Pourquoi la condamnation de Saddam n'aide pas Bush

Publié le par Adriana Evangelizt

Pourquoi la condamnation de Saddam n'aide pas Bush

par Michel C. Auger



Il y a deux ans à peine, l'annonce de la condamnation à mort de Saddam Hussein à deux jours de l'élection aurait été suffisante pour donner aux républicains une victoire facile et éclatante. Mais, deux jours avant les élections de 2006, elle constitue une nouvelle dont les républicains auraient pu se passer.

Il y a peu de temps encore, le président Bush aurait pris les grands moyens pour saluer cette grande victoire pour la démocratie irakienne et pour les forces armées américaines qui la soutiennent. Hier, il s'est plutôt contenté d'une déclaration de deux minutes et 20 secondes à l'aéroport de Waco, au Texas, avant de prendre Air Force One pour une visite au Nebraska et au Kansas - deux des États les plus républicains au pays.

Il y avait même hier des stratèges républicains, cités par les réseaux américains sous le couvert de l'anonymat, pour dire que l'annonce de la condamnation à mort de Saddam Hussein était une mauvaise nouvelle pour leur parti: «Cela rappelle la guerre en Irak à tout le monde. C'est la dernière chose dont nous avons besoin à deux jours de l'élection.»

La campagne électorale de 2006 passera à la petite histoire comme celle où les républicains ont cessé d'avoir le monopole sur les questions de sécurité nationale et ont commencé à attaquer leurs adversaires avec agressivité, dans des publicités négatives qui étaient autrefois la spécialité des démocrates.

Les campagnes électorales depuis le 11 septembre 2001 ont toutes eu pour thème la sécurité nationale. Il suffisait presque aux républicains de montrer le drapeau américain et des images des troupes qui menaient la guerre contre le terrorisme en Afghanistan ou en Irak pour s'assurer la victoire.

Cette fois, montrer des images des troupes, c'est rappeler une guerre en Irak qui tourne au fiasco. C'est un avantage pour les démocrates.

À Washington, on se trouve entre des États où se déroulent deux des courses les plus serrées pour le Sénat, le Maryland et la Virginie, qui ont aussi la distinction d'avoir les publicités les plus négatives de cette campagne.

En ces dernières heures de la campagne, dans un pays où il n'y a pas de limites de dépenses pour les campagnes au Sénat, pratiquement tout le temps d'antenne a été acheté par les candidats ou les partis politiques. Cela inclut les heures de plus grande écoute, y compris le match de football Washington-Dallas d'hier après-midi - qui allait certainement être l'émission la plus regardée de la fin de semaine dans toute la région.

En cette fin de campagne, on n'a plus de temps pour ces publicités qui vantent les mérites d'un candidat; on passe tout de suite à l'attaque.

En Virginie, le démocrate James Webb - un vire-capot, qui avait été secrétaire à la Marine sous Ronald Reagan - ne devait avoir aucune chance contre le républicain George Allen, que certains voyaient déjà candidat à la présidence dans deux ans.

Aujourd'hui, les deux candidats sont à égalité, et une publicité négative n'attend pas l'autre. Webb accuse son adversaire d'avoir voté 96 % du temps avec le président Bush, y compris pour arrêter la recherche sur les cellules souches et pour la guerre en Irak. Webb a répliqué en citant des extraits de deux romans qu'a écrits son adversaire et qui contiendraient des scènes quelque peu osées. «Un homme pour l'an 06. 1806», conclut la publicité.

Au Maryland, dans une désormais célèbre publicité du candidat démocrate Ben Cardin, le comédien Michael J. Fox, victime de la maladie de Parkinson, explique que le républicain Michael Steele est contre la recherche sur les cellules souches comme le président Bush, qui croit que cela est trop proche d'un avortement. Réplique de Steele: une publicité mettant en vedette sa propre soeur, médecin et atteinte de sclérose en plaques, qui affirme: «Je sais que mon frère est de mon côté.»

Aucune discussion des questions de fond n'est nécessaire, il suffit de montrer à gros traits les mauvais côtés de l'adversaire. Mais, pour les démocrates, cela fait toute la différence. Autrefois, il suffisait de mentionner la guerre contre le terrorisme pour donner un avantage aux républicains, tant il était admis qu'ils étaient considérés comme les plus capables d'assurer la sécurité.

Mais, à partir du moment où les sondages ont montré qu'une majorité d'Américains ne croient plus que la guerre en Irak est liée à la lutte contre le terrorisme, les démocrates ont commencé à contre-attaquer et à croire en leurs chances de gagner.

C'est ce qui fait que même la condamnation de Saddam Hussein pour crimes contre l'humanité en toute fin de campagne ne réussit pas à redonner de l'élan aux républicains. Quant on voit que les républicains n'essaient même pas de l'exploiter, on constate combien la guerre en Irak risque de leur coûter cher, demain.

Sources :
Cyberpresse

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Elections

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article