghanistan, de même qu'un tiers du carburant, et la quasi-totalité des nouveaux engins blindés transitent par la Turquie, notamment à bord des « Globemaster » de l'US Air Force : un système qui a permis de s'affranchir des bases Otan en Europe de l'Ouest, et fait gagner du temps et de l'argent.

Mais selon le général Michael Moseley, chef d'état-major de l'aviation, une éventuelle rupture ou réduction des facilités sur la base d'Incirlik « gênerait, certes, les militaires américains, mais n'entraverait pas les opérations en Irak de façon dramatique » - il le disait  en février dernier, alors qu'on évoquait déjà des mesures de rétorsion turques, en cas de vote du Congrès sur le « génocide » des Arméniens.  

Sources RFI

Posté par Adriana Evangelizt


Publié dans TURQUIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article